Sollicitation à domicile : Toujours être vigilant

Les faux représentants ou vendeurs mal intentionnés sillonnent les rues de plusieurs municipalités dans la Vallée-du-Richelieu. Comment discerner les interlocuteurs de bonne foi?

Ouvrir sa porte à un inconnu réserve inévitablement son lot de surprises. Récemment, un couple de Vaudreuil-Dorion s’est fait dérober 8 000 $ après avoir fait confiance à un faux facteur. Une arnaque dont Real, habitant de Richelieu, se préserve. « C’est rare que je sois sollicité, explique-t-il. Mais il est vrai que je suis rarement chez moi en journée. Si cela m’arrive, je vérifie bien l’identité de la personne en face de moi avant d’aller plus loin. »

« En cas de fraude, il est important de signaler sans attendre. » – Charles Tanguay

La Chamblyenne Katrina, elle, regarde à deux fois avant d’accorder sa confiance. « Je suis très méfiante. Je regarde si la personne possède une carte ou un badge. En aucun cas, je ne donne d’information personnelle. » Dans le même quartier, Caroline avoue avoir déjà cédé. « Je me suis déjà fait certainement avoir. J’ai tendance à dire oui quand ce sont des adolescents qui viennent vendre du chocolat. Après, je ne sais pas si c’est pour la bonne cause. »

Danièle, de son côté, confie avoir vécu une situation plutôt étrange. « Le vendeur demandait un don pour l’organisme Sans frontières. Ce n’était pas Médecins sans frontières. D’ailleurs, je ne sais même pas ce que c’était. J’ai su dire non. Lorsqu’un inconnu se présente à ma porte, j’allume d’abord mes lumières et une caméra filme. »

Les arnaques à domicile ne sont pas un fait nouveau. Même si certains faits divers ont défrayé la chronique récemment, Charles Tanguay, porte-parole de l’Office de protection du consommateur, estime que le nombre de sollicitations n’a pas vécu une forte augmentation actuellement. « C’est vrai qu’il peut y avoir des hauts et des bas. Les individus peuvent aussi s’organiser selon les régions. »

Dès les réseaux sociaux

Mais le territoire de chasse peut s’agrandir. Les fraudeurs s’acclimatent très bien aux réseaux sociaux, selon Charles Tanguay. « Si l’acheteur ne sollicite pas le commerçant dans son magasin, c’est de la vente itinérante. Sur Internet, cela commence par un post où on vous propose des réductions ou bien un service gratuit pour mieux vous vendre quelque chose derrière. Cela nécessite un permis de l’Office de protection du consommateur (OPC) ou bien un permis municipal en plus d’une caution versée à l’OPC en fonction du volume de ventes. L’entreprise est aussi tenue de faire signer un contrat annulable dans les dix jours. »

Ces contraintes ne sont pas toujours respectées selon le membre de l’OPC. « Les personnes âgées sont bien souvent vulnérables, regrette-t-il. Les vendeurs sont souvent intimidants et mettent la pression pour faire signer le contrat. » Charles Tanguay a noté un scénario qui revient régulièrement. « Les pires arnaques concernent l’isolation et le système de chauffage. Les escrocs se présentent à la porte avant de proposer de monter sur le toit pour inspecter les combles. Ensuite, ils présentent des photos de moisissure qui avaient été prises ailleurs pour justifier un travail de décontamination à effectuer d’urgence, afin que le particulier soit gêné de vouloir annuler le contrat dans les dix jours, même s’il garde ce droit. »

Prendre le temps

L’écologie est aussi un enjeu dont se servent les fraudeurs pour sensibiliser le grand public avec des panneaux solaires. « On vous fait miroiter des économies d’énergie ou même que vous pourriez revendre de l’électricité à HydroQuébec!, se lamente le porte-parole. La supercherie peut aller loin puisque des complices peuvent vous téléphoner en se faisant passer pour des organisation gouvernementales. Dans la foulée, ils peuvent vous vendre une thermopompe en triplant le prix voire plus. Ces mêmes personnes liquident ensuite leur entreprise pour disparaître dans la nature et reviennent parfois au même endroit sous un autre nom pour proposer un service d’entretien. »

Pour éviter ces désagréments, Charles Tanguay propose plusieurs réflexes à adopter. « Ne jamais signer sur un coup de tête. Il faut demander un délai de réflexion en demandant les coordonnées de l’entreprise. Si le vendeur est réticent, c’est un signe supplémentaire que c’est une arnaque. Aussi, il suffit simplement de choisir les entreprises avec lesquelles vous souhaitez coopérer plutôt que ce soit elles qui vous choisissent. Quand on est surpris à la porte par un vendeur, on peut perdre certains mécanismes de défense. En cas de fraude, il est important de signaler sans attendre. »

D’ailleurs, la Régie de police Saint-Laurent Richelieu Saint-Laurent assure suivre ces dossiers de près. « Nous conseillons de ne jamais réagir de façon impulsive en cas de sollicitation à domicile. Il ne faut jamais donner d’argent et rester vigilant. En cas de doutes sur un vendeur, il ne faut pas hésiter à nous appeler, des agents viendront vérifier. »

La Régie intermunicipale de police Richelieu Saint-Laurent est joignable au 450 536-3333 ou 911.