Saint-Mathias-sur-Richelieu : une sécheresse « catastrophique » pour les agriculteurs
Alors qu’ils se réjouissaient d’un début de saison précoce et favorable aux récoltes, les agriculteurs Rémi Daignault et Christine Aubin de la Ferme Daignault à Saint-Mathias-sur-Richelieu font maintenant face aux conséquences désastreuses de la sécheresse des dernières semaines, générant d’importants retards et pertes.
Dame Nature s’était pourtant montrée généreuse en mai, mais la coquine a décidé de jouer un bien mauvais tour au couple de producteurs laitiers, au mois de juin, en les accablant d’une sécheresse pire que celle de l’été passé, se montrant impitoyable pour leur récolte de foin, dont l’industrie laitière est la principale consommatrice. « Ce n’est pas généralisé à l’échelle de la province. Ce sont vraiment les agriculteurs de la Vallée-du-Richelieu qui en sont affectés. », d’expliquer Christine. « La saison avait pourtant bien commencé, et là, c’est catastrophique. »
Au Québec, on parle de 30 à 40 % de précipitations de moins qu’à l’habitude à cette période de l’année. « Il tombe quelques gouttes, mais il n’y a jamais eu assez de pluie pour nos semences. Un météorologue a expliqué qu’il fallait 15 jours d’averses consécutifs pour ramener le niveau d’eau à ce qu’il faudrait. », d’ajouter la productrice laitière.
« Ici, ça fait trois ans que ça ne va pas bien! » – Christine Aubin
Entre le 1er mai et le 17 juin, le couple rapporte n’avoir eu que 26,5 mm de pluie. « Une fin de semaine où il a plu, tout le monde était content pour nous, mais on n’avait reçu que 15 mm d’eau, ce n’est rien. Une journée, nous avons eu 11 mm, tandis que dans la municipalité d’Ange-Gardien, ils ont eu 35 mm. Et dans le Bas-Saint-Laurent, on a plutôt battu des records de quantité de foin parce qu’il y a fait chaud, tout en y pleuvant. Ici, ça fait trois ans que ça ne va pas bien! On a dû acheter pour 15 000 $ de foin l’an dernier parce qu’il nous en manquait, alors que l’on avait la réputation d’en vendre », de souligner Christine. Son conjoint, Rémi, précise que « L’impact est vraiment ciblé à Saint-Mathias. Ce sont vraiment les terres argileuses, soit toutes celles sur le bord de la rivière Richelieu, qui ont le plus écopé de cette sécheresse. Les champs plus sablonneux ont, quant à eux, germé plus facilement. »
Un mois de retard
Normalement, la ferme fait une coupe de foin tous les 30 jours. « On a fait la première coupe à la mi-juin, et on devrait en temps normal le refaucher le 1er juillet, mais on aura un mois de retard. », indiquent Christine et Rémi, dont les champs de foin sont remplis de profondes crevasses d’un pouce de large dues à la sécheresse. « Non seulement les crevasses empêchent la plante de pousser et de survivre, mais elles rendent aussi les déplacements de la machinerie plus difficiles. »
Les plants les plus affectés sont ceux du maïs et du soya, que les agriculteurs avaient semés dans des conditions parfaites, mais dont les graines n’ont pu germer à temps. « Certains plants ont pu absorber l’humidité du sol et avoir entre six et huit feuilles, tandis que d’autres commencent à peine à émerger du sol. Avec les récentes averses, ça commence à germer, mais ça fait des champs disparates puisque certains plans sont immatures. C’est un peu le même principe que pour le gazon, lorsqu’on ne le tond pas pendant plusieurs semaines et qu’il stagne à la même hauteur, mais que les mauvaises herbes, elles, poussent. »
Il sera possible pour Rémi et Christine de récolter du soya un peu plus tard, mais le maïs ne sera pas prêt. « Quant au blé, qui était bien parti, il a tellement manqué d’eau que sa tige n’est pas assez longue, et il en est au stade de faire ses grains. Mais sans eau, les grains risquent d’être vides. Lorsqu’on n’a pas de grains, on se résigne à faire du foin avec son blé. Nous, on attend et on espère. La pluie est arrivée juste à temps, mais l’avenir nous dira si ce sera suffisant. », d’observer l’agricultrice.
Le couple prévoit essuyer des pertes d’au moins 20 % du rendement dans le maïs et le soya. « Pour certains champs, on parlera de 50 % de perte. », déplore Christine.