Saint-Mathias : plainte contre les services de transports d’exo
La municipalité de Saint-Mathias-sur-Richelieu a officialisé une plainte concernant les services de transport en commun d’exo. Le maire, Sylvain Casavant, est prêt à aller plus loin s’il le faut.
Mark Boisjoli attendait patiemment son tour à la période de questions du conseil municipal de Saint-Mathias-sur-Richelieu la semaine dernière. Et pour cause, ce résident est un usager du transport en commun, duquel il réclame une amélioration.
« Récemment, je me suis disputé avec une personne qui m’a doublé dans la file pour prendre la dernière place! » – Mark Boisjoli
Le jeune homme utilise la ligne 108, itinéraire longeant le chemin des Patriotes à partir de la rue Plaza, pour rejoindre le stationnement incitatif de Chambly afin d’aller travailler deux fois par semaine, le reste étant en télétravail. Or, Mark Boisjoli fait face à des situations particulières au moment de monter dans le taxibus tôt, vers 7 h. « L’atmosphère est anxiogène à l’arrêt de bus, témoigne-t-il. Les taxibus sont en fait juste des taxis avec quatre places disponibles si l’on est bien tassés. Pour peu que deux ou trois personnes soient déjà dans le véhicule lorsqu’il arrive à notre hauteur, on doit décider qui va monter dedans si nous sommes plusieurs personnes à attendre. Récemment, je me suis disputé avec une personne qui m’a doublé dans la file pour prendre la dernière place! C’est une situation complètement absurde! »
Cinq passages le matin
L’enjeu est de taille pour le jeune homme qui travaille à Montréal. « Je prends celui de 7 h, reprend-il. Le suivant est à 8 h! Il n’y a que cinq horaires le matin pour aller à Chambly. Cela représente vingt personnes par jour. C’est vraiment rageant lorsqu’on ne peut pas le prendre. Je dois désormais ajuster mon horaire au taxibus. Heureusement que mon employeur est arrangeant. »
Le service de taxibus est gratuit puisque les usagers prennent leur billet par la suite au stationnement incitatif de Chambly. « Cela fait une différence certaine avec un taxi classique, qui demande entre 25 et 30 $ pour le même trajet, précise Mark Boisjoli. J’aimerais vraiment un changement de mentalité concernant la vision des transports en commun qui, en ce moment, doivent être impérativement rentables. Il faudrait accepter des pertes et engranger des recettes ailleurs. »
Selon le budget présenté pour l’année 2025, la Ville de Saint-Mathias paiera 152 319 $ pour les services de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) hors Réseau express métropolitain (REM). « On paie beaucoup trop cher pour le service que nous obtenons, confie le maire, Sylvain Casavant. Par conséquent, on essaie de développer davantage le service AXEL pour appuyer le manque à gagner. Le problème, c’est que l’ARTM nous empêche d’aller à Chambly, mais pas à Marieville pour des raisons de conflit de territoire. C’est complètement absurde. »
Le maire mathiassois confirme que le cas de Mark Boisjoli n’est pas isolé. « À la suite de plusieurs plaintes de citoyens concernant les services d’exo et surtout la ligne 108, les élus ont voté une résolution demandant à l’ARTM de revoir sa planification et son organisation du transport en commun à Saint-Mathias, et à exo de revoir son offre de transport efficace dans le but d’accueillir davantage d’usagers sur un même trajet. Grâce à cette résolution, l’ARTM ne peut pas ignorer notre réclamation et doit y répondre. »
Concernant l’ARTM, Sylvain Casavant se prépare à une réponse loin de ses attentes. « Le problème, c’est que nous sommes un peu négligés, étant situés derrière Chambly, poursuit-il. Notre voix porterait plus si nous étions plus nombreux. On pourrait se joindre à Richelieu et aller voir la MRC de Roussillon pour mettre davantage de pression et en faire un enjeu régional. Mais pour le moment, entre l’accusé de réception de notre plainte, les études, l’analyse et la réponse de l’ARTM, beaucoup de temps se sera écoulé. »
Argent suffisant
De son côté, le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTQ), par le biais de son porte-parole, Louis-André Bertrand, estime que le projet de transport métropolitain bénéficie désormais des finances permettant d’offrir un service de qualité. « Le Ministère demeure attentif concernant la participation financière des municipalités aux services en transport en commun et a offert de nouveaux outils de financement aux municipalités par la possibilité d’utiliser la taxe sur l’immatriculation, ce que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a utilisé. Le Ministère a aussi conclu des ententes avec le milieu municipal afin de permettre un retour à l’équilibre financier des organismes de transport pour 2028. »
L’ARTM, elle, assure qu’un suivi sera fait. « La plainte sera acheminée à la présidence de notre conseil d’administration, par notre secrétariat général, afin que notre équipe de relations avec les partenaires fasse le suivi avec l’opérateur. »