Saint-Césaire : pas d’objection pour un projet d’éoliennes

Richard Brodeur souhaite accueillir une ou deux éoliennes sur ses terres. Une initiative en majorité acceptée par le voisinage et la Ville de Saint-Césaire.

Le soleil se lève sur Saint-Césaire et ses champs de blé. « Chaque matin, je peux contempler la vue entre les monts Rougemont et Saint-Paul. J’ai toujours vécu ici. C’est la terre de mon grand-père et de mon père. Certainement celle aussi de mes enfants, dont trois d’entre eux devraient la reprendre. » Richard Brodeur savoure sa qualité de vie autour de son exploitation sur le rang Saint-Ours.

« C’est bien plus intéressant que les lignes de transport exposées à la vue de tous. » – Richard Brodeur

L’agriculteur s’intéresse à ce type d’énergie et a proposé à une compagnie d’éoliennes de recevoir une tour, voire davantage, sur les plus de 48 hectares que compte sa propriété. « Il faut être réaliste. Nous allons manquer d’électricité dans les années à venir. Par conséquent, il faut agir et je préfère voir sur mon terrain une éolienne que des lignes de transport. »

Prêt à accueillir

De son côté, l’Union des producteurs agricoles de Montérégie reste sur ses positions. « Nous ne sommes pas en faveur des projets éoliens sur les terres agricoles, mais nous n’empêcherons pas des agriculteurs de le réaliser s’ils le souhaitent. »

L’exploitant explique son choix en énumérant les avantages de l’éolienne. « Elles sont situées loin des habitations avec un écart de 1,5 km de distance avec des lignes enfouies sous terre. C’est bien plus intéressant que les lignes de transport exposées à la vue de tous. Enfin, le seul bruit que fait une éolienne est celui, semblable à un grincement de porte, lorsque les palmes suivent la direction d’un vent changeant. Si loin de chez moi, je ne l’entendrais pas. Je connais une personne farouchement contre les éoliennes mais qui ne s’oppose pas aux lignes de transport situées à cent mètres de sa maison. »

Richard Brodeur sait déjà où il installerait l’éolienne si sa demande était acceptée. « Ce sera au bout de ces champs. On ne touchera pas à la forêt et il n’y a personne aux alentours. De plus, le chemin pour y accéder existe déjà. C’est l’un des critères exigés pour l’installation d’une éolienne. On veut abîmer le minimum de terres agricoles. »

Selon Richard Brodeur, le jeu en vaut la chandelle pour diverses raisons. « D’abord, on aura besoin de cette électricité. Aussi, l’installation prévue pour les éoliennes représente 0,2 % de mes terres. Enfin, des soutiens financiers existent pour dédommager les exploitants. À l’heure des difficultés pour la relève agricole, je serais heureux que mes enfants reçoivent de l’aide financière au moment de la reprise de mes terres. Recevoir de l’argent sans investissement est devenu rare. Il ne faut pas oublier que la Municipalité bénéficiera aussi de revenus. »

La mairie en étude

Dans le voisinage, l’initiative semble être acceptée. « J’aurais peur pour l’évaluation de ma maison et pour le paysage si les éoliennes étaient proches des maisons, estime Bertrand Bourdeur, qui vit aussi sur le rang Saint-Ours. Mais à un kilomètre dans les champs, comme le fait Richard Brodeur, je n’ai aucun problème avec ça. » Un voisin, souhaitant garder l’anonymat, émet une réserve. « Si l’éolienne est construite au fond des champs, les fils enfouis pour raccorder au réseau électrique devront passer par mon terrain. Et si je n’ai rien à y gagner, ce sera juste un inconvénient pour moi. »

Du côté de la Ville de Saint-Césaire, l’éolien fait l’objet d’un débat actuellement. « On part du principe que l’on accepte des projets tels que celui de M. Brodeur, souligne Isabelle François, directrice du Service de l’administration. Nous sommes aussi en train de revoir la réglementation à ce sujet. »