Rougemont : une relève agricole inventive pour survivre

Marjolaine et Philippe Beauregard ont lancé leur entreprise agricole à Rougemont. Fille et fils d’agriculteurs, ils ont remporté la bourse de la relève agricole de la MRC de Rouville. Cet argent permettra de réaliser leur nouveau projet.

Marjolaine et Philippe Beauregard ne manquent pas d’idées. Après avoir lancé le potager Mont-Rouge à Rougemont, en 2016, ils ont requalifié leur projet d’érablière situé à quelques centaines de mètres de là. « Le restaurant ne pouvait pas se faire, alors nous devions trouver une solution, explique Marjolaine Beauregard. Il fallait faire quelque chose, car nous recevions une trentaine d’appels par jour pour manger dans notre cabane à sucre! On a donc décidé de déménager nos équipements de transformation de l’érable, que nous réalisons depuis 2008, pour les montrer au public. »

« J’ai l’habitude de dire que l’agriculture d’hier a créé les entrepreneurs d’aujourd’hui. » – Marjolaine Beauregard

Séduite par l’idée, la MRC de Rouville a ainsi donné la bourse de la relève agricole de 15 000 $ aux deux jeunes agriculteurs pour qu’ils réalisent leur projet. « Les gens vivent ainsi une expérience immersive, sourit la jeune femme. C’est assez rare dans la région de pouvoir assister à cela. Concernant notre secret de fabrication, il est bien gardé puisque notre spécialité réside dans la température de la transformation et le savoir-faire de l’artisan sucrier. On prévoit ouvrir en 2026. Le défi, désormais, est de transférer tout notre matériel, qui était chez nos parents, à notre érablière. C’est comme passer d’un douze pièces à un un et demie! »

Une mentalité

Les parents, eux-mêmes agriculteurs, ne sont jamais bien loin. D’ailleurs, ce sont eux qui ont donné cette force de caractère aux deux jeunes pour surmonter les obstacles dans l’agriculture. « Ce n’est pas un choix, c’est un mode de vie, poursuit Marjolaine Beauregard. Cela va avec la personnalité. On vit avec la météo. Si l’on n’a pas d’eau, il faut trouver une solution. On a vécu plusieurs difficultés liées à la relève agricole. Lorsque nous avons lancé notre érablière, en 2020, quatre ans auparavant, c’était un défi sur le plan des investissements. C’était aussi la pire saison de l’érable! Il faut être très fort pour poursuivre et trouver des idées novatrices. »

Ainsi, les jeunes de la relève agricole voient leur entreprise grandir au fil des années. « J’ai l’habitude de dire que l’agriculture d’hier a créé les entrepreneurs d’aujourd’hui. Cela est valable dans tous les domaines, puisque cela donne le sens des responsabilités, la gestion et la vision des projets. En agriculture, il faut vivre avec les moyens du bord. De notre côté, au lieu de reprendre l’affaire de nos parents, nous avons créé notre entreprise. »

Une équipe

Désormais, le frère et la sœur possèdent le potager Mont-Rouge et l’érablière. « Nos parents poursuivent dans la ferme où nous avons grandi, sourit Marjolaine Beauregard. Ils s’occupent des volumes des récoltes, tandis que nous concentrons nos activités sur l’autocueillette. Si l’on avait présenté ce plan par écrit, personne n’aurait cru cela réalisable. On a réussi, car il y avait une équipe autour de nous. On est passés à travers la COVID et beaucoup d’apprentissage en ces bientôt neuf ans d’activité. »

L’agricultrice est sensible aux difficultés reliées à la relève agricole au Québec et plus précisément en Montérégie. « Quand on a une relève agricole, il faut la motiver, car les horaires peuvent être contraignants et les défis, importants. Et finalement, son rôle est de mettre en valeur la tradition. »