Rougemont : une culture riche d’une histoire
D’origine cambodgienne, Malis Bernier a repris les serres de son cousin à Rougemont. Depuis près de 30 ans, il cultive le liseron d’eau, dont raffolent les restaurants asiatiques de l’île de Montréal.
Parmi les vignobles, les domaines de cidre et autres cultures de la pomme à Rougemont figurent Serres Hang. L’écriture en langue khmère détonne parmi les autres panneaux d’entreprises de la ville, dont certaines familles propriétaires sont établies depuis plus d’un siècle. « Quand je repense à mon parcours, c’est assez drôle de me voir ici. » Sourire aux lèvres, Malis Bernier, bientôt âgé de 60 ans et propriétaire de l’entreprise, est heureux de travailler dans ses serres le long du rang de la Petite Caroline à Rougemont. « J’ai étudié en électricité au Québec et je ne pensais pas devenir cultivateur. Malgré tout, les compétences que j’ai étudiées dans ce domaine me servent au quotidien. »
L’histoire québécoise du Cambodgien d’origine a commencé alors qu’il n’était qu’adolescent. « J’ai quitté mon pays pour la ville de Québec, avec mes trois frères et sœurs âgés de 8 à 14 ans. J’avais 13 ans. C’est un curé qui nous a accueillis et on a grandi dans un presbytère. Nous avons beaucoup étudié le français et ce n’était pas facile. »
La vie du jeune homme a pris une autre tournure quand le reste de sa famille a décidé de migrer au Canada. « Ils sont tous allés vers Montréal pour avoir plus de chances de trouver du travail. En 1993, mon cousin, Bunthann Hang, a commencé à cultiver des serres à Châteauguay et je l’ai rejoint. Trois ans plus tard, des serres étaient à vendre à Rougemont. Mon cousin a décidé de saisir l’occasion et il a ainsi créé Serres Hang. Je l’ai suivi, ainsi qu’une dizaine de membres de la famille, pour les développer. Mais au fil du temps, tous sont partis sauf moi. »
Bien vivre à Rougemont
À Rougemont, Malis Bernier ne cultive pas la pomme comme le veut la tradition, mais le liseron d’eau. « C’est un légume très prisé dans la cuisine asiatique, explique-t-il. Cambodgiens, Chinois et Vietnamiens l’adorent! De plus, il est très facile à cultiver. Aujourd’hui, ma surface de production s’étend sur 100 000 pieds carrés. Mes clients sont bien souvent des restaurants asiatiques sur Montréal. »
Après près de 30 ans dans l’agriculture à Rougemont, Malis Bernier songe à l’avenir. « Il me reste encore quelques années, quand même, avant de prendre ma retraite, sourit-il. Mon fils pourrait reprendre l’affaire, mais en ce moment, il est dans les finances. On verra bien ce qu’il voudra faire. »
En attendant, l’ancien électricien apprécie évoluer dans ce coin de Montérégie. « Je suis très heureux ici. Rougemont est une ville tranquille avec de superbes paysages. »