Richelieu : prendre le bon train en destination de l’amour
Si le Richelois Yvon Malo n’avait pas embarqué dans le bon wagon, au bon moment, à l’été 1953, il n’aurait pas souligné, en mai dernier, ses soixante-dix ans de mariage avec la femme de sa vie, Noëlla Pelletier.
Yvon Malo n’avait pas encore 20 ans à l’été de 1953 quand il a pris le train. Il se rendait alors en Gaspésie afin de rencontrer une potentielle prétendante.
Sans le savoir, Noëlla Pelletier avait d’autres plans pour lui et a bouleversé son destin. Elle prenait le train de Montréal et revenait chez elle, à Rivière-du-Loup. « J’ai vu une belle fille avec une queue de cheval. Je suis allé m’asseoir avec et ça a commencé comme ça », raconte M. Malo, qui dit avoir ressenti une connexion « presque instantanée ». Mme Pelletier soutient qu’elle avait placé sa valise à côté d’elle pour ne pas que « n’importe qui » vienne s’y installer. M. Malo a su lui donner envie de lui céder l’espace.
Se trouver sans réseaux sociaux
Malgré la rencontre fortuite, cela n’a pas empêché Yvon Malo d’aller au bout de sa démarche et de rencontrer la candidate gaspésienne. « Je n’ai pas aimé ma fin de semaine », convient-il, habité mentalement par la femme du train. « Il m’a choisie moi à la place d’elle », déclare Noëlla Pelletier, d’un sourire glorieux. Un prétendant la courtisait également à Rivière-du-Loup. M. Malo a joué les bonnes cartes pour remporter la main.
Les réseaux sociaux ne permettaient pas, à l’époque, de retracer un individu qui nous plaisait et d’entrer en contact avec lui. Par chance, prévoyant, Yvon Malo avait pris soin de demander à Mme Pelletier son adresse. De retour chez lui à l’Ange-Gardien, il a correspondu avec elle. Après plusieurs communications, la femme s’est ensuite établie à Montréal. En 1955, il se sont mariés et ont eu deux enfants. Maintenant âgé de 90 ans, M. Malo contemple son épouse, qui en a 93. Je la trouve très belle encore », exprime-t-il en posant les yeux sur celle qui travaillait dans le milieu de la couture.
Secret de la longévité amoureuse
Le couple a souligné ses soixante-dix années d’amour à l’église de Richelieu. « Le secret, c’est qu’il ne faut pas se chicaner trop souvent. Je suis très doux de nature et Noëlla aussi. On rit souvent tous les deux ensemble », remarque M. Malo. Les témoignages d’affection perdurent. « Je l’appelle » mon minou ». Je l’appelle » mon pitou », affirment-ils malicieusement à tour de rôle.
L’ancien garde du pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul convient qu’il y a eu des jours « plus pluvieux », mais jamais ils n’ont songé à se séparer. « Dans ces soixante-dix ans, elle m’a déjà dit » J’aurais dû laisser ma valise sur le banc » », dit-il en riant.
Génération qui ne se sépare pas
Yvon Malo est issu d’une famille de dix enfants. Tous mariés, ils ne se sont jamais séparés. « On est d’une génération où les gens ne se séparaient pas, mais ce n’est pas la raison pour laquelle on est restés ensemble », confirme toutefois le mari.
Daniel Malo, fils de presque 68 ans du couple, écoute ses parents parler. « Je les trouve bons. Ce sont des exemples à suivre pour moi », indique-t-il. L’exemple, il l’a effectivement suivi. Cela fait 45 ans qu’il est en union.
Toujours autonomes
Autonome, le couple vit à la Résidence Les Jardins, à Richelieu. Les deux font encore leurs courses et entretiennent l’espace dans lequel ils vivent. Si « On prend toujours un train pour la vie », comme l’a considéré l’animateur Josélito Michaud, il n’y a pas à dire, Yvon Malo a su prendre le bon, dans un synchronisme bien à point.