Richelieu : le temps des sucres chez les Meunier
La saison des sucres est ouverte et les acériculteurs du Québec se mettent à l’ouvrage pour faire couler le sirop d’érable sur les tables des traditionnelles cabanes à sucre. Rencontre avec l’une d’entre elles, considérée comme une institution à Richelieu.
Selon l’Union des producteurs agricoles (UPA), la Vallée-du-Richelieu compte 55 entreprises acéricoles qui procèdent à 156 304 entailles d’érables, pour une production de 722 124 livres de sirop d’érable pour une valeur de 2,3 millions de dollars. En tout, sur le territoire que couvre le journal, 18 entreprises vivraient du sirop d’érable.
Nous avons décidé d’aller à la rencontre de l’érablière Meunier et fils, à Richelieu, pour savoir comment s’amorçait ce début de saison des sucres.
« Nous avons ouvert le 22 février et la saison de la cabane à sucre se terminera le 21 avril », nous indiquent Valérie Lajoie et Philippe Meunier, le couple propriétaire de 39 ans que nous avons rencontré à l’heure du midi, un jour de semaine, alors que des élèves de l’école secondaire André-Laurendeau de Saint-Hubert et le CPE Tour à Tour de Montréal occupaient les lieux le temps d’une sortie.
À l’extérieur, un espace pour un foyer avec le nom de la famille Meunier forgé dans le métal, des modules de jeux, une fermette, un camion pour la traditionnelle balade en forêt… Bref, tout y est pour se retrouver dans l’ambiance des sucres, y compris les espaces au milieu de la campagne richeloise.
À l’intérieur, c’est une salle à manger de 500 places qui peut accueillir les convives. Vous y trouverez même une salle de danse avec boule à facettes et animateur.
Si vous imaginez une cabane à sucre, vous pensez sûrement à celle de la famille Meunier, qui grandit de génération en génération.
De père en fils
La première érablière familiale est établie en 1920 par Roger Meunier, agriculteur. Il lègue son amour du métier à son fils Raymond qui, à son tour, transmet à son fils Philippe les techniques de l’acériculture et de la restauration.
Aujourd’hui, les entailles des 4000 érables de la propriété font couler la sève d’érable pour alimenter les plats préparés à la cabane, aussi bien pour les pichets de sirop d’érable qui trônent sur chacune des tables de la cabane à sucre que pour les plats plus raffinés proposés tout au long de l’année. Quant à savoir si le sirop coulera à flots cette année, comme l’an dernier, M. Meunier préfère rester prudent. « C’est trop tôt pour le dire. C’est le premier redoux que nous avons (au moment du passage du journal), mais il y a une bonne couche de neige au sol. »
La cabane à sucre
À peine ouverte, la cabane à sucre affiche déjà presque complet. Les 500 places par service se remplissent vitesse grand V et le téléphone de Valérie Lajoie ne dérougit pas. « J’aime avoir cette relation avec nos clients dès le premier contact qu’ils ont avec nous. Nous avons aussi beaucoup de réservations faites sur notre site et que je reçois par courriels. Les clients peuvent nous joindre facilement. »
Toujours dans un esprit de proximité et pour répondre au plus vite aux questions de ses employés en service, Valérie a aménagé un petit espace de bureau, dans un coin de la salle à manger, pour prendre les réservations qui ne cessent d’arriver. En face d’elle, gravé sur une petite pancarte accrochée au mur, on peut lire le slogan de l’entreprise « C’tu pas beau la vie ». « C’est comme ça, chez les Meunier, on aime être proche des gens », nous explique-t-elle.
C’est la saison forte pour l’érablière, qui est ouverte tout au long de l’année pour l’organisation de célébrations festives. Jusqu’en avril, ce sont près de 120 employés qui travailleront à la cabane à sucre. En comparaison, en dehors de la période des sucres, ils sont une quinzaine. « La cabane à sucre est vraiment ancrée dans la tradition québécoise. Les familles reviennent année après année. Certains ont déjà réservé pour Pâques afin d’être sûrs d’avoir leur place. Nous sommes très reconnaissants de cet amour que nous porte notre clientèle année après année, même si nous ne tenons jamais rien pour acquis », de conclure Philippe Meunier, qui se rappelle l’épreuve qu’ils ont dû traverser pendant la pandémie, alors que leur salle de réception était fermée.
En chiffres
En Montérégie, on comptait l’an dernier pas moins de 888 entreprises acéricoles ayant du contingent pour une somme de quatre millions d’entailles.
Avec une production, en 2024, de 18,8 millions de livres de sirop d’érable d’une valeur de plus de 62 millions de dollars, on peut affirmer que les entreprises de la région font rouler l’or blond à la grandeur du territoire.
Qui plus est, près de 30 % des érablières de la région sont certifiées biologiques.
Depuis l’émission de nouveaux contingents au cours des cinq dernières années, ce sont plus de 300 nouvelles entreprises acéricoles qui ont vu le jour uniquement en Montérégie.
L’activité économique liée au sirop d’érable est manifeste, si bien que de nombreuses entreprises agricoles font de l’acériculture leur principale production.