Restauration des maisons patrimoniales : un savoir-faire rare
Antoine Pelletier restaure les maisons patrimoniales sur Chambly. L’ébéniste insiste sur les exigences de son métier afin de respecter les constructions d’origine.
Antoine Pelletier représente la quatrième génération de sa famille à s’occuper de la restauration des maisons anciennes au Québec. À ses côtés, son fils Alix assure la relève. « Pour restaurer une construction, il faut d’abord une bonne compréhension de la structure. Il faut comprendre quel geste a été apposé et pourquoi il a été effectué. »
Particularité chamblyenne
L’ébéniste intervient en Montérégie et plus précisément à Chambly, là où les maisons patrimoniales sont un enjeu. « La société de Chambly était composée de plusieurs commerçants riches. C’était une petite bourgeoisie. L’architecture a donc été d’influence américaine en raison du commerce maritime avec les États-Unis, et du Second empire. C’est une structure plus carrée avec moins de décorations et une ornementation plus lourde. On s’éloigne vraiment de l’art victorien. »
Les spécificités prises en compte, il faut désormais savoir répéter le travail des ancêtres. Pas une mince affaire, selon Antoine Pelletier. « Lors des premières industrialisations, vers 1850-1900, les contreplaqués ont fait leur apparition. On a commencé à avoir des plans plus facilement. Auparavant, la transmission du savoir-faire était purement orale. Il existe plus de 150 modèles de moulures différentes. Pour comprendre la matière, il faut entre quatre et cinq ans d’expérience en atelier! »
Une difficulté supplémentaire pour établir l’exacte réplique d’une construction à son origine est le défi du temps. « C’est même une particularité du Québec, ajoute le spécialiste. On adopte facilement la nouveauté. On a pris beaucoup de courants et on les a exposés en rotation sur des styles architecturaux. Ainsi, il faut comprendre d’où vient une maison pour comprendre ses modifications. »
L’entreprise d’ébénisterie rencontre souvent des propriétaires de maisons patrimoniales. Antoine Pelletier a établi un constat. « La majorité d’entre eux ont des surprises au moment de réaliser la présentation des restaurations. Ils redécouvrent leur propriété. Il existe aussi une différence entre le besoin et la réalisation ainsi que le délai nécessaire et les coûts. Nous devons aussi nous adapter, car l’électricité et les toilettes ne figuraient pas à l’origine dans ces maisons. Les besoins évoluent aussi. »