Avoir le réflexe d’intégrer l’approche genre

Quelque 80 personnes, dont plusieurs élus issus des MRC de la région, ont assisté le 16 janvier dernier à Otterburn Park au colloque Projet Genre et territoire. La rencontre, instaurée par le Centre des femmes l’Essentielle, avait pour objectif de mettre à jour le dossier de l’égalité entre les hommes et les femmes et surtout d’intégrer l’outil d’analyse différenciée selon les sexes (ADS).
Linda Basque travaille comme chargée de projet à l’Essentielle. « Le colloque fait partie d’un projet Genre et territoire qui dure depuis trois ans à l’Esentielle, lequel projet s’adresse aux municipalités de la Vallée-du-Richelieu, dont certaines sont des partenaires. »
Intégrer de façon systématique
Celles-ci ont accepté d’expérimenter l’outil ADS. « Oui, il y a une égalité des droits, mais on est encore loin de l’égalité des faits », tranche Linda Basque. Intégrer la notion femme dans les décisions et dans les projets s’opère de façon ponctuelle. « Ce n’est pas quelque chose, enchaîne-t-elle, qui se fait de façon transversale. »
La chargée de projet donne l’exemple des vestiaires du futur parc aquatique de Beloeil. Traditionnellement, il y a des vestiaires pour femmes, pour hommes et pour famille. « Ce qui pose problème : les personnes peuvent être isolées; certains vestiaires vont être achalandés au point où il n’y a plus de place. » Or, avec l’accompagnement de l’Essentielle, précise Linda Basque, l’ADS permet d’arriver avec la solution d’un « vestiaire universel ou une aire de transit où il y aura des cabines individuelles, ce qui amène de la sécurité et de l’intimité ». Un modèle qui existe en Europe et dans certaines provinces du Canada, ajoute l’intéressée.

« Oui, il y a une égalité des droits, mais on est encore loin de l’égalité des faits. » – Linda Basque

En plus des municipalités de la Vallée-du-Richelieu, des élus représentants d’autres MRC, des villes de l’agglomération de Longueuil, soit Saint-Lambert et Longueuil, ainsi que des députés et autres partenaires, ont pris des engagements. Linda Basque souhaite que l’outil ADS puisse être appliqué « à tous les niveaux : dans les programmes, les services, et à l’interne en ressources humaines ». Elle a évoqué aussi la réticence des municipalités quant à la confection d’un « budget genré ». Il faut s’assurer toutefois, recommande Linda Basque, que le financement suit la politique de l’égalité homme-femme.
Préparer le terrain
Saint-Basile a rejoint dernièrement les quatre municipalités partenaires de l’Essentielle qui veulent mettre en pratique l’outil ADS. Présente lors de ce colloque, Line Marie Laurin est conseillère de la ville et porteuse de ce dossier avec Marie-Josée Marchand, coordonnatrice aux loisirs : « J’étais vraiment épatée lors de cette rencontre alors que Saint-Basile complétait la rédaction de la Politique familale 2e génération. » Elle confie avoir rapidement pris la décision avec la coordonnatrice « d’y ajouter cet outil d’information. On est allé chercher les données et statistiques genrées qui nous ont permis de comprendre à qui devait s’adresser la Politique familiale. » Suivra un plan d’action qui va « mettre la table » en vue de l’application dudit outil.
Bientôt la parité à Sainte-Julie?
Elles sont cinq conseillères, dont Nicole Marchand, et quatre conseillers. L’élue précise que la parité sur le plan de l’effectif des cadres pourrait être atteinte si l’on considère que 14 femmes font face à 17 hommes en ce moment. Chez les cols blancs, c’est largement dépassé avec 54 employées contre 6. Six travaillent aussi comme des cols bleus, ce qui est considéré comme des métiers non traditionnels pour les femmes. Une avancée qui fait dire à Nicole Marchand que l’outil est en quelque sorte déjà en branle. L’initiative de l’Essentielle a été présentée aux membres du conseil, toutefois.
Assurer un suivi
Linda Basque souligne qu’un compte rendu du colloque, entre autres « les pistes concrètes » présentées par les cinq panélistes lors de cette réunion, sera disponible d’ici fin février. Elle se montre satisfaire de l’évaluation qui a été faite par les participants. « Mon seul bémol, personnellement, est la faible représentation des hommes à ce colloque. On ne peut pas parler de l’égalité homme-femme sans travailler ensemble. »
Question :
Êtes-vous ouverts à l’idée d’inclure l’approche genre dans tout ce qu’entreprend une municipalité?