Redécoupage scolaire : Un scénario encore flou

Mercredi dernier, à l’école Madeleine-Brousseau, le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) est venu présenter ses différents plans concernant la répartition scolaire du secteur Carignan/Chambly. Le public présent est loin d’avoir adhéré au discours visant à transférer les élèves de Chambly dans la nouvelle école de Carignan lors de la rentrée 2024.

Inquiètes, fâchées, tristes ou encore désespérées. Cinq cents personnes, dont trois cents en présentiel au gymnase de l’école Madeleine-Brousseau, se sont donné rendez-vous mercredi soir pour assister à la consultation publique présentée par le CSSP. Salle comble. L’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit de discuter de la future répartition scolaire qui sera mise en place à la rentrée 2024 avec l’ajout d’une neuvième école dans le secteur, à Carignan plus précisément, qu’il faudra remplir.

» L’idéal, selon moi, est le statu quo à Chambly! » – Jacques Thériault

Conscient de l’état émotionnel de l’assistance, le CSSP a pris le temps d’expliquer sa démarche. « Le constat est clair depuis quelques années, assure Annie De Noury, directrice générale adjointe de la structure. Il existe une surpopulation dans les écoles de Carignan-Salières et Madeleine-Brousseau. Nous savons que les gens sont préoccupés et que tout le monde veut le meilleur pour son enfant. Mais le statu quo n’est pas possible et nous devons trouver les meilleures solutions. D’autant que nous devons donner l’accès aux élèves de quatre ans qui devront fréquenter l’école de leur secteur. »

Les parents d’élèves et autres professionnels des écoles présents ont écouté religieusement les trois scénarios présentés par le CSSP. Le premier amène les résidents des rues les plus éloignées de l’école Madeleine-Brousseau à fréquenter l’école de Carignan. Le deuxième pousse les résidents des rues les plus proches de l’école de Carignan à entrer dans celle-ci. Le troisième donne la priorité aux élèves du préscolaire à fréquenter leur école du secteur.

La parole aux parents

Répartis en tables de discussion, les membres du public ont échangé leurs opinions pendant près d’une heure pour amener des idées supplémentaires aux projets du CSSP. « Rien n’est encore définitif, assure Ondine Gazzé, directrice du Service de l’organisation scolaire. Nous sommes prêts à écouter les suggestions afin de présenter un plan le plus idéal possible en tant que nombre d’élèves déplacés, de pérennité, d’équilibre d’occupation dans les écoles, de priorité aux élèves marcheurs ainsi qu’à la limitation du morcellement du territoire. »

Alors que la réunion se déroulait dans le calme, une réaction a fait monter la tension. Jacques Thériault, surveillant à l’école Madeleine-Brousseau, a pris le micro pour lancer sa préférence. « L’idéal, selon moi, est le statu quo à Chambly! Une école de quartier est un milieu de vie. Ce n’est pas seulement quatre murs! Elle respire, aussi! Épargnez à mes poussins de prendre le bus! Et cela n’a pas de sens de forcer des cinquième année à changer d’école alors qu’ils partiront dans une autre école l’année suivante. » La foule s’est levée comme un seul homme pour applaudir.

La porte était désormais ouverte et la totalité des orateurs du public ont profité de leur temps de parole pour approuver le statu quo à Chambly. Dès lors, les parents d’élèves ont proposé des solutions avec un but ultime : éviter d’envoyer les enfants de Chambly vers Carignan. « Amener nos enfants vers Carignan, c’est utiliser la route 112, l’autoroute 10 ou encore la rue De Salaberry, qui sont déjà surutilisées lors des heures de pointe », assure l’un d’eux. D’autres lui emboîtent le pas. « Pourquoi ne pas mettre le préscolaire dans la nouvelle école de Carignan pour laisser les autres enfants terminer leur scolarité dans leurs écoles? » Autre idée. « On pourrait envoyer une partie des élèves de Carignan-Salières vers la nouvelle école et prendre le modulaire scolaire de Carignan-Salières pour l’intégrer à Madeleine-Brousseau afin d’accueillir tout le monde. »

Réponse en novembre

Luc Lapointe, directeur général du CSSP, a pris la parole pour clore les débats sur une note d’espoir. « Nous avons bien entendu votre préférence pour le statu quo, mais vous avez aussi suggéré d’autres éléments auxquels, il est vrai, nous n’avions pas pensé. Les mesures transitoires seront conservées… » Jacques Thériault a coupé : « Cela veut dire que vous n’allez pas prendre en compte le statu quo à Chambly? » Une remarque qui a amené le public à se lever et à quitter la salle, déçu et en colère.

« Le mot de la fin montre que le CSSP ne semble pas tenir compte du statu quo, regrette Alexandre Simard, dont un des enfants fréquente l’école Sainte-Marie. Il manque trop de chiffres et de détails pour que l’on puisse bien analyser les scénarios. On a vraiment l’impression que le CSSP a manqué de transparence. »

Le Centre de services scolaire des Patriotes adoptera un plan le 28 novembre et l’annoncera en décembre avant de commencer sa mise en place durant l’hiver.