Réal Béland était de passage à Richelieu avec son spectacle « Faire semblant »
En spectacle à Richelieu hier, à la salle Amédée-Ostiguy, Réal Béland a présenté son quatrième spectacle solo intitulé Faire semblant. Le Journal de Chambly s’est entretenu avec l’homme aux multiples talents.
L’artiste concède d’emblée en riant que nous faisons partie d’une société dans laquelle on fait semblant, plus que jamais. « Pour moi, c’est la maladie du siècle, faire semblant : les réseaux sociaux, les politiciens, tout le monde fait semblant et ça n’a pas l’air à déranger personne », avoue-t-il, mettant cartes sur table.
Le sujet de la simulation en est un si vaste qu’au départ, Réal Béland ne devait en faire qu’un numéro. Le numéro est devenu le sujet intégral du spectacle. « Il y a tellement de choses à dire là-dessus », renchérit-il.
Réal Béland ne se défile pas. Dans cette collectivité, il admet aussi faire semblant. « Dans mon métier, on fait toujours semblant. On refait le même show tous les soirs : on fait semblant d’être surpris par les gags que l’on dit; on fait semblant que c’est la première fois qu’on les dit. C’est notre métier de faire passer la magie », relate professionnellement l’homme. Il ajoute aussi faire semblant, parfois dans la vie, « pour être poli. On ne peut pas tout dire ce que l’on pense ».
C’est la « version unplugged » de son spectacle qu’il a présentée à Richelieu, en ce sens qu’il offre une formule intime, dans de plus petites salles. « C’est vraiment agréable à faire. Ça donne une autre saveur au show », contextualise-t-il.
Depuis le début de cette tournée, qui tire à sa fin, c’est sa fille, Charlotte, qui assure la première partie de ses spectacles.
Réseaux sociaux
Alors que pour certains humoristes, les réseaux sociaux sont leur pain et leur beurre, ce n’est pas le cas de Réal Béland. « Les réseaux sociaux, moi, ça ne me rejoint pas. Je ne peux pas développer sur les réseaux sociaux. C’est trop instantané pour moi. J’aime prendre mon temps, j’aime fignoler. Les réseaux sociaux, c’est trop garoché pour moi. Il y en a qui sont meilleurs que moi : c’est pas mon domaine », détaille Réal Béland. Il identifie la scène comme étant d’abord et avant tout sa place de prédilection.
Faisant un lien avec le thème de son spectacle, il ajoute que « sur les réseaux sociaux, les gens disent tout ce qu’ils pensent : les gens sont vrais quand ils sont anonymes ».
Monsieur Latreille
Au fil du temps, Réal Béland a développé plusieurs personnages auxquels le public s’est attaché. Le King des ados, la madame du Sexe est dans l’enveloppe ou le gars qui dit « avertissement » avant ses phrases font partie de ses personnages réputés. De sa panoplie, Monsieur Latreille est possiblement le plus populaire. Il en a même fait un disque. « J’adore encore le faire. C’est un plaisir coupable que de le faire. On n’écrit jamais de texte pour lui. Ça part toujours d’une impro », nuance-t-il.
Les semaines sont rares sans que le public qui le rencontre par hasard ne lui demande un bon vieux Henri Latreille improvisé. « Des fois, les gens sont en train de gazer leur char et me demandent d’appeler leur oncle ou quelqu’un en Monsieur Latreille. Il fait plaisir, ce personnage », dit-il.
Réal Béland annonce qu’un spécial télé sortira en janvier en lien avec Monsieur Latreille. Il commencera dans la salle en faisant son personnage pour ensuite vivre une transformation physique complète en personne âgée. « Et je m’en vais terminer le coup de téléphone chez les gens », boucle-t-il.
Stéphane Lefebvre
Stéphane Lefebvre est le comparse de toujours de Réal Béland. Les collaborations entre les deux compagnons de route ne se calculent plus. C’est avec lui, une fois de plus, que Réal Béland a écrit Faire semblant. « C’est un grand, grand grand chum : c’est un frère », résume l’humoriste. Le duo s’est connu en faisant de l’improvisation en troisième secondaire. Les deux ont ensuite étudié en théâtre ensemble au collège Lionel-Groulx. « On est des inséparables », ne déroge pas Réal Béland.
30 ans de créativité
Après 30 ans de carrière, Réal Béland se dit « plus relax qu’avant ». Il aborde désormais une soirée de spectacle comme s’il allait pratiquer un sport. « Pas de pression. Que ça se passe bien ou que ça ne se passe pas bien, on tourne la page le lendemain et on recommence. Je n’ai plus peur que ça aille mal », situe-t-il avec sagesse.
Le culot de l’artiste éclaté lui a valu une carrière et un succès notables. Depuis ses débuts en duo et ses premiers pas à la radio, Réal Béland a enchaîné les projets artistiques, maniant l’humour absurde en spectacle, se prêtant aux rôles d’animateur, de comédien, de scripteur et de (co)réalisateur à la télé, ainsi que dans plusieurs films et téléfilms, ou en empruntant des voix (parfois méconnaissables) pour de nombreuses publicités. Une feuille de route bien remplie également par l’interprétation, la composition et la (co)réalisation d’albums, de DVD et de bandes sonores, en plus de collaborations avec des collègues humoristes du côté de la mise en scène. Un terrain de jeu illimité pour un artiste qui multiplie les idées en proposant un point de vue décalé.