Quand les poules auront des stéthoscopes

À Saint-Césaire, une résidante spécialisée dans la matière emploie poules, chien, rats ou lapins pour apporter une option par la zoothérapie aux soins de personnes en difficultés.
Cindy Guertin est une « intervenante en zoothérapie », tient-elle à indiquer précisément. « J’estime que pour gagner le titre de thérapeute il est nécessaire de justifier de plusieurs années universitaires dans la discipline, ce qui n’est pas mon cas. »
Inscrite à la Corporation des zoothérapeute du Québec (CZQ) et intervenante éducatrice spécialisée au sein d’un Centre de réadaptation en déficience intellectuelle en Montérégie (CRDI), elle a décidé, il y a un an et demi, de se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat. Elle offre depuis ses services aux personnes âgées ou à des enfants ou adultes atteintes de troubles de comportement avec l’aide de ses compagnons.
Parmi ses collaborateurs elle compte un chien, quatre lapins, quatre poules et deux rats. « Les animaux permettent aux personnes avec qui je travaille d’évoluer beaucoup plus rapidement que par de simples discussions. L’animal va vivre le moment présent et fait vivre une situation à la personne qu’il est plus facile par la suite de lui expliquer. »

Une poule remède

La vedette des animaux qui accompagne Mme Guertin c’est Sally. La poule brune d’environ 3 ans est d’une docilité à toute épreuve. « Une amie m’a invitée une fois à venir voir sa poule qui était vraiment différente des autres. En voyant comment elle se comportait avec les humains, c’est là que j’ai eu l’idée d’intégrer cette poule pour faire de la zoothérapie. »
Sally se laisse ainsi bercer dans les bras de tout le monde, elle se laisse caresser jusqu’à s’endormir, il est possible de lui toucher la crête, les pattes, le bec sans que cette dernière n’éprouve de stress particulier.
Son seul défaut « c’est d’adorer les bijoux » qu’elle prend un malin plaisir à picorer quand elle les voit sur les mains de quelqu’un. « De tous mes animaux c’est Sally qui vole la vedette chaque fois. »
Dernièrement, Mme Guertin a expliqué avec l’aide de Sally, à un enfant autiste, comment respecter « la bulle » des gens. Sally est aussi une habituée des maisons de retraite où certaines résidantes s’amusent à la prendre dans leur bras jusqu’à ce qu’elle s’endorme.
« Certaines personnes âgées ont vécu à la ferme toute leur vie. De voir et de toucher une poule leur permet de retrouver des odeurs, des perceptions, des souvenirs de leur vie passée. »

Tous intervenants en zoothérapie ?

La « mère » poule s’est lancée à son compte avec ses animaux deux jours par semaine. Le reste du temps, elle travaille au CRDI. Les deux activités n’étaient apparemment pas conciliables. « Je déplore que les services gouvernementaux ne montrent pas plus d’ouverture aux services alternatifs. Il est très difficile parfois d’entrer en contact avec des autistes. Les animaux sont des alternatives pour créer le lien et travailler avec la personne. Mais le gouvernement a peur des cas d’allergie ou du coût des assurances qu’il faudrait acquérir pour avoir recours à la zoothérapie. Même si je leur indique que j’ai des assurances, rien n’y change. »
Désormais, elle offre donc ses services en tant qu’intervenante en zoothérapie, une formation qu’elle a acquise contrairement à d’autres. « Il faut faire attention à ce qui se fait en la matière. Il y a beaucoup de gens qui exercent en zoothérapie, mais qui n’ont aucune formation. Tous les membres de la Corporation des intervenants en zoothérapie ont reçu une formation. Choisir dans cette liste est un premier gage de sérieux dans la démarche des professionnels. »

La CZQ

Fondée en 2006, la CZQ est aujourd’hui le plus ancien et le plus grand regroupement de zoothérapeutes professionnels indépendants à travers le Québec et les provinces avoisinantes.
Tous les membres de la CZQ ont suivi une formation professionnelle en zoothérapie et exercent dans le respect du code de déontologie de la CZQ.
Pour la CZQ « la zoothérapie n’est pas un traitement, mais un accompagnement vers un mieux-être. Elle ne remplace pas une autre approche thérapeutique, elle est complémentaire et s’intègre facilement à un suivi multidisciplinaire.