Plus du double de plaintes pour harcèlement sexuel à la police

Dans la foulée des dénonciations d’actes de harcèlement sexuel impliquant des personnalités publiques, le nombre de plaintes formulées à la police ne cesse de croître, ayant même doublé.
« Il y a eu une importante recrudescence, a affirmé le porte-parole de la Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent, le sergent Pierre Tremblay. On parle d’une augmentation de 120 % du nombre de plaintes, soit plus du double. »
Le sergent Tremblay a soutenu que certaines victimes ont sûrement décidé de dénoncer de tels actes en réaction aux dénonciations qui ont afflué dans les médias. Le mouvement a pris son envol après que le cinéaste américain Harvey Weinstein ait été visé par des allégations, provenant de plus d’une cinquantaine de femmes.
« En voyant toutes ses dénonciations dans les médias, j’imagine que les victimes ne se sentent plus toutes seules, a affirmé le sergent Tremblay. Parfois, elles peuvent se sentir coupables, mais en voyant que d’autres victimes dénoncent, elles doivent se dire qu’elles n’ont pas à sentir coupables, qu’elles ne sont pas seules dans cette situation-là. »

120 %
Pourcentage d’augmentation du nombre de plaintes liées au harcèlement sexuel

Travail accru

Avec le nombre de plaintes qui est 2,2 fois plus élevé, les policiers ont un travail d’enquête à faire.
« On a reçu plusieurs plaintes. Il y a beaucoup de témoins à rencontrer, et parfois, les événements remontent à plusieurs années, ce qui peut compliquer la tâche des policiers. De nombreuses enquêtes sont ouvertes », a déclaré le sergent Pierre Tremblay.

#MeToo

Les dénonciations font suite au mouvement #MeToo, traduit en français par #MoiAussi, où plusieurs victimes ont fait état des actes de harcèlement sexuel qu’elles ont subis. C’est l’actrice américaine Alyssa Milano qui a lancé cette tendance sur les médias sociaux, qui a fait boule de neige autant sur Facebook que sur Twitter, un peu partout dans le monde.
L’affaire Harvey Weinstein a poussé plusieurs victimes à dénoncer leurs agresseurs. Les répercussions se sont senties jusqu’au Québec, alors qu’Éric Salvail, Gilbert Rozon, Gilbert Sicotte et Jean-Claude « Giovanni » Apollo, entre autres, ont été éclaboussés par des scandales dans le dernier mois.

Organismes

Plusieurs organismes épaulent les victimes et leurs familles dans les moments difficiles qui peuvent accompagner une dénonciation.

« On a reçu plusieurs plaintes. De nombreuses enquêtes sont ouvertes. »
– Pierre Tremblay

C’est entre autres le cas du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), qui offre de l’assistance et guide les victimes vers des services spécialisés.
« Les proches de la victime ou les personnes dont elle a la charge ainsi que les témoins d’un crime peuvent bénéficier de l’aide du CAVAC », ajoute-t-on.
Si du côté de la Maison Simonne-Monet-Chartrand la vague de dénonciations n’a pas vraiment eu d’incidence sur l’achalandage, on explique que la maison aide des femmes victimes de tous les types de violence, sexuelle, psychologique ou physique.
« Ça fait 34 ans qu’on est ouvert, ça fait 34 ans qu’on est plein », a affirmé l’agente de liaison de la Maison, Julie Genest.

Lois

Autant du côté du gouvernement fédéral que provincial, des projets de loi ont été mis de l’avant pour tenter d’appuyer les victimes de harcèlement sexuel.
Au fédéral, le projet de loi C-65 désire « renforcer le régime visant à prévenir le harcèlement et la violence dans les lieux de travail », particulièrement les actes de nature sexuelle.
À Québec, une motion a été adoptée à l’unanimité afin que l’Assemblée nationale « constate l’urgence d’améliorer le traitement des plaintes pour harcèlement et violences sexuelles dès leur dépôt » et que la ministre de la Condition féminine explore « toutes les mesures alternatives possibles pour accompagner, accueillir et traiter les plaintes des victimes ».