Pierre-Luc Pommerleau a trouvé sa voix
Pierre-Luc Pomerleau présente son deuxième spectacle solo avec Moqueur polyglotte. Doué pour les imitations, l’humoriste résidant à Chambly a décidé d’intégrer davantage d’imitations dans ses sketchs.
Le titre de son spectacle est particulier. Au point que Pierre-Luc Pomerleau s’y reconnaît pleinement. « Le moqueur polyglotte est un oiseau capable d’imiter les autres espèces. Je suis capable d’imiter moi-même mes congénères. Je l’ai prouvé lors du Gala Les Olivier en 2019, lorsque j’ai pris la voix d’autres humoristes. Le sketch avait bien marché. Donc, j’ai décidé d’utiliser davantage cette carte. » L’humoriste, vivant à Chambly depuis plusieurs années, était pourtant récalcitrant à utiliser ses qualités d’imitateur dans ses productions. « Je craignais que l’on me qualifie d’imitateur pur et simple, alors que je suis comique d’abord. Mes proches m’ont convaincu que je pouvais quand même me démarquer grâce à cela. Donc, ce nouveau show sera saupoudré d’imitations. »
» Je craignais que l’on me qualifie d’imitateur pur et simple, alors que je suis comique d’abord. » – Pierre-Luc Pomerleau
S’inspirer du quotidien
Pour construire son spectacle, Pierre-Luc Pomerleau n’est pas allé bien loin. S’inspirer d’épisodes quotidiens, parfois cocasses, suffit à bâtir des sketchs durant lesquels l’artiste utilise ses techniques pour assurer un effet humoristique. « Je vais chercher des anecdotes de ma vie personnelle et dans des situations dans lesquelles je me suis trouvé inconfortable.
J’exagère parfois ou je rajoute une imitation pour amplifier, mais ce sont des tranches de vie qui me sont réellement arrivées, dont une sacrée expérience chez le dentiste. Je pense que beaucoup dans le public se reconnaîtront. »
Mais, en tant que professionnel, voit-on les choses différentes au quotidien? Si une malchance survient, réagit-on comme le commun des mortels? « Oh oui, j’ai déjà pogné les nerfs! confie le performeur. J’ai été choqué par des situations, mais quand je le raconte avec ma frustration, l’émotion qui s’exprime se transmet facilement aux interlocuteurs. En expliquant mon histoire, je réalise le potentiel comique. Je ne suis pas différent des autres. J’observe certainement davantage, car c’est mon métier. D’ailleurs, je possède une curiosité malsaine qui fait que je regarde les gens de loin avec insistance. Surtout ceux qui sortent de la norme. Mais ce n’était pas toujours évident d’écrire. J’ai voulu éviter de parler de la pandémie. D’abord, il ne se passait rien d’extraordinaire dans ma vie à ce moment-là, comme beaucoup. Et à un moment, il faut tourner la page. »
À 38 ans, Pierre-Luc Pomerleau a trouvé son style. « Par rapport au premier spectacle, ma présence scénique est meilleure. Je suis plus stable, plus posé. En d’autres termes, j’ai davantage confiance. » Selon lui, les sketchs se sont aussi bonifiés. « L’écriture aussi est plus efficace. Dans mes spectacles, je ne propose aucun message politique ou autre. C’est du divertissement pur et je garantis du rire. »
Une sacrée expérience
Faire rire, justement. Un art qui est parfois compliqué à exercer. Pierre-Luc Pomerleau se souvient de sa jeunesse au Vieux Clocher de Magog, là où tout a commencé pour lui. « C’était l’une de mes premières jobs et c’était exceptionnel. J’étais adolescent et j’accueillais le public, puis replaçais les chaises à la fin des spectacles. Ainsi, je pouvais voir des shows tous les soirs! J’ai eu le luxe aussi de percevoir les améliorations faites par les comiques entre deux représentations. Le spectacle est le même, mais la perception de celui-ci peut varier selon l’humeur du public. Il faut savoir que Magog était un endroit où les humoristes venaient souvent en rodage avant de faire leurs tournées vers Montréal ou Québec. J’ai ainsi vu des vedettes comme Laurent Paquin, dévasté parce que le show n’avait pas marché. Le lendemain, le public virait fou sans que l’on puisse l’expliquer vraiment! Quand je le vis, je me dis que c’est un épisode normal. Je dédramatise, car je sais qu’au fond, ce n’est pas forcément la faute au comique. Parfois, on ne peut pas sentir l’énergie de la salle. L’expérience du Vieux Clocher fut extraordinaire et pas une école ne peut l’offrir. »
Aujourd’hui Chamblyen, il sera au Pôle culturel le 13 mai prochain. « Je ne suis à Chambly que depuis quelques années, souligne l’artiste. Forcément, j’ai moins d’attache que mon Magog natal. Mais le bassin me rappelle le lac de Magog. C’est la ville parfaite pour moi, qui devait me rapprocher de Montréal pour mes obligations professionnelles. » Grâce à ses voix, Pierre-Luc Pomerleau a su baliser son chemin.