Notre terre en 2050

Citoyens, élus et autres acteurs de la société du grand Montréal se réunissent le 23 mai pour envisager la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) en 2050. Nous en avons profité pour demander la vision des maires et mairesses des villes du territoire. 

Sylvain Casavant (maire de Saint-Mathias). – « Je suis assez pessimiste pour l’avenir de la ville. Ce sera la Communauté métropolitaine de Montréal qui donnera les directions à suivre. Nous sommes un petit élément dans une grande mer. Nos terres sont rurales à 92 % et cette proportion est quasi immuable, ce qui rendra la densification difficile. À un moment donné, la hausse des taxes foncières ne fonctionnera plus, mais les services au citoyen continueront à coûter plus cher. Notre population devrait baisser de 4 600 personnes à 4 200 à cause du vieillissement de la population et du départ de jeunes vers les villes. Pour continuer un service d’eau et d’incendie, il faudra fonctionner par régie avec d’autres municipalités. »

« Le gouvernement va-t-il procéder à certains incitatifs pour nous aider? L’agora permettra de soulever certains problèmes. À partir de là, on fera un constat et on trouvera des solutions. Mais nous n’en trouverons pas cette année, car il faudra d’abord réfléchir local puis regarder en fonction de la MRC, puis de la CMM. Il est certain que nous allons nous concentrer sur les services au citoyen en nous attachant à les fournir le mieux possible. Par exemple, nous sommes en train de rénover notre usine de traitement des eaux usées. Nous allons aussi influer sur les milieux de vie pour faire une différence afin que les gens soient heureux à Saint-Mathias. Notre voix porte sur les citoyens et nous allons nous concentrer sur ce que l’on sait faire. »

Denis Paquin (maire de Sainte-Angèle-de-Monnoir). – « La municipalité est caractérisée par son milieu agricole, qui rassemble 95 % des terres et son noyau de villageois. C’est une caractéristique à laquelle je tiens, c’est son ADN. L’un de mes objectifs est de conserver une autonomie alimentaire du village. Lorsque l’on sait que seulement 2 % des terres du Québec sont cultivables et que les projections annoncent une augmentation de 1,5 million d’habitants dans la province en 2062, ça va nous prendre pas mal de bouches à nourrir et de personnes à loger. On s’attend aussi à davantage de pression en Montérégie, car les personnes voudront s’installer autour de Montréal. »

90 % C’est le pourcentage minimal de terres agricoles dans plusieurs municipalités environnantes.

« De notre côté, on ne peut pas bâtir sur nos terres agricoles et notre ratio est de 16 logis par hectare, un règlement auquel nous ne pouvons déroger. Sainte-Angèle aura donc pour mission de nourrir le Québec. Je m’attends donc à une compensation du gouvernement en échange, car nous ne pourrons pas installer de parc industriel ni de centre commercial. Il faut donc protéger nos terres et procéder à une répartition plus judicieuse de la population. Nous avons un rendez-vous important à planifier dont le destin est plus grand que Sainte-Angèle-de-Monnoir. Pour certains milieux, plus vous construisez, plus vous êtes gros, mais ce n’est pas le cas pour tous. Nous allons compter plus de logements, mais nous allons montrer que densification peut rimer avec joli et qualité de vie. En 2050, nous espérons que la nouvelle population soit bien intégrée, obtenir un réservoir d’eau fonctionnel, des infrastructures rénovées, bonifier nos rues ainsi que l’espace devant l’école primaire, construire notre premier centre de petite enfance et avoir un bâtiment permanent pour notre friperie. Ce milieu est paisible et on veut le conserver. »

Claude Gauthier (Richelieu). – « Concernant l’environnement, nous voulons élaborer une vision d’aménagement du territoire inspirée des meilleures pratiques en développement durable. En parallèle, nous travaillons à l’écoconception et à la réalisation d’un important parc linéaire en bordure de la rivière. Toujours concernant la rivière, nous allons opérer une mise à jour de nos infrastructures et de sécurisation de nos berges en bordure de celle-ci. Enfin, nous allons planter des arbres massivement partout où cela est possible afin d’augmenter la biodiversité et d’améliorer le contact avec la nature. »

« Pour les infrastructures, nous voulons améliorer l’école primaire et implanter, en collaboration avec les partenaires, une école secondaire. De plus, nous visons la création d’un pôle touristique d’affaires et à relocaliser la bibliothèque et la mairie. Il faut aussi bonifier l’accès à des logements de qualité et abordables. Enfin, nous voulons faciliter l’accès au territoire par des transports collectifs efficaces et encourager la mobilité active. »

Patrick Marquès (Carignan). – « Nous avons à cœur de préserver nos espaces naturels. Pour cela, nous avons su développer un milieu de vie complet dans lequel ses citoyens ont autant de plaisir à profiter de la nature qu’à se réunir dans des lieux conviviaux et distinctifs. Dans cette mission, nous avons établi quatre objectifs : développer un milieu de vie convivial et rassembleur, assurer un aménagement écoresponsable et cohérent avec le cadre bâti et le milieu agricole, faciliter la mobilité durable et l’interconnexion entre les secteurs ainsi que développer une économie locale et de proximité. Cette vision est établie pour le moment jusqu’à 2025. Nous visons l’atteinte de ces objectifs en adéquation avec les instances légales supérieures que sont la MRC de la Vallée-du-Richelieu, la Communauté métropolitaine de Montréal et le gouvernement du Québec. »