MRC de Rouville : la Popote roulante devra gérer ses ressources cet hiver
La popote roulante du Centre d’action bénévole (CAB) de la Seigneurie de Monnoir fait face à une grosse augmentation de la demande d’aide. Les chiffres grimpent à un niveau jamais atteint auparavant.
« On était essoufflés deux ans auparavant. Là, on l’est encore plus! » Johanne Audet s’inquiète à la lecture des chiffres. La directrice générale du CAB de la Seigneurie de Monnoir, à Marieville, sait qu’elle devra se serrer la ceinture pour assurer le service de la popote roulante, qui permet, pour 7 $, de livrer un repas à domicile aux personnes âgées ou en perte d’autonomie, d’ici les prochains mois.
« On tourne à 150 repas par jour! La demande d’aide alimentaire a doublé. Depuis le mois de janvier, ce sont 303 familles sur le territoire de Rouville qui nous ont sollicités pour obtenir de l’aide alimentaire. Près de la moitié vient de Marieville et 22 % de Richelieu. Au total, c’est une hausse de 80 % par rapport à l’année dernière. Au quotidien, nous avons déjà atteint le chiffre de l’année dernière en ajoutant Noël. Mais que se passera-t-il lors des Fêtes de fin d’année, sachant que des familles font des demandes exceptionnelles à cette époque? Nous allons certainement passer de 300 paniers à 400, voire 500! »
Des moyens inchangés
La directrice générale explique le phénomène par les conditions économiques actuelles, notamment l’inflation, mais pas uniquement. « Nous aidons aussi beaucoup les nouveaux arrivants. Auparavant, ils étaient davantage sur Montréal. La barrière de la langue complique aussi les choses au point que l’on doit utiliser un traducteur sur Internet pour remplir les formulaires d’inscription à la popotte roulante. Vous comprenez bien que dans de telles conditions, nous ne faisons pas de bénéfices avec ce service. »
Si le défi s’est corsé du côté de la demande, la mission est aussi de taille concernant la gestion des moyens.
« On reçoit les denrées à quantités similaires par rapport au passé, précise Johanne Audet. Les paniers sont par conséquent plus petits, car le nombre de demandeurs a augmenté. Il faut pourtant poursuivre notre mission d’offrir un service de qualité. »
Dans ce tableau plutôt sombre, la municipalité de Marieville vient tout de même de verser 15 123 $ au CAB, grâce au montant résiduaire de l’enveloppe COVID-19 octroyée en 2021 par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH). « À ce même titre, Richelieu nous a versé 2 500 $, sourit Johanne Audet. J’attends de voir ce que vont offrir les autres municipalités du territoire. L’argent récolté sera investi intégralement dans des produits de base en l’étirant le plus possible dans le temps sans élaborer de liste d’attente. On fait des miracles, mais on ne le dit pas trop, car les aides n’évolueraient plus. On aimerait que l’ensemble des acteurs du communautaire se soudent pour faire pression sur le gouvernement, mais nous ne pouvons briser notre service. Nous ne ferons jamais ça à nos clients. »
La popote roulante, c’est une cuisinière à temps plein, une à mi-temps, une équipe de bénévoles chargée de couper et de portionner les légumes, ainsi que de livrer les repas, et des travaux communautaires et compensatoires pour laver la vaisselle et entretenir les locaux. « Sans les bénévoles, ce serait compliqué, témoigne Johanne Audet. Beaucoup d’employés nous quittent pour le réseau de la santé, car nous ne sommes pas concurrentiels sur le plan des salaires. Néanmoins, on arrive à proposer des REER et des assurances collectives intéressantes. »
Du bien pour tous
Les bénévoles de la popote roulante se réunissent le mercredi matin pour préparer les repas. « Cela me fait du bien d’être ici, assure Gisèle English. La semaine dernière, nous ne nous sommes pas réunis et je me suis ennuyée! Et c’est aussi positif de savoir que nous faisons du bien autour de nous. » Katarzyna Bialowas est l’une des plus récentes autour de la table, où l’on découpe le persil. « C’est une belle façon d’aider la communauté. De plus, c’est un endroit ressourçant avec toujours la bonne humeur. »
Michel Mérineau, 73 ans, est bénévole depuis deux ans et demi au CAB. « Je nous définis comme des aidants naturels. On s’investit, car nous voulons donner à l’autre. Nous donnons notre temps pour que cela rapporte à quelqu’un. Il est là, notre revenu. Mais nous sommes une espèce en voie de disparition. » Un constat qu’appuie France St-Pierre, cuisinière. « La moyenne d’âge des bénévoles approche 80 ans. Mais où est la relève? »