Montérégie : vétérinaire, un métier humain
La propriétaire de la clinique vétérinaires VIP, dont une partie de la clientèle est établie à Marieville, raconte les enjeux liés à son métier qui, bien qu’en lien avec les animaux, demande une touche d’humanisme.
Le journal a rencontré la docteure Virginie Perreault, en compagnie de sa chienne Lili Pad. La vétérinaire a grandi dans un Sainte-Julie à l’époque rurale, entourée de vaches et d’un poulailler. Un ami de la famille possédait une ferme. Quand il quittait, la famille de Virginie Perreault s’occupait des animaux. « J’étais le genre d’enfant qui revenait à la maison avec un nid d’oiseaux et je voulais nourrir les bébés. Je ramassais des moufettes, des chats errants, je ramenais plein d’affaires chez moi », se souvient la vétérinaire, qui convient que ce n’est pas nécessairement l’action à préconiser.
Graduée en 2015, la vétérinaire qui a notamment travaillé dans des refuges pour animaux a ouvert sa clinique en août dernier. « Je n’ai jamais autant d’animaux qui ne sont pas stérilisés depuis que je travaille ici. Il y a encore de l’éducation à faire », observe la femme qui travaillait en des lieux plus urbains auparavant.
Du matériel à payer
La vétérinaire a le fardeau d’annoncer au client des frais pouvant être élevés en retour de la santé de son animal. « C’est ce qui est le plus difficile et désagréable dans notre métier. Je me suis déjà fait dire que les frais n’avaient pas de bon sens et que je n’aimais pas les animaux. En raison de la carte d’assurance maladie pour eux, les gens n’ont pas ce rapport de ce que coûte la santé », met-elle en reflet. Elle donne l’exemple d’une machine à radiographie dont le coût s’élève à environ 220 000 $. « Un moment donné, il faut que je sois capable de la payer ».
« Je propose toutes les options pour que l’animal aille mieux. Il y a une médecine adaptée à toutes les situations financières. Il faut être capable d’offrir des soins à cers animaux-là », qui offre différents plans. Elle soutient que les vétérinaires sont parfois comparés à des garagistes. « Tu mets le pied là, et ça va te coûter », explique celle qui prodigue parfois des conseils sans frais afin d’éviter potentiellement une consultation.
Dans son cas, présentement, elle mentionne qu’elle n’en n’est pas encore arrivée au point d’être en mesure de rembourser son hypothèque. « Je ne fais que rembourser les intérêts », mentionne-t-elle. Elle chiffre que 35 % de ses dépenses son liés aux salaire, 35 % les loyers et le reste, payer les fournisseurs.
Euthanasier un animal
« Je me fais remercier beaucoup pour des euthanasies », lance étonnement la docteure, qui offre ce traitement, parfois à domicile. Elle s’explique. « Ça passe plus doucement dans le confort de la maison. L’animal n’est pas stressé. La famille peut assister si elle le veut. J’aime offrir un départ doux pour l’animal, entouré des gens qu’il aime », fait part Mme Perreault qui nuance toutefois qu’il n’existe pratiquement plus d’euthanasie de « convenance ». Elle donne l’exemple de propriétaire qui de jeune chat qui ne veut pas payer pour faire un examen à son animal qui urine à l’extérieur de sa litière. « Ton chat a clairement quelque chose. On va gérer ça facilement. »
Certaines cliniques refusent d’euthanasier. Ayant travaillé en refuge, elle a vu les deux côtés de la médaille. « J’ai vu un vieux chien extrêmement malade et souffrant abandonné en refuge car personne n’acceptait de l’euthanasier. Abandonné, stressé, on l’a euthanasié en refuge. Il est parti tout seul, c’est horrible », met en contexte la femme qui pointe la pertinence d’euthnasier dans le juste contexte.
La professionnelle réussit à se dégager émotionnellement. « Je dors bien le soir. J’ai plus de misère à dormir quand je vois la souffrance d’un animal », raconte-t-elle au journal tout en planifiant la castration de Phœnix, un chat, pour la fin d’après-midi.
Les Américains achètent
Aux États-Unis, de grandes enseignes ont pris possession, ces dernières années, de cliniques vétérinaires au Québec. Des multinationales sont liées à certains de ces groupes. Selon certains, cette réalité provoquerait une pression à la hausse sur les frais vétérinaires.
« Je n’ai jamais autant d’animaux qui ne sont pas stérilisés depuis que je travaille ici. » – Virginie Perreault
Virginie Perreault a travaillé dans une clinique appartenant à l’un de ces groupes. Bien qu’elle conserve un nom bien francophone, la bannière n’est plus locale. La vétérinaire n’a pas encore été approchée par un groupe. « Éventuellement, ça pourrait arriver. Je ne voudrais jamais vendre. Leur fonctionnement et conditions ne font pas partie de mes valeurs », affirme-t-elle strictement.
Elle parle de l’importance du lien de confiance, voire amical, entre elle et le client. « J’aime apprendre à connaître sur eux pour comprendre la vie de l’animal », entretient-elle comme type de relation.
Voyager en fonction des animaux
La docteure organise ses voyages en fonction du monde animalier. Le Machu Picchu pour ses alpagas, lamas et vigognes, l’Islande pour ses macareux et baleines et les orang-outans d’Indonésie en sont des exemples. Le paresseux demeure son favori d’entre tous. Elle a débuté la plongée sous-marine l’année dernière, lui ouvrant la porte sur une toute autre forme de faune. Dans sa liste de souhaits à réaliser, elle nomme voir des orques…ainsi que des orignaux. « C’est vraiment niaiseux. On peut en voir ici mais j’en ai jamais vus! », justifie-t-elle.