Montérégie : vers une hausse du prix du panier d’épicerie

Alors que les agriculteurs de la Vallée-du-Richelieu et Rouville préparent l’arrivée du printemps, l’indice des prix à la consommation affiche une augmentation de 1,8 % pour janvier 2025, selon l’Institut statistique du Québec. Quelle influence aura l’instabilité politique actuelle sur l’épicerie dans la région?

Marielle Farley est enthousiaste au sujet de la saison qui arrive. Malgré la guerre commerciale que se livrent le Canada et les États-Unis au sujet des taxes douanières, la copropriétaire du Potager Mont-Rouge, à Rougemont, est remplie d’espoirs alors qu’elle occupe son espace au marché de Saint-Hyacinthe depuis la semaine dernière. « Nous avons lancé les ventes de nos produits d’érable et les gens sont très présents. Je m’aperçois qu’une certaine solidarité s’est installée entre nous et les clients. Ils viennent volontairement nous voir et nous encouragent. Cette solidarité existe aussi entre producteurs. »

« Nous allons répondre présent comme lors de la pandémie. » – Marielle Farley

Les fruits aussi ont leur mot à dire. L’agricultrice estime que deux d’entre eux tirent leur épingle du jeu actuellement. « Nous avons des producteurs locaux qui font de nombreux efforts pour proposer une fraise de qualité élevée en serre. Son prix concurrence aisément les produits américains. De plus, nous avons eu une très belle saison en ce qui a trait à la pomme et nous pouvons encore fournir de bons produits à un prix très correct. »

Concernant la saison à venir, Marielle Farley est persuadée que le contexte politique ne freinera pas les agriculteurs de la Vallée-du-Richelieu et Rouville. « Il n’y a aucune raison pour que cela ne se passe pas bien, assure-t-elle. Nous allons répondre présent comme lors de la pandémie, même si l’on ne peut savoir ce qui se passera concernant l’évolution des prix à cause de l’instabilité créée par le président américain et les réponses du gouvernement canadien. »

Une augmentation continue

« On ne peut pas prévoir quel produit du panier d’épicerie bénéficiera d’un prix avantageux d’ici les prochaines semaines, surenchérit Philippe Goulet Coulombe, professeur au Département des sciences économiques de l’UQAM. L’évolution des prix dépendra essentiellement du taux de change canadien et du contre-tarif du gouvernement du Canada sur les produits américains. »

Même s’il affirme ne pas pouvoir donner de détails extrêmement précis, Philippe Goulet Coulombe dégage une tendance. « À la suite de l’élection de Donald Trump et de la guerre économique entre le Canada et les États-Unis, on serait partis sur une hausse générale des prix. On peut remarquer aussi que malgré la stagnation de l’inflation de ces dernières années, les prix ont continué à grimper. L’augmentation a ralenti mais a persisté. »

Coûts de production

Parmi les produits ayant vécu une augmentation significative récente, le professeur de l’UQAM pointe l’huile d’olive. « Son prix a doublé, voire triplé ces dernières années! Les coûts de production ont augmenté à cause de l’évolution du prix des matières premières et des changements climatiques. » Dans le même ordre d’idées, Charles Seguin, professeur spécialisé dans les questions économiques à l’UQAM, vise le chocolat. « Son prix devrait grimper prochainement, car les récoltes de cacao ont été mauvaises. Les fruits des régions chaudes devraient être plus chers aussi. »

Charles Seguin s’exprime davantage sur les variations de la météo et ses conséquences. « Les dérèglements climatiques comme les sécheresses, les vagues de chaleur ou les épisodes courts et intenses de pluie influencent négativement les récoltes sur le court terme. Le début de saison dans la région du Richelieu est plutôt frais. Cela peut permettre des opportunités, mais cela prend du temps pour que les producteurs s’adaptent. »

D’ailleurs, le réchauffement climatique pourrait être décisif dans la région, selon l’enseignant. « Le climat est particulièrement propice aux vins. Cela évoluera plus lentement, mais de nouvelles saveurs pourraient voir le jour si les producteurs s’adaptent. »