Montérégie : répercussions attendues après la hausse des taxes douanières
Les États-Unis ont annoncé, mardi dernier, une augmentation de taxes douanières de 25 % pour les produits importés sur son territoire. Une nouvelle qui aura des conséquences pour les producteurs de la Vallée-du-Richelieu et Rouville.
« L’impact économique sera majeur, on le sait. Même s’il est encore trop tôt pour aller dans les détails, nous accueillons la nouvelle avec beaucoup d’inquiétude. » Jérémie Letellier, président de l’Union des producteurs agricoles de Montérégie, cible l’augmentation des taxes douanières de 25 % pour les produits franchissant la frontière américaine. Il sait que plusieurs producteurs montérégiens sont concernés par cette mesure. « On sait qu’il y aura des impacts pour les producteurs de sirop d’érable, les maraîchers, les éleveurs de porcs ou encore les producteurs de petits fruits. »
À Rougemont, Marielle Farley cultive de nombreux produits destinés aux marchés, aux kiosques et aux supermarchés. « Nous avons aussi des surplus qui partent aux États-Unis, précise-t-elle. On a encore le temps de voir venir, car la saison n’est pas encore commencée, mais nous devrons prendre des décisions. »
Des partenariats avec les États-Unis
La copropriétaire du potager Mont-Rouge remet en cause ses processus de distribution avec les États-Unis. « C’est dommage, nous avons de beaux partenariats pour les salades, les laitues, les radis, les échalotes, les choux ou encore les pommes de terre. Mais je me pose aussi la question sur la manière dont les États-Unis pourront nourrir toute leur population. Car s’il fait 40 degrés en Californie ou en Floride, les agriculteurs vont éprouver davantage de difficultés à faire pousser leurs produits. Si nous, en tant que producteurs québécois, sommes là l’été, c’est que nous sommes intéressants pour eux. »
Aujourd’hui, Marielle Farley expose différents scénarios pour la suite de la saison. « Nous allons rediriger notre production destinée aux États-Unis, mais où? Dans les Maritimes? On va se réajuster, mais on se demande dans quelle galère on embarque! » Néanmoins, la codirigeante du potager Mont-Rouge est remplie d’espoir pour la saison qui arrive. « On est très motivés! On a hâte que cela commence et nous serons encore plus fiers de présenter nos produits! »
Au sein du marché québécois, la productrice appréhende tout de même des moments difficiles. « J’ai lu que le premier ministre, François Legault, prévoyait un maximum de 160 000 pertes d’emplois au Québec à cause de la hausse de ces droits de douane. Cela signifie ainsi que les consommateurs québécois vont acheter moins et courir après les aubaines. Cela engendrera moins d’argent pour les producteurs locaux. »
À Carignan, Robert Pelletier et sa famille tiennent une ferme pédagogique où l’on peut trouver des vaches, des alpagas ou encore des chèvres. « Le prix des grains a augmenté dans les meuneries depuis la guerre en Ukraine, regrette-t-il. Il est certain que d’autres augmentations sont à venir. »
» Si nous, en tant que producteurs québécois, sommes là l’été, c’est que nous sommes intéressants pour eux. » – Marielle Farley
Propriétaire d’un champ, il pense aussi à d’autres répercussions que lui réserve cette guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis. « Ma machinerie est américaine, explique-t-il. L’attache du tracteur, la herse ou encore la charrue seront plus chères à réparer ou à remplacer. »
Des conséquences possibles
Sa fille Sindy lui emboîte le pas. « On se rendra vraiment compte de l’augmentation quand les stocks dans les magasins seront épuisés et que nous prendrons de nouvelles commandes. » La jeune femme de 24 ans craint aussi pour l’avenir de plusieurs exploitations. « Les difficultés financières dans les exploitations pourraient amener à de la malnutrition, voire des abandons d’animaux. Cela pourrait aller très loin. »
Concernant l’exploitation, Sindy est heureuse de l’aide de certains centres communautaires. « Ils nous donnent des fruits et légumes à la limite de la consommation pour les animaux. Cela nous donne un sacré coup de main financier. »