Contraception accessible sans frais

Montérégie : gratuité rentable quand il est question de contraception

La Direction de santé publique de la Montérégie prône l’accès gratuit à la contraception, notamment en ce qui a trait aux économies que ferait l’État.

« C’est rentable », affirme Dre Catherine Risi, médecin-conseil à la Direction de santé publique de la Montérégie, quant à l’accès gratuit à la contraception.

La cheffe parlementaire de Québec solidaire, Ruba Ghazal, a présenté à l’Assemblée nationale un projet de loi visant à rendre la contraception gratuite. Du stérilet au condom, en passant par la pilule et le diaphragme, toutes les méthodes contraceptives y passent. « La contraception, c’est le meilleur outil pour prévenir les grossesses à l’adolescence et les grossesses non désirées chez nos jeunes et moins jeunes », établit Marie-Claude Drouin, agente de planification, programmation et recherche aussi à la Direction de santé publique de la Montérégie. Dre Risi renchérit sur les conséquences liées aux grossesses non désirées. « On prévient l’impact énorme au point de vue social et économique », soulève-t-elle.

« C’est une économie de coût de santé, mais les coûts sociaux d’une grossesse non désirée, c’est encore plus. » – Catherine Risi

Moins de grossesses non planifiées

Les deux femmes, qui œuvrent en santé sexuelle, mentionnent que les efforts déployés des dernières années pour rendre accessible la contraception a permis d’observer une diminution des grossesses non planifiées et des interruptions volontaires de grossesses chez les adolescentes et les jeunes adultes. « On peut penser que si l’on améliore l’accessibilité, on risque de diminuer encore », avance Mme Risi.

Elle soutient que depuis une quinzaine d’années, les travaux entre l’Institut national de santé publique du Québec et le Collège des médecins a permis une forme d’élargissement d’intervenants pouvant prescrire la contraception. Sous un autre angle, Marie-Claude Drouin décrit que parallèlement, dans les écoles, le travail de sensibilisation quant aux outils et face aux risques, et les diverses actions et différents ateliers d’éducation à la sexualité prescrits par le ministère de l’Éducation contribuent à la baisse.

Autant pour les hommes

« La contraception, ça concerne aussi les hommes », recadre avec droiture Mme Risi, pour ceux qui n’auraient pas encore compris. Ce sont majoritairement les femmes qui déboursent pour le volet contraceptif. « Cette mesure d’accessibilité, c’est aussi une façon d’assurer un libre choix en matière de grossesse, de s’assurer de l’équité et de réduire nos inégalités sociales de santé », soutient Mme Drouin. « Dans une société où l’équité entre hommes et femmes est une valeur, c’est sûr que l’accessibilité gratuite à la contraception permet un partage des coûts », définit Mme Risi. 

Parmi les moyens de contraception, le condom est le seul qui protège contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Marie-Claude Drouin relate toutefois que l’utilisation du condom est en baisse, chez les jeunes et les adultes, depuis 2016. « L’accessibilité aux condoms pourrait être rehaussée et facilitée pour en augmenter l’utilisation », considère-t-elle.

Se nourrir ou se protéger?

« Aujourd’hui, quelque part au Canada, une femme devra choisir entre acheter de quoi manger, payer sa facture d’électricité, faire le plein du réservoir d’essence de son véhicule – ou payer sa contraception », écrit la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC). En avril 2024, elle chiffrait que neuf millions de femmes en âge de procréer au Canada supportaient, pour la plupart seules, les coûts de prévention des grossesses non désirées. « La contraception permet aux femmes de planifier leurs grossesses, leur famille et leur vie. Elles sont plus susceptibles de terminer leurs études, de participer plus activement aux besoins grandissants en ressources humaines, de bénéficier d’une plus grande stabilité économique et d’avoir des grossesses en bonne santé lorsqu’elles choisissent d’avoir des enfants », énumère la SOGC. 

Colombie-Britannique avant-gardiste

La Société canadienne de pédiatrie mentionne qu’il est estimé que la couverture universelle des contraceptifs accroîtrait les dépenses publiques de 157 M$ par année, mais que cette somme serait « largement compensée » par l’épargne de 320 millions de dollars en soins médicaux directs liés aux grossesses non désirées.

La Colombie-Britannique a rendu la contraception sur ordonnance gratuite en avril 2023. La SOGC indique que les estimations de modélisation ont montré une neutralité des coûts à mi-parcours de la deuxième année de financement. D’ici 2027, les résidents de la Colombie-Britannique économiseraient 5 $ pour chaque dollar investi dans la contraception. Santé Canada rapporte que l’Université de la Colombie-Britannique a estimé que la contraception gratuite pourrait permettre au système de santé de la province d’économiser environ 27 M$ par an. « Cette analyse, c’est une économie de coût de santé, mais les coûts sociaux (coûts indirects) d’une grossesse non désirée, c’est encore plus », termine Catherine Risi.