Montérégie : acheter une voiture pour éviter le REM

Geneviève Boucher a arrêté de prendre le Réseau express métropolitain (REM) à la suite des multiples pannes du service de transport en commun reliant Brossard à la gare centrale de Montréal. La Chamblyenne espère que le thème sera abordé lors des prochaines élections municipales et fédérales.

Geneviève Boucher a acheté une voiture électrique récemment. La Chamblyenne n’est pas particulièrement heureuse de son acquisition, décidée uniquement pour une raison pratique. « Cela faisait 27 ans que je prenais les transports en commun pour me rendre au travail, souligne la directrice principale de technique de l’information dans une banque à Montréal. J’ai d’ailleurs acheté ma maison à la sortie de Chambly, il y a 20 ans, pour gagner du temps, car le bus passait par là. Mais aujourd’hui, j’ai décidé de ne plus prendre le REM. »

« Pour moi, il faut reconnaître ses erreurs et admettre que le REM est une fausse bonne idée. » – Geneviève Boucher

Par sa profession, elle se rend à son travail à Montréal à mi-temps. « Je souhaite prendre les transports en commun pour arriver à l’heure à mon bureau de manière sereine. Mais les pannes du REM m’ont fait développer de l’anxiété. J’en suis arrivée au point de préférer payer ma voiture électrique et 18,50 $ de stationnement par jour pour aller au travail plutôt qu’être dans l’incertitude. » Un abonnement mensuel au REM à partir de Chambly revient à 196 $ par mois.

Aujourd’hui, Geneviève Boucher réclame le retour du bus 90 qui la menait en une vingtaine de minutes à quelques mètres de son travail avant l’arrivée du REM. « C’était un bus coach et on pouvait s’allonger durant le trajet. C’était vraiment relaxant. Le REM est bien plus stressant et a doublé le temps de route. Il me faut bien une heure pour arriver à destination en partant de chez moi. Pour moi, il faut reconnaître ses erreurs et admettre que le REM est une fausse bonne idée. J’ai fait une croix dessus. »

Des élus contactés

Pour parvenir à ses fins, la Chamblyenne a lancé des messages aux élus. « Soit ils ne me répondent pas, soit ils me disent qu’ils ne peuvent rien faire. Il y aura des élections fédérales et municipales prochainement. Il faut que le REM fasse partie du débat avec la conclusion que ce service ne fonctionne pas. Or, il ne faut pas oublier que Philippe Couillard, ancien premier ministre libéral, fait partie des fondateurs du projet et que la CAQ en a hérité. Eux ne pourront pas dire que le REM est une mauvaise idée, car ils l’ont défendue. Je souhaite un discours politique cohérent avec la situation. »

Désormais, Geneviève Boucher pourrait passer un cap pour être sûre d’être entendue. « Il est clair que je ne suis pas la seule déçue par le REM. Je connais des personnes qui ont fait comme moi, à savoir acheter une voiture pour se rendre au travail alors qu’elles prenaient le bus auparavant. Cela provoque l’effet inverse. J’ai l’impression que l’intérêt des citoyens a été sacrifié au profit de la rentabilité. Faut-il partir un mouvement citoyen? Pour cela, il faudrait s’entourer de cadres qui ont de l’influence. Mais qui? Personne n’est là pour nous écouter ou nous défendre. »

Shanie St-Cyr Gagné partage le même avis. La Chamblyenne, elle aussi, a acheté une voiture. « Mais je veux reprendre les transports en commun lorsque ce sera fiable! Néanmoins, j’ai des obligations, car je dois aller chercher mon fils au service de garde. J’ai été prise dans une panne il y a trois semaines. Un service de navettes s’est mis en marche, mais la file d’attente était de plusieurs centaines de mètres. Il y avait des gens avec de jeunes enfants dans les bras, des personnes âgées ou encore à mobilité réduite qui faisaient la file dans la neige! De mon côté, j’ai mis plus de deux heures pour rentrer chez moi. »

Un service de bus permanent

L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), en collaboration avec CDPQ Infra, la Société de transport de Montréal (STM) et le Réseau de transport de Longueuil (RTL), a annoncé, mercredi dernier, le retour du service de bus spécial. Les bus longent le tracé du REM même si ce dernier fonctionne normalement. « Au prix que nous avons payé, un service de bus avec voie réservée aurait été moins cher et plus fiable, poursuit Shanie St-Cyr Gagné. Le REM est un fiasco. »

Sur le terrain politique, le député de Chambly, Jean-François Roberge, estime qu’il faut persister avec le REM. « Le REM est un projet d’infrastructure d’une grande envergure. Je ne crois pas que la bonne chose à faire est de revenir en arrière avec le système de transport en commun. »

Au chapitre municipal, Alexandra Labbé a ouvertement demandé des comptes aux acteurs du REM avec l’adoption d’une résolution réclamant des solutions pour permettre aux usagers de voyager de la Rive-Sud à Montréal avec efficacité. « Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Je sais qu’une résolution n’est certainement pas assez, mais nous poursuivons les discussions. Je soutiens aussi Doreen Assaad, la mairesse de Brossard, qui réclame un retour des services de bus. Mais Brossard possède la desserte du REM et donc, davantage d’outils pour dialoguer que Chambly. Aussi, nous demandons de récupérer la gouvernance de notre réseau local. On va faire entendre notre voix. »