Mélanie Joyal se vide le cœur
FUSILLADE. «C’est comme si je mangeais de la rage. Je lui en veux tellement à lui et je ne pourrai jamais lui dire le mal qu’il a fait parce qu’il n’est plus là».
Trois semaines après la fusillade qui a coûté la vie à son conjoint Michel L’Italien, Mélanie Joyal vit de durs moments teintés d’amertume à l’égard du tireur de Marieville, Daniel Massé, qu’elle connaissait bien. Prise par l’émotion, la mère de quatre enfants affirme ne pas avoir été capable de manger la semaine suivant l’événement.
Madame Joyal en veut d’autant plus à l’auteur de la fusillade car c’est son conjoint, aujourd’hui décédé, qui aurait permis à Massé de loger gratuitement dans une roulotte sur le terrain de la ferraillerie où Michel l’Italien passait beaucoup de temps à réparer des véhicules.
Lors de la tragédie, Michel l’Italien aurait voulu protéger son ami Éric Choquette du tireur et c’est pourquoi il aurait reçu trois balles fatales, selon la version de Mme Joyal.
«C’est très difficile, mais je ne le réalise pas encore. Je suis comme dans une bulle», explique-t-elle.
Elle raconte que ses enfants, principalement son fils de 11 ans, Anthony, en veulent à Daniel Massé. «Mes enfants jouent au hockey et Daniel allait parfois les mener. Ça faisait un an et demi qu’il habitait là.»
Anthony a d’ailleurs éclaté en larmes lorsqu’il a vu la mère d’Éric Choquette (qui a survécu à la fusillade). «Pourquoi ce n’est pas à mon père qu’il manque une main?», s’est exclamé le jeune garçon, faisant allusion aux séquelles moins graves subies par l’ami de son père.
L’autre enfant de Mme Joyal, Rosalie, qui est âgée de quatre ans, ne comprend pas, elle, pourquoi son père n’est plus là. «Elle a toujours couché avec nous. Au salon, elle parlait à son père et le flattait. Elle sait qu’il est au ciel, amis elle pense qu’il va revenir. En sortant [du salon funéraire], elle a fait une crise pour le voir», explique Mélanie Joyal.
Elle croit que ses enfants devront être éventuellement suivis par un psychologue. Néanmoins, Mélanie Joyal sait qu’elle doit demeurer le pilier de sa famille. «Il va falloir que je prenne mon courage à deux mains et que je m’occupe de mes enfants. Ils ont besoin de moi et moi j’ai besoin d’eux.»
Mme Joyal soutient que son conjoint était un homme bon qui aidait tout le monde et que c’est ce que son entourage retiendra de lui.
Elle se dit aussi touchée par les levées de fonds organisées pour lui venir en aide. «Jamais je n’aurais pensé qu’ils [ses collègues de travail] auraient fait ça. Je reçois beaucoup de téléphones de gens qui veulent m’aider. Je suis habituée de me débrouiller seule, mais là je dois gérer avec tous ces gens», affirme-t-elle.