Marieville : une sècheresse inhabituelle pour les agriculteurs

Les agriculteurs et les maraîchers de la région de Chambly terminent leur saison avec un minimum d’eau.

Les chiffres sont révélateurs. Durant le mois d’août, il n’est tombé que 22 millimètres de pluie en Montérégie, soit 102 millimètres en dessous de la normale, selon le ministère de l’Environnement. « C’est la première année que je vois mon lac aussi bas en cinquante ans, reconnaît Daniel Charbonneau, maraîcher à Sainte-Angèle-de-Monnoir. Sa capacité me permet de tenir une saison. Mais je ne suis pas inquiet pour la suite. L’hiver s’en vient, il va neiger et il se remplira. »

Le temps des courges et des citrouilles est arrivé. Le maraîcher est heureux de sa récolte. « Les jeux sont faits, les légumes ont poussé. Il est inutile d’arroser, maintenant. De notre côté, nous avons irrigué en juillet et, depuis, nous avons laissé la terre se recouvrir et la nature a fait son travail. J’ai entendu dire que des maraîchers ne sont pas satisfaits de la taille de certains éléments de leur production, mais ils auraient dû arroser avant. Le problème se pose désormais pour ceux qui possèdent un puits artésien. »

Le constat est similaire à quelques centaines de mètres, au sein de la ferme de Réjean Martel à Marieville, entreprise spécialisée dans le soja, le maïs et les céréales. « Je ne me sers pas de mon lac, car je laisse la nature faire. Il me sert plutôt de témoin du niveau de la nappe phréatique. Mais actuellement, il manque bien deux pieds d’eau par rapport au niveau normal de la saison. C’est une situation assez extraordinaire. »

Baisse de récolte

Mais de son côté, l’agriculteur marievillois reconnaît que la sécheresse a provoqué des pertes concernant les récoltes de cette année. « Nous allons compter une baisse d’environ 25 % de la production par rapport à une saison standard, regrette le propriétaire d’une terre de 265 hectares cultivée par sa famille depuis six générations. Nous récoltons de huit à neuf tonnes de production par hectare au lieu des 11 tonnes habituelles. Nous avons eu beaucoup de pluie en juin, ce qui a permis d’avoir un beau mois de juillet pour les pousses, mais les épis sont moins longs qu’à l’habitude, car le temps est devenu plus sec. Ils n’ont pas pu bien se finir. »

En raison du réchauffement climatique, les épisodes de chaleur pourraient se répéter. Mais Réjean Martel attend de voir avant d’investir dans du matériel d’irrigation. « Vous verrez davantage ce type de machinerie plus au sud. Cela peut demander beaucoup de matériel. On va d’abord voir si cette tendance de sécheresse se confirme dans le temps. Depuis la pandémie, les prix concernant les machineries ont bien augmenté. Je ne vais pas acheter du matériel si c’est pour ne l’utiliser qu’occasionnellement. Si, sur cinq ans, je vis avec une production de moins 25 % une année, je peux vivre avec. »