Marieville : une réussite scolaire grâce à tous
Une adolescente de Marieville a repris le chemin de l’école après 30 mois d’absentéisme. Pour parvenir à ce résultat, plusieurs personnes ont lutté avec patience.
Josée (prénom fictif) a 16 ans aujourd’hui. Elle va à l’école, fait du sport, s’intéresse à la musique, travaille sur son temps libre et vit une histoire d’amour. « Avec les bons outils, j’ai construit ma nouvelle personnalité, entourée de personnes attentionnées et pleines de réussites. Je suis enfin moi. »
Pour arriver à ce stade d’épanouissement, la jeune fille a vécu un sacré parcours. Après une jeunesse plutôt classique, les premiers signes de décrochage scolaire ont commencé à onze ans. « On ne s’est pas rendu compte qu’elle décrochait, confie Louise Demers, sa grand-mère. Auparavant, son père l’aidait aux devoirs, mais il avait jugé bon de la laisser autonome lors de sa cinquième année de primaire. Puis, c’était pire l’année suivante. Les notes ont chuté. Elle avait l’impression que les professeurs se désintéressaient d’elle. »
La situation s’est empirée durant la COVID, comme l’explique Jacques Tétreault, directeur de l’organisme marievillois Éduc à Tout, qui fournit, entre autres, de l’aide aux devoirs. « Josée est une fille discrète et introvertie. Comme d’autres comme elle, le port du masque ne l’a pas aidée. C’était difficile de communiquer. »
Plusieurs acteurs
Dès janvier 2020, la jeune fille refusait d’aller à l’école. « Elle a tout arrêté du jour au lendemain, rappelle sa grand-mère. Je la forçais pour qu’elle se lève de son lit, mais c’était impossible. Sur une année, je pense qu’elle y est allée dix fois. L’administration pensait que j’étais la grand-mère trop gentille, mais elle a fait une crise d’anxiété dans l’établissement scolaire et là, le personnel a vu ce que je vivais. De leur côté, les parents n’étaient pas là, car ils travaillent tous les deux de jour. »
Les absences se sont répétées au point que la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) est intervenue au bout de deux ans. « Une fois par mois, un travailleur de CLSC venait pour parler avec Josée, mais ça ne menait nulle part, poursuit Louise Demers. Elle avait des rendez-vous avec une pédopsychiatre à l’hôpital Charles-Le Moyne, mais elle n’y allait jamais. Elle ne prenait plus sa médication. La porte s’est finalement fermée. »
Le tournant est survenu pendant une rencontre entre Louise Demers et Jacques Tétreault, lors d’une réunion d’associations. « Il m’a parlé de ce qu’il faisait, se remémore la grand-mère, visiblement émue. J’ai alors dit aux parents que nous n’avions plus rien à perdre. Dès qu’il y avait une situation difficile, j’appelais Jacques pour qu’il vienne. »
Des défis
Le combat a pris une autre tournure. « Je suis déjà venue la lever du lit en la portant, mentionne le directeur d’Éduc à Tout. Dès ma première évaluation, j’ai senti qu’elle avait la capacité d’apprendre, mais son énergie était faible. Josée m’a confié que j’étais la première personne qui l’écoutait. » Josée commençait à aller mieux lorsqu’un deuxième événement a donné un coup de pouce à l’adolescente. « Elle a changé de médicament pour un antidépresseur, confie Louise Demers. Elle allait tout de suite mieux! »
Un autre défi s’ouvrait aussi pour Jacques Tétreault. « La cour de la jeunesse souhaitait un placement en centre dans un premier temps, mais nous l’avons convaincue que notre plan avec tous les intervenants fonctionnait. Il fallait installer un climat de confiance avec tout le monde. À force de nous parler et de donner des réponses, Josée a repris le chemin de l’école et a comblé son retard. Parfois, elle ne va pas à l’école, car elle est épuisée émotionnellement. Mais c’est correct et les professeurs accueillent bien la nouvelle et ils aident à la récupération des cours. »