Manque de places dans les CPE : parents et éducatrices s’impatientent
Partout dans la région ainsi qu’ailleurs au Québec, les voix de toute une génération de mamans et d’éducatrices s’élèvent pour crier à la pénurie de places en CPE et au manque de ressources.
Plongées dans l’incertitude durant la pandémie, certaines mères, dont l’emploi ne leur impose pas le télétravail, doivent pourtant s’y résigner alors qu’elles peinent à retrouver une place en garderie pour leur(s) enfant(s). « J’ai un fils de neuf mois, je termine mon congé de maternité dans un mois et n’ai toujours pas trouvé de place en garderie. Je suis éducatrice et n’ai même pas de place au CPE où je travaille. », nous raconte Audrey Forget.
« (…) je termine mon congé de maternité dans un mois et n’ai toujours pas trouvé de place en garderie (…) même pas de place au CPE où je travaille. » – Audrey Forget
L’entraide sur les médias sociaux
« J’ai des clientes qui m’en parlent quotidiennement. (…) Je sais que plusieurs cherchent des options pour retourner au travail. », a fait valoir à la fin janvier, Marie-Hélène Bastille, professionnelle de la santé du secteur privé à Chambly. Cette dernière encourage les mères à rejoindre le groupe Les KOALA moms, destiné à leur offrir du soutien.
Plusieurs internautes de Chambly, Carignan et Saint-Mathias-sur-Richelieu se tournent vers les médias sociaux pour y solliciter de l’aide, en publiant diverses annonces du désespoir. « Mon congé de maternité prend fin bientôt (…) Jusqu’à maintenant, je n’ai toujours pas de garderie avant le mois de septembre. Je ne suis sûrement pas la seule dans ma situation ! Je peux peut-être offrir un service de garde pour une ou deux mamans dans le besoin, le temps que les places se libèrent ? », propose l’une d’elles.
S’assurer de rester dans la légalité
Pour s’entraider et se faire un peu plus d’argent, certaines offrent ainsi leurs propres services de garde, pour régler le problème. Mais l’éducatrice Natacha Thibault les met en garde. « Si vous décidez d’offrir un service de garde à la maison sans être reconnue par un bureau coordonnateur, il faut vous assurer d’être en règle avec la loi 143. » Depuis le 1er mai 2018, il est impératif d’être reconnu(e) par un bureau coordonnateur ou de détenir un permis délivré par le Ministère pour fournir des services de garde en milieu familial, à moins de satisfaire aux conditions du Guide à l’intention des personnes non reconnues qui fournissent des services de garde en milieu familial.
Parents et éducatrices se mobilisent
À l’échelle nationale, c’est l’impatience généralisée qui gronde, alors qu’une pétition lancée par le mouvement Ma place au travail, qui s’est invité à l’Assemblée nationale le 9 mai dernier, circule pour faire reconnaître au gouvernement « la crise liée à la pénurie de places en services de garde », pour « mobiliser les ministères et organismes afin de mettre en place dans les meilleurs délais, un plan d’urgence national; proposer un plan de réalisation de toutes les places manquantes; valoriser les métiers de la petite enfance. » À ce jour, elle compte un peu plus de 500 signataires, et demeurera active jusqu’au 7 juin sur le site de l’Assemblée nationale.
Puis en Montérégie comme ailleurs au Québec, les travailleuses et travailleurs des centres de la petite enfance, représentés par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS – CSN), font pression sur le gouvernement Legault. « Ce gouvernement promet de créer de nouvelles places, mais sait très bien que cet objectif est inatteignable dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre qualifiée en CPE, exacerbée depuis un an par la pandémie. Une seule solution permettra de retenir ou d’attirer des ressources : de meilleures conditions de travail », a déclaré Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la FSSS – CSN.