L’opéra pour tous

L’atelier lyrique de Chambly propose des opéras avec des artistes venant de la ville même. La fondatrice Christiane Fournier espère démocratiser son art auprès de la population.

L’opéra, c’est d’abord le chant, mais aussi la musique. « Il faut savoir lire la musique pour être un bon chanteur d’opéra, assure Christiane Fournier, directrice artistique de l’atelier lyrique de Chambly. Lorsque j’accueille un nouvel élève, je donne un cours de chant associé à un cours de piano. Sans cela, il est peu probable qu’il dure dans la discipline. » L’une des principales difficultés concernant l’accès au théâtre implique les préjugés que le public s’en fait. « Quand les gens me demandent ce qu’est le théâtre, je réponds simplement que c’est une comédie musicale avec un compositeur d’une autre époque, renchérit la mezzo-soprano. Je raconte l’histoire. À ce moment-là, les jeunes veulent en savoir plus. Ils s’intéressent aux personnages, parfois s’identifient à l’un d’eux. De mon côté, j’associe les noms à ces personnalités. »

L’atelier lyrique de Chambly ouvre ses portes à quiconque souhaite faire du théâtre. Christiane Fournier souhaite partager l’une de ses passions avec un public de tout âge. « Mes élèves ont entre 6 et 70 ans. Je récupère des jeunes par le biais de l’école pour ensuite les faire évoluer individuellement afin qu’ils deviennent musiciens. Cela leur permet aussi d’évoluer en tant que personne. Pour être un chanteur d’opéra ou une cantatrice, il faut trouver sa voix, une bonne posture, bien respirer, avoir une bonne diction et savoir prendre sa place. Cela permet aussi d’évacuer toute forme de timidité. À ce sujet, mon chien aide pas mal les jeunes à se tranquilliser lors des cours. »

Hors de l’île de Montréal, les cours de chanteurs d’opéra sont plutôt rares, voire inexistants. Christiane Fournier ouvre grandes ses portes pour ceux qui souhaitent s’essayer. « Ces jeunes n’auraient pas pu avoir accès, financièrement parlant, ou même avoir l’opportunité d’aimer l’opéra. Cela peut être une vocation ou un passe-temps. Beaucoup s’épanouissent et se libèrent à travers le chant. Cela peut les servir dans leur vie. J’organise cela dans un cadre détendu même si mon exigence est professionnelle. »

Démocratiser l’opéra

L’atelier lyrique fête ses seize ans et la fondatrice poursuit ses efforts pour faire reconnaître son art au chapitre de la ville. « Je veux faire connaître l’opéra aux personnes de la région. Souvent, les gens reconnaissent les airs lors de publicités à la télévision et à la radio, mais pas les intrigues. Lors des représentations, nous mettons des sous-titres, car, surtout dans les aigus, le texte peut être plus difficile à comprendre. On veut que les spectateurs suivent l’action. Parfois, on a aussi recours à des narrateurs. » Outre cela, l’image de l’opéra réservé à l’élite peut aussi être un frein. « Je trouve plutôt que cela a évolué, précise Christiane Fournier. Autant, auparavant, les opéras étaient une passion des personnes riches, autant, aujourd’hui, les gens sont dans l’ignorance. Il faut juste bien expliquer ce que cela représente. »

L’histoire de Chambly est riche d’une relation unique avec l’opéra. La cantatrice mondialement connue Emma Albani y est née. La salle du Pôle culturel a même été renommée à son attention. « C’est pour cela que Chambly devrait être la ville de l’opéra, soutient l’artiste. Le conseil municipal a toujours été là pour nous et ce serait un signal important d’augmenter le nombre d’opéras dans la programmation du centre culturel. J’en parle aussi à mes jeunes afin qu’ils prennent la relève. J’aimerais bien léguer une petite maison de l’opéra à Chambly quand je ne serai plus là. Ce serait merveilleux. »