Loi sur les armes à feu : « On se trompe de cible »
La modification du projet de loi C-21, voulant bannir plusieurs modèles de la liste des armes à feu autorisées au Canada, est en cours. Des chasseurs estiment que le gouvernement fédéral se trompe de combat.
Damien Berger chasse souvent sur la Rive-Sud. Avec une dizaine de ses amis, il longe le Richelieu dès le mois de septembre, que ce soit pour les oiseaux migrateurs ou, plus tard dans la saison, pour le chevreuil. Selon les animaux, il est nécessaire de changer son arme.
Pour le canard, le trentenaire utilise un fusil Benelli qui pourrait bien faire partie de la liste des armes à bannir du pays par un nouvel amendement du projet de loi C-21, chargé de réguler les armes à feu au sein du Canada.
« C’est l’un des fusils les plus connus, explique-t-il. Je comprends que l’on puisse interdire la kalachnikov ou le lance-roquettes, mais là, c’est un non-sens. »
Les chargeurs comptant plus de cinq balles devraient être prohibés, de même que les armes dépassant les 10 000 kilojoules d’énergie au moment du tir. À l’heure de la commémoration de la tuerie de Polytechnique, le 6 décembre 1989, dans laquelle 14 femmes ont perdu la vie, la psychose d’une nouvelle tuerie de masse existe encore au Québec. Pour preuve, les récents confinements dans des cégeps, à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Laval, ainsi que dans un collège à Sainte-Thérèse. Du côté de Montréal, pas une semaine ne se passe sans un règlement de comptes armé depuis plusieurs mois.
Victime d’une image
Pour Damien Berger, cette décision est injuste. « On se trompe de cible. Il suffit de comparer les statistiques crimes avec armes à feu commis avec des armes enregistrées et non enregistrées. Le gouvernement ne va rien empêcher en visant les chasseurs, les fermiers ou les passionnés de tir. En 2020, un homme avait tué des personnes dans la rue au Vieux-Québec avec un katana. L’affaire aurait fait encore plus de bruit si une arme à feu avait été utilisée. Et là, a-t-on interdit les couteaux dans la rue? Le problème n’est pas l’arme, mais la personne qui la tient. »
Selon lui, c’est toute une catégorie de la société qui se retrouve pénalisée. « On enlève le plaisir à des gens qui ne sont pas responsables de crimes. On cherche à nuire à des passionnés. Certains trouvent du plaisir dans le yoga ou le soccer, moi, c’est le tir sportif. Notre activité est sécurisée.
Il existe un cours à ce sujet qui permet aux personnes d’obtenir des armes à autorisation restreinte. C’est la loi 9 de la Fédération québécoise de tir. Si, pendant un an, tu ne tires pas ou tu n’es pas inscrit dans un club de tir, on te retire ce cours. Il ne faut pas oublier que les sportifs de haut niveau, dont certains participent aux Jeux olympiques, tirent aussi par passion ou pour s’entraîner. Ils pourraient être affectés par cet amendement. »
Le chasseur se pose des questions sur l’avenir de son activité. Car si l’une de ses armes est concernée, qu’en adviendra-t-il? Il faut savoir qu’un fusil représente un investissement pouvant aller jusqu’à 6 000 $. « Le gouvernement me rachète l’arme ou me la reprend? Les armes de collection servant juste à décorer sont-elles aussi concernées? »