Jim Zeller au Festival de blues de la Montérégie à Chambly : l’homme harmonica
Le monstre sacré du blues, Jim Zeller, et son harmonica seront en prestation dans le cadre du Festival de blues de la Montérégie, à Chambly, le 6 juillet prochain, au parc des Ateliers.
La réputation de la légende musicale le précède. Elle n’est plus à faire depuis longtemps. Le septuagénaire a 33 présences au Festival international de jazz de Montréal à son actif. Sa musique lui a fait voir de l’humain. Mexique, République dominicaine, Cuba, Maroc, France, Espagne, etc., font partie des pays où il a fait vibrer son instrument à vent. Au Japon, il a même été baptisé Godzeller, en référence au fameux reptile mythique.
Le premier contact avec l’harmonica de Jim Zeller remonte à l’âge de 12 ans. Chez l’un de ses amis, pendant l’heure du dîner à Sherbrooke, trois ou quatre harmonicas traînaient au sol, dans la chambre dudit ami. « J’en ai mis un dans ma poche et je suis parti avec », raconte l’homme natif de Sainte-Agathe. Quarante ans plus tard, ils se sont retrouvés sur les réseaux sociaux et la version a pris une autre tournure, quelques décennies plus tard. « Il m’a dit » Jim, je t’avoue que tu ne m’as pas volé l’harmonica. Je te l’ai donné ». Je lui ai dit que j’allais garder la légende que je l’avais volé, c’est beaucoup plus sexy », ajoute en riant le musicien.
De grandes collaborations
Vers l’âge de 15 ans, il est parti sur le pouce à travers l’Amérique du Nord. « L’harmonica est devenu une deuxième voix. Quand tu voyages en jeune âge, il a été comme ma carte de crédit », établit l’homme au talent naturel. C’est à travers les Little Walter, Sonny Boy Williamson, Paul Butterfield ou Charlie Musselwhite qu’il a développé ses habiletés musicales.
Un peu avant sa vingtaine, il a auditionné pour jouer avec un groupe de Détroit, installé à Montréal, du nom de Shaky Al Band. C’est là qu’il a fait la connaissance de Jean Millaire, guitariste des groupes cultes québécois Offenbach et Corbeau, compositeur et conjoint de Marjo, avec qui il a développé une grande complicité. Zeller s’est mis à tourner aux États-Unis. Durant cette même période, il a accompagné à l’harmonica des légendes du blues comme B.B. King, Muddy Waters, John Lee Hooker, J.T. Hotto, Willie Dixon, James Cotton, Albert Collins et Frank Marino. « J’étais très chanceux. Mes cours de blues devenaient des racines assez intenses et riches », convient le bluesman, dont l’harmonica n’a jamais quitté la poche. Il vivait alors dans un loft à New York, « sur la 30e », en cette période qu’il identifie comme les « punk years ».
La gang à Bob Dylan
En 1975, après un spectacle au club l’Harmonique de Québec, on cogne à la porte de la chambre d’hôtel de Jim Zeller, la nuit, à deux heures. « Peux-tu descendre? La gang de Bob Dylan est arrivée et veut vous voir pour vous inviter à jouer à son show », relate au journal le musicien humble. Alors accompagné d’Alan Gerber, Zeller a ainsi partagé la scène, au Colisée de Québec, avec Dylan. De cette province, Robert Charlebois, Michel Pagliaro, Jean-Pierre Ferland et Boule Noire figurent sur la longue liste qu’énumère notamment celui que certains qualifient de « drôle de bibitte ».
L’extraterrestre musical
En 2019, Jim Zeller a sorti l’album Blues From Another Planet. Il caresse présentement le projet d’un nouvel album. « Depuis Internet, it’s a different game. Je ne fais pas un album pour dire que l’on va faire un album. Ça prend une étincelle créative qui se manifeste », exprime le musicien réputé pour sa polyvalence. Celui qui est considéré comme un virtuose par certains martèle sur l’importance de se réinventer. Il rappelle de ne jamais oublier l’étincèle initiale originelle qui a inspiré. « Il ne faut pas que ce soit trop prévisible et cliché », soutient-il. L’homme aime s’entourer de musiciens inspirants. « Je veux que l’on joue comme si c’était la dernière chance que l’on avait de jouer sur la Terre », lance-t-il dans l’absolu. C’est ce type d’héritage qu’il souhaite laisser. « J’ai toujours voulu être le Jimi Hendrix de l’harmonica », confie l’audacieux et humoristique musicien, en se qualifiant de « bluesman punk ».
Festival de blues de la Montérégie
Lors du Festival de blues à Chambly, Jim Zeller sera accompagné sur scène, dès 20 h, de Jimmy James, guitariste, Marc Deschênes, bassiste, Bernard Deslauriers à la batterie, ainsi que Bella Godmer au micro.
Anik Cormier, copropriétaire du Délires et Délices de Chambly, a initié, à l’aide d’Annie Martin, ce festival qui en sera à sa troisième édition. « On commence à être connus. Je pense que l’on est là pour y rester », déclare Mme Cormier. L’an dernier, sur quatre jours, environ 3 000 festivaliers se sont mobilisés. Cette année, le festival s’échelonnera sur cinq jours et s’étalera sur de multiples scènes, chez divers commerçants locaux. De 45 spectacles en 2023, le festival passera à 52 prestations extérieures cette année. La Société Blues de Montréal sera présente dans le cadre de l’événement.
L’une des nouveautés sera la scène Découverte, à la place de la Seigneurie. Issus des jam sessions du Délires et Délices, des artistes ayant su faire sourciller la direction de la microbrasserie ont été retenus pour montrer à la population de quel bois ils se chauffent.