Les vignerons se méfient de la renégociation de l’ALENA

Dans le cadre de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui a débuté aujourd’hui, les États-Unis exigent une plus grande place pour leurs vins, notamment ceux de Californie, sur le marché canadien. Les vignerons de la région s’opposent à cette requête.
Depuis décembre, les vignerons québécois peuvent vendre leurs produits dans les épiceries et les dépanneurs. Selon le vinificateur de la cidrerie et du vignoble Coteau Rougemont, Patrick Fournier, c’est possiblement ce changement qui a poussé les États-Unis à demander une plus grande latitude dans la vente de leurs vins.
Toutefois, M. Fournier rappelle que les vins américains ont déjà une bonne part du marché. Ils touchent 12 % des ventes à la SAQ comparativement à 1 à 2 % pour les vins québécois.
« C’est le principe de la souris qui fait peur à l’éléphant. On est tellement plus petit qu’eux. On ne leur fait pas d’ombre et on ne leur en fera pas pour longtemps », illustre le vinificateur en rigolant.
L’objectif pour le Québec est d’atteindre 5 % du marché d’ici 15 ans. Patrick Fournier indique que les producteurs des États-Unis voudraient, quant à eux, augmenter à 13 % ou 14 %.

« C’est le principe de la souris qui fait peur à l’éléphant. » – Patrick Fournier

Le vinificateur craint que les producteurs étrangers fassent reculer l’industrie vinicole au Canada. Toutefois, il ne croit pas que cela pourrait se produire du jour au lendemain.
Le propriétaire du Domaine De Lavoie, Francis Lavoie, ne s’inquiète pas non plus que des changements surviennent rapidement avec la renégociation de l’ALENA. Il croit néanmoins que si des vins moins coûteux en provenance de pays étrangers sont importés en plus grande quantité, les vignerons locaux n’arriveront plus à être compétitifs.
Maintenir la formule actuelle
M. Lavoie souligne également que, déjà au sein du pays, l’industrie viticole québécoise est moins avancée que dans d’autres provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique. C’est pourquoi il juge qu’elle doit être protégée. Il déplore que les États-Unis critiquent les restrictions relatives aux produits vendus et à leurs prix imposées par la SAQ.
« Il faut continuer avec le système qu’on a basé sur le monopole d’État de la SAQ et le droit de commercialiser dans les épiceries », affirme-t-il.
«S’il n’y avait pas la SAQ qui maintient le niveau des prix des vins, il n’y aurait pas d’industrie viticole au Québec », ajoute-t-il.