Les traces fatales du verglas

Lors du verglas de 1998, Sophie Asselin a perdu sa petite sœur, Geneviève, et son père, Michel, dans un incendie à Carignan. La Ville a baptisé un parc en l’honneur de son père.

Geneviève Asselin avait à peine 10 ans quand la vie lui a été arrachée. « Cet incendie en 1998 a évidemment été un événement marquant et tragique qui a changé nos vies à jamais », mentionne Sophie Asselin.

Michel Asselin était l’aîné, avec son jumeau Hervé, d’une famille de six garçons. Sophie Asselin le décrit comme un homme fier et travaillant. « Il aimait taquiner et avoir du plaisir, mais par-dessus tout, il aimait sa femme et ses enfants. Il l’a prouvé en sortant tout le monde de la maison lors de l’incendie du 18 janvier 1998, dont ma sœur Geneviève, au péril de sa vie », relate Mme Asselin. Grièvement brûlée, Geneviève n’a malheureusement pas survécu. « Il n’a pas pensé. Il s’est juste dit que sa fille était en haut et qu’il devait aller la chercher », ajoute-t-elle, émue.

Michel Asselin a survécu deux semaines avant de rendre l’âme à son tour. Sophie Asselin avait 15 ans lors de la tragédie. Après l’incendie, Sophie, avec sa famille, a vécu chez l’un de ses oncles à Carignan, pendant deux semaines. Ils sont ensuite allés chez sa grand-mère, à La Prairie, avant de déménager en appartement à Saint-Luc. « On attendait de voir ce que nous faisions avec la maison. Finalement, on a décidé de la faire reconstruire à Carignan », établit dans le temps Mme Asselin. Sa mère, Manon Lamarre-Asselin, y réside toujours.

Un parc en son honneur

En 1981, les parents de Sophie ont choisi de s’établir à Carignan. Sophie Asselin raconte que c’est au parc du Domaine de la Source, avec ses frères et sa sœur, qu’elle a passé son enfance à jouer. « En nommant ce parc en l’honneur de mon père, la Ville de Carignan nous fait un immense cadeau et nous en sommes très fiers. C’est un legs pour la postérité et, maintenant, tous ceux qui viendront jouer au parc Michel-Asselin connaîtront son histoire, sa bravoure et feront revivre sa mémoire », estime-t-elle.

Lors de l’inauguration du parc, Sophie Asselin a souligné la qualité des gens présents. « C’était des gens du quartier et des gens qui nous ont aidés après l’incendie. Je pense que c’était significatif aussi pour eux d’être là », évoque la femme de 41 ans.

Un documentaire pour se souvenir

La famille de Michel Asselin a accepté d’un commun accord de raconter sa douloureuse histoire dans le cadre d’un documentaire sur les 25 ans de la crise du verglas « pour témoigner de l’héroïsme de mon père et pour que d’autres que nous se souviennent ».

C’est la belle-mère de Sophie Asselin qui a mis l’histoire de sa famille en reflet. Celle-ci a déposé un mot sur les réseaux sociaux de Pénélope McQuade, qui souhaitait faire une émission pour souligner les 25 ans du verglas. Sa recherchiste a, plus tard, retracé Sophie Asselin. « Ce n’est pas nous qui avons couru après ce reportage. On ne voulait rien de sensationnaliste. On a vraiment beaucoup hésité. C’est douloureux et ce ne sont pas des choses dont on parle », explique Mme Asselin, qui rappelle que plusieurs proches actuels ne la connaissent pas, son histoire. 

Le tournage du documentaire a été une expérience « éprouvante » pour Sophie Asselin. « Ça m’a fait vivre une période stressante avec beaucoup de flashbacks. Se replonger là-dedans, ça fait remonter des souvenirs à la surface hyper-douloureux », termine la femme, qui, quotidiennement, a une pensée pour sa sœur et son père.

Le documentaire en question, 35 jours de noirceur, est offert par TVA+.