Les températures « anormalement douces » de février pourraient être une perspective de l’avenir
Pour le COVABAR, le bas volume de neige en ce mois de février, loin des normales de saison, est présage d’une diminution de risques d’inondations lorsqu’approchera le printemps.
C’est l’aspect positif de la situation pour Sylvain Lapointe, directeur général (DG) du COVABAR. Il souligne que la glace sur les eaux du territoire n’a pas été épaisse cet hiver. « Ils n’auront peut-être pas besoin de la » grenouille » », dit-il en faisant référence à l’excavatrice. Au printemps, elle remonte habituellement la rivière L’Acadie, à Carignan, afin d’effectuer des travaux pour éviter les inondations lorsque se forment des embâcles en amont de la rivière. En libérant la rivière de toute glace en aval, il est moins probable que cette dernière sorte de son lit par temps doux. « Côté sécurité publique, ça a un avantage. Du côté nature, ça vient perturber les sols », résume M. Lapointe.
Réserve souterraine limitée
Sylvain Lapointe s’inquiète cependant de cette absence de neige qui risquerait de diminuer la réserve de la nappe phréatique. « Si l’on a un été pluvieux, on s’en sort, mais un été sec deviendrait problématique », estime le DG, qui surveille les cours d’eau du territoire.
Il soutient que ces « nouveaux standards climatiques qui se mettent en place » pourraient « changer le portrait » en ce qui a trait à la culture et à la biodiversité.
Simon Legault, météorologue à Environnement et changement climatique Canada, convient que « ça fait un bout de temps que l’on n’a pas eu de neige de façon significative ». Le météorologue décrit la Montérégie comme étant « presque à nu » en matière de neige accumulée.
Des mois « anormalement doux »
M. Legault parle de la fin du mois de janvier et du début de février comme étant « anormalement doux ». Il indique d’ailleurs que des records ont été battus lors de la fin de semaine du 9 au 11 février. La journée du 9 a atteint 6,4 degrés Celsius, détrônant un ancien record de 6 degrés datant de 1990. Pour la journée du 10, le thermomètre s’est élevé à 8,5 degrés. Cette température n’a pas battu le record de 9,2 degrés Celsius de 2001 mais constitue tout de même une chaleur peu commune. Simon Legault chiffre les moyennes habituelles à -4 degrés au maximum et à -13 degrés la nuit, lors de cette période de l’année.
« On a été plus souvent qu’autrement au-dessus des normales que proche de la normale », soutient le météorologue. Il nuance toutefois qu’il n’est pas « exceptionnel en soi » de voir des poussées de chaleur au cœur de l’hiver permettant de battre des records. Il tient à mettre en garde que « ce n’est pas le printemps qui est arrivé ».
De son côté, André Monette, météorologue à MétéoMédia, ajoute que des températures « plus hivernales » sont à prévoir dans les prochaines semaines.
« Côté sécurité publique, ça a un avantage. Du côté nature, ça vient perturber les sols. » – Sylvain Lapointe
Un scénario à prévoir
Simon Legault relate que cet hiver pourrait être un aperçu de ceux à venir. « Ça se peut que dans les prochaines décennies, dans un contexte de changement climatique, on pourrait en voir plus souvent », envisage-t-il. Il prévoit des hivers aux températures douces où la neige peine à s’installer.
Dans une perspective de vingt à trente ans, André Monette mentionne aussi qu’il faut s’attendre à ce genre de scénarios de « douceur prolongée, surtout en Montérégie ».