Les libéraux préparent une fronde contre Couillard, selon la CAQ

POLITIQUE. Des députés libéraux préparent une fronde contre le premier ministre Philippe Couillard, soutient la Coalition avenir Québec (CAQ) à la suite de l’annonce d’une réunion spéciale du caucus du Parti libéral du Québec (PLQ) lundi soir.

En conférence de presse vendredi matin, le leader parlementaire de la CAQ, François Bonnardel, a affirmé qu’il s’agissait du «caucus de la discorde». Plusieurs élus libéraux lui ont fait part de leur mécontentement par rapport aux positions du gouvernement sur plusieurs enjeux, a-t-il rapporté.

«Il y en a plusieurs qui nous parlent et qui nous disent que cela n’a pas de sens, la façon dont leur premier ministre travaille, a déclaré M. Bonnardel lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. Plusieurs députés, selon ce qu’on entend, ce qu’on voit, mettent en doute certainement le leadership du premier ministre.»

Selon M. Bonnardel, ces députés se plaignent de ne pas avoir le droit de parole et désapprouvent le gouvernement sur le projet de loi 100 qui vise à encadrer Uber, le projet de loi sur le registre des armes à feu, le virage vert du premier ministre concernant les hydrocarbures à l’île d’Anticosti, ainsi que la gestion de la crise au ministère des Transports.

Pour sa part, le premier ministre a justifié la tenue de ce caucus exceptionnel. Il a dit que ce n’était pas une occasion de laver son linge sale en famille ou d’apaiser son aile parlementaire. C’est plutôt tout simplement une bonne idée, a indiqué M. Couillard.

«On s’est rendu compte que dans nos caucus quotidiens, on n’a que très peu de temps pour de bonnes discussions politiques», a déclaré M. Couillard en marge d’une annonce à Saguenay vendredi matin.

«On sent le besoin d’avoir ce genre de rencontre de façon régulière. (…) Là, on va se donner amplement le temps de discuter de la situation politique, de la fin de session, des priorités de cette session et de la prochaine session, et tout autre sujet que les députés voudront aborder. Un caucus où tout le monde peut s’exprimer est absolument essentiel.»

Il a renouvelé sa confiance envers son chef de cabinet, Jean-Louis Dufresne, attaqué par l’opposition pour son rôle dans la crise qui a frappé le ministère des Transports. «C’est un homme qui est excessivement dévoué au Québec, a dit le premier ministre au sujet de son ami. Ce n’est pas un rôle facile.»

La présidente du caucus libéral, Nicole Ménard, a confirmé jeudi que les députés libéraux se réuniront lundi à huis clos avec le premier ministre à l’occasion d’un caucus extraordinaire au manoir du parc de la chute Montmorency.

Mme Ménard a affirmé qu’aucun sujet précis n’est à l’ordre du jour de la rencontre, qui doit prendre la forme d’un souper «convivial». Elle a expliqué dans une entrevue qu’elle était personnellement à l’origine de cette initiative, qui n’a été réclamée par aucun député.

«On parle de dissidence et de fronde, de caucus de la discorde, parce qu’à ma connaissance, depuis que je suis à l’Assemblée nationale, je n’ai jamais vu un caucus de fin de session sans apparatchik, pour soudainement juste fêter la fin de session, a dit M. Bonnardel. Je ne crois pas du tout les commentaires de la présidente du caucus.»

Les derniers mois ont été houleux pour le gouvernement, plus récemment avec le retrait du conseil des ministres de Sam Hamad et les allégations d’irrégularités aux Transports formulées par l’ex-ministre Robert Poëti.

Dans ces deux cas, l’entourage de M. Couillard a été montré du doigt pour sa gestion de ces situations controversées.

Jeudi, Mme Ménard a affirmé qu’elle ignorait si des membres du caucus libéral arriveront avec des sujets précis à aborder à la rencontre, au manoir du parc de la chute Montmorency.

Dernièrement, le chef caquiste François Legault a lancé un appel aux jeunes libéraux qui s’opposent au projet de loi visant à encadrer Uber. Des membres de l’aile jeunesse du PLQ ont en effet ouvertement contesté la position de leur parti sur cet enjeu et disaient même être prêts à faire tomber les ministres Jacques Daoust et Dominique Anglade à leur investiture en vue du scrutin de 2018.

M. Legault les a invités à se joindre à son parti. La CAQ n’a pas voulu dire vendredi si des jeunes libéraux avaient fait le saut, mais a évoqué des «conversations privées» qui ont cours.