Les joueurs responsables
Philippe Privé est entraîneur d’ultimate à Chambly. Il nous présente son sport, qui possède la caractéristique de ne pas avoir d’arbitre.
Vous avez certainement déjà vu un match d’ultimate au détour d’un parc. Deux équipes s’affrontent afin d’amener le disque dans le zone de but adverse. Certaines règles prêtent à penser au football, mais tout compte fait, on est loin de là. « Les contacts ne sont pas tolérés, rappelle Philippe Privé, entraîneur responsable des jeunes au club de Chambly. Ce sport est pensé pour être mixte, même si les hommes marquent essentiellement les hommes et que les femmes restent sur les femmes. Il existe aussi plusieurs formats de compétition selon le nombre de joueurs présents. On peut jouer à quatre contre quatre, cinq contre cinq ou sept contre sept. »
L’autre grande particularité de l’ultimate est son esprit. Évidemment amateur, ce sport se développe dans les parcs et garde un esprit convivial même si la compétition est réelle. « Les joueurs s’auto-arbitrent, quel que soit le niveau, poursuit le technicien, qui a découvert l’ultimate dix ans auparavant. Des observateurs peuvent apporter leur point en cas de litige si un pied touche une ligne lors d’un attrapé, mais la règle principale demeure : » C’est la personne avec la meilleure perspective qui appelle la faute. » En cas de désaccord, on reprend le jeu normalement. »
Évaluer l’esprit de l’adversaire
Des règles de responsabilité imprégnées chez les adultes mais qui s’emploient aussi dans les équipes jeunes, en l’occurrence U13 et U16 à Chambly. Philippe Privé poursuit. « Cela commence dès l’âge de neuf ans. C’est une introduction, les adultes sont là pour encadrer. On les encourage à faire des appels et à résoudre les conflits. Ils assimilent cela plutôt rapidement. Cela les responsabilise de la dynamique de jeu. »
Une telle porte ouverte à l’interprétation des règles peut facilement être utilisée par un joueur ou une joueuse de mauvaise foi. Le coach balaie cet argument. « En cas de dérapage, l’équipe recadre son équipier ou équipière, car la dynamique de jeu n’est pas agréable. L’esprit de l’ultimate est toujours de favoriser le jeu. Dans plusieurs ligues, notamment à Montréal, il existe deux classements. Celui concernant les résultats et un autre comptant pour l’esprit sportif. À la fin de chaque match, l’équipe note l’esprit sportif de son adversaire. Peut-être que cela arrivera un jour à Chambly, mais pas pour le moment. Nous évoluons dans une ligue locale. »
Durant l’été, les jeunes peuvent évoluer en U13 à partir de neuf ans et en U16 une heure et demie par semaine. « Nous rassemblons des générations par la force des choses puisque nous avons deux équipes, explique Philippe Privé. Des enfants plus matures doivent composer avec des plus jeunes. Ceux qui reviennent apprécient particulièrement notre côté inclusif. Cette diversité et l’auto-arbitrage permettent aux jeunes de développer l’esprit d’équipe et la faculté à gérer les conflits. »
Désormais, les entraîneurs chamblyens travaillent d’arrache-pied pour populariser l’ultimate. « On organise des ateliers pour enseigner les techniques, les règles et la dynamique des matchs, explique Philippe Privé. Ensuite, on organise des matchs. Chez les U16, on essaie même de planifier des rencontres face à d’autres clubs comme Longueuil, Saint-Hyacinthe ou Saint-Jean. »