Les dommages collatéraux d’un changement de nom de rue
La brasserie artisanale et le musée de la bière Bedondaine et Bedons Ronds, au 255, rue Ostiguy, sera l’une des bâtisses les plus affectées par le changement du nom de la rue sur laquelle réside l’enseigne.
L’annonce a frappé à la porte de Bedondaine et Bedons Ronds sans prévenir en début d’année. La rue Ostiguy va devenir la rue Petrozza. « Personne ne nous a consultés ou prévenus. J’ai appris ça le 15 janvier, la veille de la séance du conseil municipal et j’avoue être encore sous le poids de cette annonce qui aura des effets considérables pour nous », explique Nicolas Bourgault, gérant de la brasserie.
Le Journal de Chambly annonçait le 10 janvier le changement du nom de rue au profit des fondateurs du restaurant Tre Colori, la famille Petrozza. La Ville pensait alors voter la résolution lors de la séance du conseil municipal de février. C’est finalement lors de la première rencontre de l’année que les conseillers se sont entendus pour que la rue Ostiguy devienne la rue Petrozza.
« Le nom Colborne sera éliminé pour être remplacé par la rue et le parc Ostiguy. L’actuelle rue Ostiguy deviendra la rue Petrozza, permettant ainsi de mettre de l’avant le rôle qu’ont joué ces bâtisseurs plus récents du Québec, issus de l’immigration et d’une intégration remarquable », a fait savoir la Ville de Chambly.
M. Bourgault s’est rendu à l’hôtel de ville lors de la dernière séance du conseil municipal, pour faire connaître ses inquiétudes pour les frais que ce changement engendrera pour son commerce.
« Je me questionne au niveau des coûts que cela me causera. Il n’y a pas que les frais de Postes Canada qu’il faudra régler, il y a des milliers de dollars qu’il faudra de nouveau investir dans la modification du lettrage de nos camions et remorques et dans les frais administratifs de changement d’adresse au sein de divers paliers de gouvernement ou d’organisme », a fait savoir au micro de l’assemblée publique le gérant.
Denis Lavoie, maire de Chambly, lui a alors dit que la Ville l’accompagnerait dans ses démarches. Il a précisé au Journal de Chambly par la suite qu’il « répondrait à toutes ses questions. Mais nous ne travaillons pas à la Ville pour des intérêts personnels, ils sont toujours collectifs. »
Chambly a annoncé qu’elle « informera officiellement les occupants des rues Ostiguy et Colborne sur les modalités reliées aux changements d’adresse. Elle assumera les frais exigés par Postes Canada pour ce type de modification. Une période de transition est prévue afin de laisser le temps aux citoyens d’effectuer tous les changements requis. »
Une histoire
Rencontré le lendemain par le Journal de Chambly, M. Bourgault tentait de s’expliquer pourquoi ce changement de nom de rue sans avoir de réponse. Au lendemain du conseil municipal, il avait retenu comme information que son problème était la résolution 12.2, sans en savoir plus.
« Mais est-ce que c’est définitif ? Je crois qu’il est possible d’honorer la famille Petrozza, que je respecte profondément, d’une autre manière. Pourquoi ne pas octroyer à la famille Petrozza le nom d’une place, d’une nouvelle rue, d’une nouvelle construction marquant justement l’apport des bâtisseurs plus récent du Québec ? Pourquoi déplacer le nom de la rue d’une famille fondatrice de Chambly, qui avait son magasin général à cet emplacement ? Je crois même que la famille Ostiguy a fait don de cette rue à la Ville de Chambly. C’est là qu’était la famille Ostiguy, pas ailleurs. La rue originale est ici. Il y a une histoire à cet endroit. Toute l’histoire est reliée au lieu physique. On ne peut pas tasser cette rue comme si elle n’avait jamais existé. »
Des coûts importants
Les frais de Postes Canada pour le changement d’adresse seront loin d’être les coûts les plus importants pour l’entreprise. Le brasseur craint le moment où il devra faire le décompte de tous les frais et de toutes les démarches administratives qu’il devra entreprendre.
« Tous mes permis, qui touchent sept départements différents de gouvernement, sont rattachés à l’adresse sur Ostiguy. En changeant le nom de la rue, je devrai refaire toutes mes démarches. Obtenir un permis d’alcool, cela peut prendre des mois. Et encore, je ne compte pas tous les documents légaux, le changement de lettrage de mes camions, le remplacement de toutes mes brochures publicitaires et de tous les autres objets promotionnels. Tout ça va impliquer plusieurs dizaines de milliers de dollars qu’on n’a pas. C’est comme si je commençais un nouveau commerce avec une nouvelle place. Je m’attends à beaucoup de surprises. Je suis bien curieux de savoir comment on va nous aider. »