Les contraventions à Chambly parmi les plus élevées au Québec
STATIONNEMENT. Les visiteurs doivent jouer de prudence au moment de se garer dans les stationnements municipaux de Chambly. Les montants des contraventions y sont parmi les plus élevés au Québec.
Pour sa recherche, le Journal de Chambly a consulté toutes les politiques de stationnements payants des villes québécoises ayant une population supérieure à 20 000 habitants. Les données sont tirées des estimations de l’Institut de la statistique du Québec de 2016.
Chambly remporte la palme de l’amende la plus salée, à 77$.
Les montants des contraventions se rapprochant le plus de Chambly sont ceux de Montréal, Québec, Gatineau et Westmount avec 53$.
« On a regardé ailleurs ce qui se faisait et les billets étaient de 50$, indique le maire, Denis Lavoie. [Les frais] nous ont jeté en bas de notre chaise. C’est 33% de la taxe gouvernementale. C’est de même qu’on s’est fait pogner. »
M. Lavoie affirme que l’administration municipale réfléchit sérieusement à cette situation.
« Mais ça, encore une fois, ça ne touche pas les citoyens de Chambly. Toutes nos mesures sont faites en fonction de nos citoyens », ajoute le maire.
Mesures atténuantes
Les résidents de Chambly ont droit d’utiliser les stationnements payants gratuitement, à condition qu’ils se soient procuré une vignette, elle aussi gratuite.
Même si d’autres villes ont également des vignettes pour leurs citoyens, seule Chambly les offre gratuitement.
« Je suis le maire de Chambly, lance M. Lavoie. Si les deux villes limitrophes ont refusé les offres qu’on leur a faites, ce n’est pas de ma faute. Je pense que mon thème de campagne en 2013 était clair: Pour Chambly, Chambly d’abord. »
Situation peu commune
En Montérégie, parmi les villes comptant entre 20 000 et 40 000 habitants, Chambly (29 079) est la seule à demander un tarif pour utiliser ses stationnements municipaux.
Selon le maire, les horodateurs avaient été demandés par les commerçants dans le passé pour permettre un meilleur roulement de leur clientèle.
« Je ne connais pas beaucoup de villes qui ont un centre-ville comme le nôtre avec un bassin qui attire 400 000 visiteurs », estime le maire Lavoie. Il croit que peu de villes sont comparables à celle de Chambly, en raison de réalités différentes.
Au Québec, six villes d’une population supérieure à 20 000 habitants sur 28 demandent un tarif pour se garer dans un stationnement municipal. Seul Westmount, qui utilise le même tarif que le centre-ville de Montréal (3$/heure), est plus coûteux que Chambly (2$/heure).
La période où les stationnements sont payants à Chambly est aussi une des plus longues de la province, avec un total de 79 heures en fonction par semaine, au-delà de la moyenne provinciale qui se situe à 68,2 heures.
« Nous sommes une ville ludique, affirme le maire Lavoie. Il faut s’adapter au marché. Le legs que je vais donner, c’est la pérennité d’injecter des capitaux dans le centre-ville pour le patrimoine, l’histoire et les activités culturelles. »
Selon le ministère des Affaires municipales, chaque municipalité peut établir ses règles ou ses barèmes sur les coûts exigés en matière de stationnement. Les municipalités sont autonomes dans cette sphère.
Des tarifs élevés, mais pas injustifiés
Le coût des stationnements payants de Chambly semble cher, mais pas arbitraire, selon la professeure associée de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, Louise Pilette.
De manière générale, l’implantation des horodateurs vise à résorber des problèmes de trafic de transit. « Habituellement, la tarification est en lien avec les coûts estimés par la Ville pour fournir le stationnement et assurer une disponibilité. Le tout sert à éviter des pertes de revenus dans les commerces locaux », mentionne-t-elle.
Si Chambly est une petite municipalité, la professeure rappelle qu’elle attire un fort lot de touristes pendant la période estivale.
Cette dernière croit que les tarifs pourraient être révisés si la problématique de trafic de transit s’améliore.
Difficile d’établir les tarifs
Le prix d’une contravention est difficile à fixer, aux yeux du professeur de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche.
« Si la punition n’est pas assez élevée, ça n’incite pas les gens à suivre les règlements. Je connais des gens qui se disent que ça devient plus rentable de payer une amende de temps en temps que de payer les horodateurs à tous les jours. »
Le professeur estime que le fait de diriger les fonds amassés à la conservation du patrimoine a ses avantages. « C’est une très bonne communication politique. Ça fait moins mal aux utilisateurs puisqu’ils pensent que ça contribue au patrimoine », ajoute-t-il.
Des fonds dirigés vers le patrimoine
L’an dernier, la Ville avait instauré un tarif pour les stationnements et les contraventions dans le but de mettre en place un fonds pour la conservation du patrimoine.
Selon la directrice d’Action patrimoine, Émilie Vézina-Doré, cette solution est originale, mais doit rester un moyen supplémentaire pour conserver les édifices avec une valeur patrimoniale dans une municipalité.
« C’est une belle initiative qui peut être un supplément aux investissements que doivent déjà faire les municipalités. Ces dernières ont l’obligation déjà, avec la Loi sur les biens culturels, de prévoir ce genre d’investissement dans leur budget annuel. Cela ne doit pas être une mesure qui finance à 100% le projet », mentionne-t-elle.
Avec la collaboration d’Annabelle Baillargeon.
Les stationnements en chiffres*
117 703$
Argent amassé avec les constats d’infraction liés aux horodateurs de juin 2016 au 20 février 2017.
89 031,13$
Revenus perçus par les horodateurs entre le 15 juin 2016 et le 5 mars 2017.
54,16%
Pourcentage de propriétaires de véhicules de promenade de Chambly (19 047) qui se sont procuré une vignette de stationnement (10 316), en date du 27 février 2017.
*Selon les données de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) et de la Ville de Chambly.