Les chauffeurs d’autobus de Chambly réclament un salaire équitable
SYNDICAT. Une délégation de 23 chauffeurs d’autobus, sur les 42 travaillant pour Autobus Chambly, ont participé à la consultation sur les conditions de travail, organisée par le Conseil central de la Montérégie de la CSN, le 6 mars, à Brossard.
Les membres du Secteur transport scolaire (STS) de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP) de la Montérégie demandent l’obtention d’un décret de leurs conditions de travail, incluant un salaire de référence.
Selon la présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus Chambly – CSN, Nancy Lemieux, ses collègues ont été surpris d’apprendre les revendications syndicales.
« Je veux tenir les membres au courant de ce qui se passe et les encourager à rester unis, affirme la présidente. Maintenant, qu’ils le savent, ils veulent soutenir le syndicat et se mobiliser. »
Salaires trop bas
À la suite d’un processus d’évaluation de l’emploi, auquel le gouvernement et les associations des transporteurs ont participé, le comité de travail a établi que le taux horaire minimal devait être de 19,14$ en janvier 2015. Cela représente actuellement un taux indexé de 19,74$.
« Depuis le dépôt de nos recommandations salariales en 2015, le gouvernement est demeuré muet », déplore le vice-président de la FEESP, Yvon Godin.
« Au Québec, certains conducteurs ne sont payés guère plus que le salaire minimum à 10,75$ l’heure, d’où toute l’importance de notre revendication », ajoute-t-il.
La présidente du syndicat local croit qu’il est temps que le gouvernement agisse et reconnaisse le travail des chauffeurs d’autobus.
« Ça fait 20 ans que nous nous battons pour cela. Ça serait bien qu’il nous écoute, déclare-t-elle. Une mère ou un père de famille ne peut pas survivre avec un tel salaire. »
Nancy Lemieux mentionne qu’avec le temps cet emploi devient de plus en plus exigeant, car les chauffeurs doivent notamment s’occuper d’enfants à besoins particuliers et s’assurer qu’il n’y ait pas d’intimidation.
Réaction de l’employeur
La directrice générale d’Autobus Chambly, Isabelle Robert, est consciente que la charge de travail est plus grande qu’avant et souligne sa difficulté à recruter.
« Nous aimerions en donner plus pour que l’embauche soit plus facile, mais nous dépendons des contrats qui nous sont octroyés par les commissions scolaires et elles relèvent du ministère de l’Éducation », affirme Mme Robert.
Une tournée de mobilisation provinciale
Lors de la consultation, des discussions ont eu lieu sur les différents moyens de pression possibles.
« On ne parle pas de grève; on n’en est pas encore là, assure toutefois le vice-président de la FEESP. Mais on se mobilise massivement partout au Québec afin de faire connaître nos revendications. Pour le reste, ce sera à nos syndicats d’en décider. »
La tournée provinciale vise à rencontrer les quelque 3300 conducteurs membres de la FEESP.
La solution du salaire de référence
À chaque renouvellement de contrat, les commissions scolaires peuvent lancer des appels d’offres afin de retenir le transporteur le moins cher.
« Les transporteurs qui chargent moins cher sont aussi ceux qui payent le moins bien leurs salariés, dénonce M. Godin. Ce sont eux qui risquent d’obtenir les contrats que les employeurs détiennent, ce qui menace directement l’emploi et les conditions de travail de tous les conducteurs de véhicule scolaire. »
Par conséquent, pour l’ensemble des membres, dont la présidente du Conseil central de la Montérégie, Annette Herbeuval, la solution demeure le salaire de référence.
« Le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour que ce salaire soit versé aux femmes et aux hommes qui accomplissent ce travail », a conclu la présidente.
Rappelons qu’au Québec, plus de 575 000 écoliers, soit un peu moins de 60% de tous les élèves du primaire et du secondaire, montent à bord des autobus scolaires tous les jours.
Avec la collaboration d’Adaée Beaulieu