Les chants d’amour des Anoures près de chez vous
Au Québec, l’ordre des Anoures est représenté par 11 espèces : grenouilles, rainettes et crapauds. Au printemps, lors de la saison de reproduction, les mâles chantent afin d’attirer les femelles. Certaines espèces possèdent même des sacs vocaux pouvant amplifier le son, qui peut parfois être entendu à plus d’un kilomètre!
Ces chants d’amour très diversifiés peuvent être confondus avec ceux des oiseaux ou des grillons. Certains sont aussi très amusants, comme celui de la grenouille des bois, qui ressemble à des gants de caoutchouc que l’on tord, celui de la rainette versicolore, qui ressemble à une sonnerie de téléphone, ou bien celui du ouaouaron rappelant un sabre laser.
On retrouve les Anoures dans des habitats très variés dépendamment de la période de l’année. Au cours de l’hiver, certaines espèces hibernent au sol dans les débris végétaux comme les feuilles mortes, alors que d’autres hibernent plutôt dans le fond des étangs et des ruisseaux. Au printemps, les individus se reproduisent dans les milieux aquatiques où la végétation est abondante pour ensuite se disperser dans divers types de milieux afin de s’alimenter et de s’abriter. La plupart des grenouilles sont associées à des milieux aquatiques tels que les marécages, les étangs, les tourbières, les lacs et les bras morts de rivières. Elles peuvent être également observées en forêt ou dans les champs en friche. Les rainettes, quant à elles, sont majoritairement arboricoles. Grâce à des ventouses au bout de leurs doigts, elles sont en mesure de grimper aux arbres bordant les milieux aquatiques, où elles chassent des insectes. Finalement, le crapaud, lui, est très bien adapté à la déshydratation et peut se retrouver dans des milieux plus secs comme les friches, les carrières et les champs, où il aime s’enfouir sous le sol à l’aide d’un tubercule sous le pied lui permettant de creuser.
Malgré une grande diversité d’habitats, les Anoures sont tous dépendants des milieux humides afin d’assurer le développement des œufs et la croissance des têtards. Une diminution des effectifs d’Anoures a été notée depuis les dernières années, possiblement en raison de la disparition progressive de leurs habitats. Les collines Montérégiennes, telles que le mont Rougemont, où 5 des 11 espèces d’Anoures du Québec sont retrouvées, représentent les derniers ilots forestiers de la Montérégie où ces amphibiens peuvent se réfugier. L’Association du mont Rougemont propose aux propriétaires de la montagne des mesures pour limiter la perturbation des milieux humides en instaurant des zones « tampons », en évitant la circulation dans de tels milieux ou en construisant des traverses convenables lorsque ces passages ne peuvent être évités.
Une bonne façon de faire le suivi des populations d’Anoures est d’ailleurs d’écouter leurs chants d’amour. Chacune des espèces possède un chant qui lui est bien particulier. Il est donc possible de les identifier sans même les voir! Ensuite, si, au cours des années, la puissance des chants diminue ou disparaît, c’est signe d’une perturbation du milieu. En plus de respirer par les poumons, les Anoures respirent par leur peau perméable et sont donc très sensibles à la qualité de leurs habitats. Ils sont ainsi d’excellents bioindicateurs de la qualité de l’eau et des écosystèmes. Un concert de chants est signe qu’un écosystème est en santé. Tandis que le silence… est un signal d’alerte!