Les canons continueront de retentir à Rougemont
RÉGLEMENTATION. Les canons à air pour protéger les récoltes des oiseaux continueront de retentir au domaine De Lavoie à Rougemont, mais le conseil municipal compte sur le bon jugement du vigneron Francis Lavoie pour les heures d’utilisation de ces engins.
Lors de la dernière séance du conseil le 6 juillet dernier, les élus ont voté en faveur d’un projet pilote qui vise à favoriser une cohabitation harmonieuse entre les activités agricoles et les gens qui résident près de ce secteur.
Si le projet permet aux producteurs de se servir de ces appareils uniquement afin de protéger leur production des attaques d’oiseaux, il permet toutefois l’utilisation du lever au coucher du soleil.
Cette contrainte de temps a suscité des questions lors de la séance du conseil. « Ça va être encore pire, avant ça commençait à 7 h, mais l’été, le soleil se lève à 5h », lance Julie Déragon, une citoyenne.
Francis Lavoie s’est empressé de lui répondre qu’il ne commencerait qu’à partir de 7 h. Ce dernier a d’ailleurs pris la parole pour assurer qu’il ferait preuve de bonne volonté, en plus de remercier le conseil pour sa collaboration.
« La nature est imprévisible. Nous allons utiliser une série de moyens pour ne pas utiliser les canons », ajoute le vigneron.
La politique de la Ville permet tout de même l’usage des canons en cas d’urgence. Questionné par des citoyens à savoir qui déterminerait si la situation est urgente, le conseil a répondu qu’il se fiait aux producteurs qui ont recours à ces appareils.
« S’ils marchent tous les jours, ça ne marchera pas. On va évaluer en fin de saison s’il y en a eu plus ou moins que les autres années. On tente une médiation entre deux extrêmes. D’un côté, les producteurs veulent continuer de s’en servir toujours, alors que les citoyens veulent en interdire l’utilisation complètement. On tente ce compromis », mentionne le conseiller Michel Arsenault.
« On sursaute chaque fois »
En avril dernier, plus de 120 personnes s’étaient présentées à la consultation publique portant sur ce dossier. Mme Déragon avait d’ailleurs récolté une cinquantaine de signatures sur une pétition en 2014 pour faire cesser le vacarme à Rougemont.
« Je ne peux même pas m’asseoir sur ma galerie parce qu’on sursaute chaque fois que ça saute. Je ne vois pas ce que le projet pilote va amener de mieux. J’ai des doutes que M. Lavoie coopère vraiment. Ça coûte cher des canons. Je ne comprends pas pourquoi il utilise ça lorsqu’il existe d’autres moyens », ajoute-t-elle, en assurant qu’elle portera plainte dès qu’elle sera témoin d’un excès.
Le maire Alain Brière a encouragé les citoyens à laisser la chance au coureur. « On pellettera lorsqu’il neigera. Il faut à présent travailler sur l’avenir plutôt que sur le passé », soutient-il.
M. Germain, un citoyen, a découvert de nouvelles technologies pour remplacer les canons au cours de quelques recherches sur le web. Les drones sont utilisés en Europe pour rediriger les oiseaux, ainsi que dans les aéroports.
Francis Lavoie a démontré un grand intérêt pour cette technique et a confié au Journal faire les recherches nécessaires pour voir de quelle façon il pourrait utiliser ces appareils.
Rappelons qu’en décembre 2014, le propriétaire du golf de Rougemont Normand Fortin avait envoyé une mise en demeure au propriétaire du Domaine De Lavoie, Francis Lavoie. Il avait aussi porté plainte peu de temps avant à la Sûreté du Québec et celle-ci avait donné un constat d’infraction à Francis Lavoie. Toutefois, la Cour municipale à Saint-Césaire avait donné raison à M. Lavoie, en octobre 2014. De plus, en septembre 2013, M. Fortin avait déposé au conseil une pétition exigeant le retrait des canons à air.
Politique sur l’utilisation des canons effaroucheurs
-Distance de retrait minimale entre une habitation et le canon à respecter est de 200 mètres
-Informer les voisins dans un rayon de 300 mètres
-Faire fonctionner les canons uniquement durant le jour, du lever au coucher du soleil
-Favoriser la mise en commun des ressources
-Utilisation en cas d’urgence est permise
-Laisser une distance d’au moins 150 mètres entre deux canons adjacents
-Ne jamais laisser un canon produire une détonation à intervalle de moins de 4 minutes