Vallée-du-Richelieu : le recyclage moderne

La SÉMECS est l’un des rares centres de biométhanisation du Québec. Grâce à cette entreprise, ce sont des tonnes de déchets de la MRC de la Vallée-du-Richelieu, autrefois enfouis, qui sont recyclés chaque année.

Que deviennent les déchets de votre bac brun? Pour les résidents des MRC de la Vallée-du-Richelieu et de Rouville, destination Varennes et plus précisément le centre de biométhanisation baptisé SÉMECS (Société d’économie mixte de l’Est de la Couronne Sud), où ils sont traités. « On reçoit 120 000 tonnes de matière organique chaque année, affirme Sylvain Berthiaume, directeur général de la SÉMECS. Pour que notre modèle économique soit viable, cela nous prenait plus qu’une MRC. Ainsi, nous avons sollicité les MRC de la Vallée-du-Richelieu, de Rouville et de Marguerite-D’Youville pour ce projet. Elles ont adhéré. »

« Le centre de biométhanisation reproduit à grande échelle ce que fait le corps humain. » – Sylvain Berthiaume

Le centre de biométhanisation détient cette particularité d’être une entreprise privée à majorité municipale. « La technologie employée étant peu connue et coûteuse, nous avons donc eu recours à une entreprise privée, poursuit Sylvain Berthiaume. Pour cela, nous avons choisi Biogaz EG et cette entreprise détient 33 % du centre de biométhanisation. Ensuite, les MRC de la Vallée-du-Richelieu (29 %), de Marguerite-D’Youville (22 %) et de Rouville (16 %) en détiennent une partie proportionnellement à leur population. Aujourd’hui, nous desservons 700 000 citoyens de la Rive-Sud en comptant Longueuil, qui est un client. »

Liquide, gaz ou solide

Chaque jour, ce sont plusieurs camions qui viennent déverser le contenu des bacs bruns des résidents pour le déchiquetage.

« C’est la première étape, poursuit le directeur générale de l’entreprise. Le centre de biométhanisation reproduit à grande échelle ce que fait le corps humain. On collecte la matière pour ensuite la broyer et l’évacuer en termes d’eau, de digestat ou de gaz. L’eau est réutilisée par nos services ou rejetée dans les fleuves avec le soin de l’avoir traitée conformément aux normes, le gaz est envoyé à Énergir ou l’entreprise Greenfield, la filiale de Biogaz EG, et le digestat est donné aux agriculteurs. »

Au centre de ce système, une hélice tournant à 200 tours par minute permet de faire encore un tri. « Tout ce qui est léger, comme le plastique, flotte. Donc, nous pouvons le récupérer, explique Sylvain Berthiaume. Tout ce qui est plus lourd redescend et est évacué. Nous comptons de 10 à 12 % de rejet. Au bout du compte, il reste cette pulpe de matière organique que nous pouvons recycler. » Car encore aujourd’hui, des déchets non désirés se retrouvent dans le bac brun, à l’instar de cette boule de quilles exhibée dans les bureaux de la SÉMECS comme l’exemple à ne pas faire, ou encore une structure de plomb aussi retrouvée dans l’amas de récupération. « C’est sûr que tout ce qui est dans la cuisine, on aime ça, ajoute le directeur général. Le sucre et le gras peuvent aider à fournir du gaz. Aussi, on accueille les fleurs et les plantes, mais pas le gazon, qui devra être déversé dans le bac vert. »

De même, des cas particuliers peuvent s’ajouter dans la gestion du bac brun. « On ne veut pas de bouteille de lait vide, par exemple, précise Sylvain Berthiaume. Par contre, si elle contient plusieurs litres d’huile, on est heureux de la reprendre. On ne met pas de contenant vide dans le bac brun. Aussi, on ne veut pas de couches pour adultes. Souvent, ce sont des couches qui contiennent des antibiotiques ou autres médicaments et on veut les éviter pour préserver la qualité de notre matière organique. »

Précurseur

Basé à Varennes, le centre de biométhanisation réussit à contenir les mauvaises odeurs liées aux déchets. Si bien qu’en approchant du site, les relents des détritus peinent à être détectés. « Le bâtiment recueillant les déchets est sous pression négative, approfondit Sylvain Berthiaume. Les mauvaises odeurs n’atteignent pas les bureaux, qui, eux, sont sous pression positive. »

La SÉMECS annonce produire chaque année 10 tonnes de digestat et, pour 2024, 210 000 giga joules d’énergie récupérée. « Il existe déjà des centres de ce genre à Québec et à Rivière-du-Loup, et un autre est en cours de construction à Montréal, souligne le directeur général du centre. Il est vrai que dans un sens, nous sommes précurseurs et on nous sollicite pour exporter notre modèle, mais on veut d’abord le consolider ici avant d’aller ailleurs. »