Le propriétaire de la maison Thomas-Whitehead s'oppose à son classement

PATRIMOINE. Le ministère de la Culture et des Communications désire classer la maison Thomas-Whitehead, située à Chambly, comme site patrimonial. Cette décision est contestée par son propriétaire, Martin Delsaer, qui ne pourra pas utiliser le terrain adja

M. Delsaer a acheté la résidence du 2592, avenue Bourgogne en 2011 et avait songé à exploiter son terrain en raison de sa grandeur.

« J’ai déjà eu des plans. J’aurais aimé déplacer le garage et en faire un duplex qui aurait été bien intégré et qui aurait mis en valeur la maison », explique-t-il.

Bien qu’il n’ait plus un tel objectif, le classement l’empêcherait de procéder à un quelconque aménagement de son terrain, car il serait aussi classé comme patrimonial.

Martin Delsaer déplore aussi que le ministère fournit seulement de l’aide financière pour l’entretien de la maison et non pas de son terrain, même dans le cas où les deux sont classés. Il ajoute qu’aucune compensation financière n’est versée pour le propriétaire.

Nouvelles règles

Le président de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, Paul-Henri Hudon, explique que la résidence, qui date de 1815, a été classée par le ministère en 1985. Le propriétaire de l’époque, Jean-Paul Brenn, l’a ensuite complètement restaurée en 1987.

« Aujourd’hui les règles ont changé au ministère et ils veulent que non seulement la maison soit classée, mais aussi son environnement », mentionne-t-il.

M. Hudon déplore que de tels changements puissent être apportés au détriment du propriétaire.

« Je trouve ça malheureux que le ministère change ses règles comme ça, déclare-t-il. C’est un embêtement que les gens aient des maisons classées aujourd’hui. Ça leur met des bâtons dans les roues. »

L’ancien propriétaire ne partage pas le même avis. «Qu’une maison soit reconnue comme site patrimonial par le ministère, c’est un privilège», affirme-t-il.

Recours

Les personnes intéressées à faire des représentations auprès du Conseil du patrimoine du Québec avaient 60 jours pour agir à compter du 15 février. C’est à cette date que l’avis public du ministère a été publié dans le Journal de Chambly.

Le propriétaire désire donc envoyer une lettre au ministre et au cabinet du premier ministre pour exposer sa situation.

« Bien que votre fonction soit de protéger les biens classés, je ne vous reconnais aucun droit de restreindre ma liberté en ce qui a trait au terrain de ma propriété. En ce qui me concerne seulement le bâtiment principal est classé », peut-on lire dans cette lettre.

M. Delsaer compte employer les grands moyens s’il n’arrive pas à convaincre le ministère.

« S’il ne recule pas dans sa démarche et si je n’ai pas des excuses de sa part, probablement que je ne terminerai pas ce que j’ai à faire sur la maison et que je vais la vendre », affirme-t-il.

Le ministère justifie sa décision

La porte-parole du ministère, Anne Marcoux, a souligné que les modifications nuiraient à la valeur historique du site.

« Après avoir analysé la situation, le ministère considère qu’une subdivision du terrain et une nouvelle construction sur le nouveau lot pourraient avoir un impact négatif sur les valeurs patrimoniales de la maison Thomas-Whitehead .»

Histoire de la maison

La maison de Thomas Whitehead, un militaire de carrière et commis à l’intendance de la caserne du fort Chambly, est surnommée la Maison Bleue. Elle a été construite en 1815 et a donc 202 ans.

Elle serait une des plus anciennes maisons de Chambly, avec celles Boileau et dite « du gouvernement », située au 32, rue Centre. Cette maison a été peinte par Robert Pilot en 1934. Le tableau est la propriété du Musée des Beaux-Arts de Montréal.