Le promoteur parle du projet

Le promoteur Groupe Sélection, dont le projet vise à démolir le bâtiment patrimonial Bennett Fleet, réagit à la contre-expertise commandée par la Ville.

Les démarches avec la Ville pour ce projet remontent à 2019. Au début de 2021, Beaupré Michaud et Associés, Architectes s.e.n.c.r.l, ont remis leur contre-expertise dont le mandat était de réaliser un carnet de santé détaillé de l’édifice qui rassemble toutes les informations relatives à l’état de la structure interne et celui de son enveloppe extérieure; et établir un diagnostic sur la faisabilité de recycler ou non le corps d’origine de l’ancienne Bennett Fleet pour un projet multirésidentiel tel que celui soumis par Groupe Sélection. « Nous avions eu une recommandation favorable au Comité consultatif d’urbanisme (CCU) et quand nous sommes arrivés au Comité de démolition, on nous a signalé l’importance d’aller chercher une contre-expertise à la suite de notre expertise, établit d’entrée de jeu Mylène Dupéré, vice-présidente affaires publiques et communication corporative. Considérant la demande et les besoins, nous avons mis sur pause la demande d’autorisation de démolition. La contre-expertise et notre expertise en sont arrivées à la même conclusion en ce qui a trait à l’enveloppe de l’édifice (fenêtre, murs, etc.), soit que rien ne pouvait être récupéré. Toutefois, certains éléments de la contre-expertise nous préoccupent », met-elle en reflet.

Matériaux réutilisables?

« Ce qui peut être récupéré, ce sont des dalles de béton qui font partie de la structure et qui ne seront pas visibles quand le projet sera terminé. De surcroît, nous sommes préoccupés par cette structure, car ces dalles présentent de la moisissure et nous sommes inquiets quant à la qualité de l’air qui s’ensuivra. Étant donné que l’on fait du locatif, on reste propriétaire du bâtiment, on le gère par la suite. Donc, on a tout avantage à être un bon citoyen corporatif », mentionne Mylène Dupéré.

Si l’on nous oblige à faire un projet pour lequel il n’y a pas de rentabilité et qu’il y a des risques trop élevés, tant pour la santé des futurs occupants que pour l’environnement, ça devient beaucoup moins intéressant. » – Mylène Dupéré

Groupe Sélection n’est pas en phase avec la contre-expertise lorsqu’il est question de coûts. « L’expert laisse sous-entendre que ce serait moins cher de garder la structure actuelle alors que pour nous, ce sont des coûts supplémentaires importants. Par exemple, on a un ratio de stationnement à maintenir. Si l’on garde la structure, on doit excaver d’une façon beaucoup plus importante, car on ne peut pas décontaminer le sol sous la structure et on ne peut pas excaver, construire un stationnement souterrain sous cette structure. Donc, si l’on garde la structure, cette excavation plus importante soulève deux dangers : coûts augmentés avec une excavation plus profonde, et il y a le volet touchant le canal de Chambly, en ce sens que c’est un site patrimonial et que c’est inquiétant d’aller excaver près de celui-ci dans ce contexte. » En guise d’option, « l’architecte de la contre-expertise dit de faire le stationnement en surface, explique Mme Dupéré. Faire cela aurait pour effet de diminuer considérablement les espaces verts prévus et ce n’est pas intéressant pour nous. Ça fait des îlots de chaleur supplémentaires et ce n’est pas très agréable d’aller prendre une marche dans un stationnement ».

Risque que le projet tombe à l’eau

En résumé, le projet se divise en deux complexes de six étages. Une résidence de 246 unités pour personnes retraitées (RPA) et un bâtiment de 183 unités dans lequel se trouvent des résidence de type familial. Une garderie serait incluse à ce dernier. L’aménagement d’un parc public et d’une piste cyclable longeant le canal est aussi inscrit au plan. Un projet de cette envergure représente un investissement d’environ 150 M$. « Pour que nous puissions aller chercher une rentabilité, on doit atteindre ce nombre d’unités. Si l’on n’est pas capables d’aller chercher un projet qui soit rentable, force est de constater que mon promoteur aura de la difficulté […] On a vu que des élus ont demandé à ce que nous revoyions le projet. On l’a déjà vu à plusieurs reprises. On aimerait avoir l’opportunité de parler avec les élus pour leur expliquer comment on voit la contre-expertise. On a fait un effort considérable pour faire un rappel historique du bâtiment à l’intérieur et à l’extérieur. Ce que l’on comprend de cette dernière demande, c’est de garder une structure qui hausserait considérablement les coûts et que les gens ne verraient pas. C’est presque impossible d’aller dans cette avenue-là. Pour nous, l’acceptabilité sociale du projet, c’est important, mais si l’on nous oblige à faire un projet pour lequel il n’y a pas de rentabilité et qu’il y a des risques trop élevés, tant pour la santé des futurs occupants que pour l’environnement, ça devient beaucoup moins intéressant. Dans ce cas, la question si l’on reste ou pas se pose », termine la vice-présidente.

Selon Groupe Sélection, les coûts de démolition et de décontamination sont estimés à 5 M$, dont 3 M$ pour la décontamination. « Il est difficile de confirmer l’échéancier de développement à l’heure actuelle, parce que la construction n’est pas amorcée et que la date du début des travaux n’est pas établie. Il reste encore certaines étapes cruciales à franchir, mais on peut parler de quelques années avant de pouvoir compléter l’entièreté du projet et de ses aménagements extérieurs », ajoute Claude-André Mayrand, conseiller principal, relations gouvernementales et relations publiques.

Le Journal de Chambly a tenté de parler avec la firme Beaupré Michaud et Associés, Architectes s.e.n.c.r.l, qui a eu le mandat de faire la contre-expertise, mais il n’a pas été possible d’obtenir de réponse au moment d’écrire ces lignes.

À lire sur le sujet : https://www.journaldechambly.com/plus-douverture-de-la-part-du-promoteur/