Le pire résultat au pays

Les Québécois ont la pire santé buccodentaire au pays, selon une étude indépendante commandée par l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec; un résultat que souhaite voir changer l’hygiéniste dentaire indépendante chamblyenne, Karine St-Onge.

Selon cette étude, la province affiche le taux le plus élevé de caries chez les enfants. Ainsi, 42 % d’entre eux commencent la maternelle avec au moins une carie. Autre constat préoccupant : environ 5700 enfants subissent chaque année une chirurgie dentaire sous anesthésie générale en milieu hospitalier, ce qui aurait pu être évité par la prévention durant la petite enfance.
En septembre 2020, l’Assemblée nationale adoptait le Projet de loi 29, qui accordait l’autonomie des hygiénistes dentaires au Québec. Depuis, la population peut prendre rendez-vous directement avec l’hygiéniste dentaire de son choix, que ce professionnel soit en cabinet dentaire ou à son compte. Tout comme ses homologues hygiénistes dentaires, Karine St-Onge souhaite atteindre une patientèle qui a de réels besoins et qui a un budget plus restreint. « Nous sommes des professionnels de première ligne qui pouvons changer bien des choses et surtout aider et être bienveillant. Nous aimerions changer ces statistiques désolantes », mentionne l’experte en parodontie. Depuis que les hygiénistes dentaires de l’Ontario sont reconnus comme des professionnels à part entière, les statistiques défavorables ont fait un tour à 180 degrés. « L’Ontario a misé sur la santé dentaire préventive, ce qui a été extrêmement bénéfique », ajoute Mme St-Onge.

Parmi les hygiénistes dentaires autonomes au Québec, certains ont décidé d’offrir leurs soins à domicile, comblant ainsi un besoin chez une clientèle à mobilité réduite ou inexistante. « Ce besoin était criant et, heureusement, nous pouvons joindre ces patients qui n’ont parfois pas eu de nettoyage dentaire depuis plus de cinq ans, et ce n’est pas par manque de volonté, bien au contraire », nuance la Chamblyenne.

Pas d’argent pour la bouche

À cause des frais reliés à la santé buccodentaire, qui ne sont pas couverts par l’assurance maladie, l’entretien de la bouche peut être une étape escamotable pour certains qui ne bénéficient pas d’assurance. Les libéraux de Justin Trudeau et les néodémocrates de Jagmeet Singh ont conclu un pacte permettant aux libéraux de demeurer au pouvoir jusqu’à la prochaine élection en 2025. En contrepartie, les libéraux s’engageraient à développer des programmes chers aux néodémocrates, par exemple pour la création d’un programme d’assurance dentaire universel. « La couverture dentaire par le régime public est déjà en vigueur au Québec pour les plus démunis et les enfants de moins de 10 ans. Une société riche et équitable, comme la nôtre prétend l’être, devrait garder en tête toutefois que la santé dentaire et buccale fait partie intégrante de la santé en général, et se comporter en conséquence », commente le député de Beloeil-Chambly, Yves-François Blanchet, qui considère que le fédéral n’a pas à s’imposer en cette « compétence exclusive du Québec et des provinces. La volonté des libéraux, en faisant avaler un marché de naïfs au NPD, est de mettre en œuvre leur propre plan de centralisation des pouvoirs entre les mains d’Ottawa », termine le chef bloquiste.

Des statistiques à se mettre sous la dent

– Plus de 4 Canadiens sur 10 n’ont pas d’assurance dentaire. Les personnes sans couverture ont plus tendance à être des personnes âgées, à avoir un revenu plus faible, ou à habiter dans une région rurale, au Canada atlantique ou au Québec.
– Près de 56 % des Canadiens de plus de 60 ans n’ont pas d’assurance dentaire.
– Plus de 1 Canadien sur 5 n’a pas eu recours à des soins buccodentaires professionnels depuis plus de 2 ans (2018).
– Au cours de l’année 2018, la majeure partie de la population canadienne a rendu visite à un professionnel des soins dentaires (74,7 %); cependant, 22,4 % ont évité d’y aller en raison du coût.