Le patrimoine familial reprend du service à la ferme Daignault

La ferme Daignault et fils renaît de ses cendres, moins d’un an après le violent incendie qui a ravagé l’entreprise familiale de Saint-Mathias-sur-Richelieu où ont péri près de 160 vaches. La semaine dernière, leur nouvelle étable accueillait ses nouvelles bêtes et les huit survivantes, sous les yeux émus de Rémi et de Pierre Daignault.
« Je veux te présenter Pierre de Lumière et Tournesol, mes petits veaux », a lancé la petite Eva, en accourant lors de l’arrivée du Journal de Chambly.
Dans l’étable, une trentaine de bêtes étaient réunies, dont les deux nouveau-nés qu’affectionne particulièrement la fillette de six ans.
Les bêtes survivantes se fondent dans le décor, gardant à jamais les traces du tragique incendie, la peau marquée à jamais par le feu.
« Nous avions laissé nos taures survivantes chez les voisins le temps de la construction de la nouvelle étable. La journée où nous sommes allés les chercher, c’était très émotif », s’est souvenue Christine Aubin, la conjointe de l’un des copropriétaires, Rémi Daignault.
Douloureux souvenirs
Le 17 juillet 2016, un problème électrique est à la source d’un important brasier qui a emporté avec lui la ferme et la quasi-totalité du troupeau. Avec les bâtiments qui sont disparus en fumée, cet événement a causé des pertes de près de 2,5 M$ pour l’entreprise.
Trois mois plus tard, la famille donnait déjà le premier coup de pelle pour lancer les travaux de reconstruction.
« Nous sommes des personnes optimistes qui ne se laissent pas abattre, a reconnu Mme Aubin. Après quelques semaines, nous avons pris la décision de rebâtir et on s’est retroussé les manches ! »
Les propriétaires ont fait l’acquisition d’un troupeau de Mirabel et d’un autre de Saint-Maurice, en plus de faire l’achat de bêtes de bonne famille des fermes du coin. Les Daignault ont investi un bon montant, le prix moyen d’une vache se chiffrant à 4000 $.
« Si mon beau-père avait été seul, l’incendie aurait été la fin. Nous sommes jeunes et nous avons dû prendre un prêt. Nous allons sans doute le payer jusqu’à la retraite », a ajouté Mme Aubin.
Version améliorée
En entrant dans l’étable, la première pièce fermée abrite le réservoir à lait, de 2500 gallons. Tout près de l’étable, les robots de traite (Monobox GEA) ont été ajoutés à l’équipement de la ferme.
Les propriétaires ont profité des travaux de construction pour moderniser leur équipement. Une fois que les bêtes seront habituées, la traite pourra se faire automatiquement, grâce à cette nouvelle machine informatisée.
Dans la bâtisse de 100 pieds de large et de 337 pieds de long, l’entreprise familiale se prépare à accueillir près de 200 animaux, en comptant la relève.
L’achat des vaches et la construction du bâtiment modernisé représentent un investissement de près de 3,5 M$ pour la ferme Daignault.
Avec l’élection de Donald Trump comme président des États-Unis et les inquiétudes des producteurs laitiers quant aux quotas et à la gestion de l’offre, la famille se réjouit de recommencer les affaires au moment où les quotas ont été redonnés.
Histoire de famille
Le 2 juillet, le camion d’approvisionnement de lait passait pour la première fois depuis l’année dernière pour venir chercher le lait produit à la ferme de Saint-Mathias.
« Cette date sera toujours symbolique pour nous. On fait ça par passion. Mon chum se lève tous les matins vers 5 h 30 pour aller voir les vaches. Ma plus jeune l’accompagne presque tous les matins », a raconté Mme Aubin.
« Je veux travailler avec papa plus tard », a rétorqué la petite Eva.
La famille compte organiser des portes ouvertes à la ferme une fois qu’elle sera bien installée et que ses bêtes seront habituées, à l’hiver prochain. Par le passé, les jeunes de l’école Pointe-Olivier venaient visiter ses installations en sortie de fin d’année.
« On a vécu d’autres épreuves, ça fait 13 ans que mon conjoint et moi sommes ensemble et nous sommes sortis plus forts », a affirmé Christine Aubin.