Le Dernier Sacrement

Est-il vrai que les gens croyants meurent plus en paix que les non-croyants? C’est la question que se pose le journal en compagnie de Denis Bouchard, auteur, metteur en scène et comédien de l’œuvre Le Dernier Sacrement, qui prendra vie le 5 novembre prochain sur les planches du Pôle culturel de Chambly.

« Je me suis dit »Merde! C’est ben mal parti pour moi! ». » C’est ce que répond Denis Bouchard après avoir lu un texte, à la suite du décès de son père, stipulant que les gens croyants mouraient plus en paix que les autres.  

L’homme se définit comme étant agnostique. Il doute. Il ne peut pas prouver que Dieu existe, mais il ne peut prouver son contraire. « Les religions sont des institutions humaines créées par les hommes. Je ne suis pas convaincu que les dieux, s’ils existent, seraient nécessairement d’accord avec ce que les hommes ont inventé pour les honorer. Je pense que si Jésus revenait sur Terre, il pognerait un deux minutes de voir le Vatican », nuance-t-il en riant.  

« Je pense que si Jésus revenait sur Terre, il pognerait un deux minutes de voir le Vatican. » – Denis Bouchard

Il a cherché à comprendre l’état d’esprit d’une personne s’apprêtant à mourir. C’est en allant à la rencontre d’individus en fin de vie qu’est née cette histoire qu’il raconte. Il a remarqué que les crises de foi sont souvent en fin de vie. Il en est aussi venu à la conclusion que la prémisse de départ, voulant que les croyants meurent plus légèrement, n’était pas juste. « Ce sont ceux qui font la paix avec leur propre vie et leur propre mort qui quittent sereins », résume Denis Bouchard. Il dénote que les gens ayant fait la paix avec leur mort sont des gens parfois empreints d’humour. Il raconte avoir apporté des chocolats à l’une des femmes en fin de vie. « Elle me dit »Merci, M. Bouchard, mais je ne pourrai pas les manger, car je n’entrerai pas dans mon urne. » », exprime-t-il avec un sourire dans la voix.

Serein face à sa mort

Est-ce qu’à travers l’oeuvre, Denis Bouchard apprivoise sa propre mort, finalité qui attend tous les vivants? « Je ne suis pas rendu là », dit-il d’emblée. Il soulève toutefois deux notions. D’une part, il est de plus en plus porté à croire que si Dieu existe, il est davantage un état qu’un être. En second lieu, il constate que le plus dur n’est pas de mourir en soi, mais bien d’accepter qu’il ne soit pas témoin d’une partie de la vie de ses enfants. « Ça, c’est un gros crisse de deuil à faire! », pousse-t-il avec émotion.

Le Dernier Sacrement

La pièce se passe aux soins palliatifs. Elle implique une infirmière croyante et sa fille, jeune pratiquante, qui entourent un ex-professeur atteint d’un cancer généralisé, non croyant, mais qui doute. Trois générations. Trois points de vue sur la mort, la religion, la spiritualité et l’existence de Dieu font de ce Dernier Sacrement « une pièce inattendue tout aussi drôle que dramatique », critique la SPEC du Haut-Richelieu, en charge de la programmation du Pôle culturel de Chambly. À ses côtés, l’acteur joue avec Marylou Belugou et Ayana O’Shun. « C’est important d’intégrer ces différences. C’est une pièce sur la tolérance, sur l’acceptation des différences. J’avais à coeur que ces différences soient dites et acceptées de part et d’autre », contextualise l’artiste. La pièce est décrite comme en étant une à la fois touchante, dramatique et empreinte d’humour.

Expérience immersive

Avant la COVID-19, la pièce en était une immersive où le spectateur faisait partie intégrante du spectacle. Dans chacune des salles où la pièce était jouée, les spectateurs étaient invités à participer au volet immersif, 20-25 minutes avant l’entrée en salle. Le but était de recréer l’unité de soins palliatifs d’un hôpital quelconque. De petits sketchs humoristiques de cinq minutes chacun, inspirés d’évènements cocasses réels mettant en scène deux figurants, les trois acteurs et le personnel de la production, étaient joués à plusieurs reprises et simultanément pour que le maximum de spectateurs puisse participer.