Le ballon rond au féminin

Les joueuses professionnelles internationales canadiennes de soccer ont récemment manifesté leur volonté d’obtenir les mêmes égards que les hommes en termes de salaire. Des demandes comprises par le club de Chambly, qui s’attache à traiter de manière égale les deux genres depuis plusieurs années.

La condition féminine dans le soccer est un combat que mènent actuellement les internationales canadiennes. Elles ont réclamé un accord leur permettant d’obtenir un salaire égal à celui des hommes. « Je les comprends, assure Patrick Morin, président du club de Chambly. Ce sont les filles qui ont davantage fait rayonner le soccer canadien à l’international. Elles ont gagné les Jeux olympiques en 2020 alors que les garçons ont été battus au premier tour de la dernière Coupe du Monde. »

« Nous avons des talents, nous savons les garder un moment, cela prouve que notre encadrement est de qualité. » – Patrick Morin

Plus localement, à Chambly, la question de la représentativité féminine est abordée depuis plusieurs années. Patrick Morin ne s’en cache pas. « Au niveau provincial, les filles représentent 40 % des licenciés. Dans le club, ce chiffre monte à 45 %. Notre défi était de trouver le moyen de les attirer et de les conserver au sein du club. La solution a été de les séparer des garçons dès l’âge de quatre ans. En bas âge, les garçons sont plus rudes et ne font pas la différence si leur adversaire est masculin ou féminin. Lassées, les filles ne reviennent plus. Elles cherchent davantage un côté social, alors que les garçons sont plus compétitifs. »

Pour préserver la bonne ambiance chez les jeunes, le club penche aussi pour des pratiques tournées vers le jeu. « On fonctionne beaucoup par ateliers, admet le président. On se tourne vraiment vers le plaisir dans les catégories de bas âge. Ensuite, les joueuses sont plus difficiles à garder vers 15-17 ans, les centres d’intérêt peuvent changer ou bien elles évoluent à un autre niveau. »

C’est le cas d’ailleurs de Maika Massé et de Maelya St-Jacques, toutes deux sélectionnées par le CF Montréal pour faire partie de la première génération de soccer féminin du club. « Elles sont parties à Brossard pour évoluer à un plus haut niveau de compétition, affirme le dirigeant. Cela montre que nous sommes sur le bon chemin. Nous avons des talents, nous savons les garder un moment, cela prouve que notre encadrement est de qualité. »

D’autres joueuses ont aussi fait le choix de partir pour l’aspect compétitif vers Brossard et Saint-Hubert. Un exode que regrette Patrick Morin. « On aurait aimé les garder jusqu’à 14 ans, mais on ne peut pas les empêcher de partir. On avait pourtant un super groupe. »

Pour éviter ce genre de mésaventure et développer le club, Chambly postulera bientôt à la licence provinciale, une reconnaissance de Soccer Canada concernant les infrastructures du club, lui permettant aussi d’accéder à un nouvel échelon de compétition. « Nous ferons notre demande en 2024 pour l’obtenir en 2025. En tout cas, on est confiants en nos moyens, car beaucoup de clubs prennent nos joueuses. On doit réaliser un bon travail. »