L’APTS souhaite une renonciation de la réforme Dubé en santé 

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) somme le gouvernement de renoncer au projet de loi 15 dans sa forme actuelle.

D’ici décembre, tous les établissements du réseau seront réunis sous la bannière Santé Québec, qui sera responsable de tout le volet opérationnel du réseau de la santé et des services sociaux, de même que de son équipe de direction vers le déploiement de la nouvelle structure. Avec ce projet de loi, qui comporte plus de 300 pages et 1 180 articles, Québec vise à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace.

« C’est un langage d’entreprise. Nous sommes un réseau humain. » – Isabelle Mantha

Concernant l’avenir des soins offerts aux patients, Isabelle Mantha, représentante nationale APTS de la Montérégie-Centre, dit « qu’il faut donner la chance au coureur ». Son association craint toutefois une perte de capacité à desservir la clientèle au sein du nouvel organigramme. « Serons-nous en mesure d’assurer la qualité et l’accessibilité dans un temps raisonnable? », questionne-t-elle.

Langage d’entreprise

La présidente-directrice générale de l’agence Santé Québec est Geneviève Biron. « Elle parle d’expérience client, dans le réseau de la santé. C’est un langage d’entreprise. Nous sommes un réseau humain. On ne veut pas être soumis à des statistiques, à des critères, à des chronomètres ou à de l’efficience pour satisfaire un comité », nous fait part Mme Mantha.

Il y a deux semaines, Geneviève Biron s’est rendue entre les murs de divers secteurs du CISSS de la Montérégie-Centre. « Nous n’avons jamais su le moment ni le lieu. Comme partenaire syndical, nous aurions aimé nous présenter à elle et nommer des préoccupations de nos membres. C’est dommage. Ça nous laisse un petit goût amer », relate Mme Mantha.

Vers le privé?

Isabelle Mantha pointe trois grands thèmes qui lui semblent au cœur du projet de loi. En premier lieu, elle soulève « l’ouverture et l’officialisation » de l’utilisation du privé dans le réseau. « On ne voit rien dans cette loi qui ralentirait l’accès aux services dans les cliniques privées. Au contraire, nous pensons que ça va peut-être accélérer le recours au privé », estime la représentante syndicale, qui aurait souhaité voir les subventions aux cliniques privées être coupées. Plutôt que de vouloir « à tout prix » refonder le système de santé et de services sociaux par l’entremise d’une agence, l’APTS suggère au ministre Dubé de réinvestir massivement dans celui-ci. « Nous l’invitons à chercher à financer son propre réseau plutôt qu’à assurer des marges de profit à l’industrie privée. Un système efficace est avant tout un système public bien financé. À ce titre, nous considérons que le projet de loi actuel s’éloigne de l’objectif », juge la déléguée syndicale.

Une autre centralisation 

Mme Mantha décrie la création d’une « énième » formule de centralisation. Après les réformes Couillard et Barrette, la réforme du ministre de la Santé, Christian Dubé, sera la troisième en 20 ans. « Le ministre parle de proximité, mais c’est une perte d’identité. On grossit encore la patente. C’est impensable que Québec gère tout ça », entrevoit-elle. Elle se questionne à savoir si la bureaucratie alourdira le travail de ses membres.

« L’histoire ne nous a pas démontré que les réformes précédentes avaient allégé le réseau. »

La technologiste médicale de formation ajoute la création de nouveaux enjeux concernant les relations de travail. « Il y aura une perte de couleur dans nos dispositions locales. Les réalités et les enjeux diffèrent d’une région à l’autre », se préoccupe Mme Mantha. 

Devant cette restructuration, Isabelle Mantha résume la position de l’APTS. « Le réforme devrait s’articuler autour d’une véritable décentralisation, d’une vraie démocratisation et d’un modèle à 100 % public et universel qui permettra de répondre aux besoins de toute la population du Québec. »

Le CISSS de la Montérégie-Centre a fait savoir qu’il n’était pas en mesure de répondre aux questions du journal dans les délais demandés.