L’ancien marché démoli
La maison sise au 13-15, Lafontaine, qui a jadis abrité un marché et une caserne de pompiers, n’est plus. Après avoir traversé toutes les étapes, elle a été démolie le 4 novembre.
Avant sa démolition, Raymond Ostiguy, de la Société d’histoire de la Seigneurie de Chambly, s’y est rendu à deux reprises afin d’en faire un rapport. « Les propriétaires m’ont permis d’ouvrir les murs et les planchers », mentionne-t-il. Dans ses découvertes, il souligne la superposition de six couches de plancher, du papier peint.
La propriétaire, Sacha Brodeur, mentionne ne pas avoir trouvé beaucoup d’éléments d’intérêt. « Je m’attendais à trouver des trucs que j’aurais pu réutiliser comme déco, mais on n’a rien trouvé », affirme-t-elle. Au nombre, quelques vieux journaux et un livre de comptes. Les propriétaires ont toutefois récupéré des poutres qu’ils réutiliseront dans la nouvelle construction.
Mathieu Pratte, photographe engagé par la Société d’histoire, a, de son côté, pris différents articles tels portes, fenêtres et planches de bois. Il veut les restaurer et les redonner à la Ville, pour que celle-ci puisse garder un héritage de l’endroit. Cette maison a abrité les premières rencontres d’élus.
Le Chamblyen souligne qu’il souhaite que cette maison ne tombe pas dans l’oubli. « Elle fait partie du patrimoine historique de Chambly. C’est un peu ma façon de pouvoir faire ma part pour le patrimoine bâti », dit-il.
Type de construction
M. Ostiguy a été surpris « de ne pas avoir trouvé une construction pièce sur pièce » puisqu’elle date de 1849. Ce type de construction, qui consiste en de longs morceaux de bois réunis ensemble au coin, avait été utilisé dans la maison Boileau.
L’homme a noté que la propriété a subi plusieurs changements, passant d’un marché à une caserne pour ensuite devenir une résidence. Il souligne qu’à l’intérieur, la tour de séchage des boyaux, visible aussi de l’extérieur, a complètement été amputée et changée. Son intégrité architecturale est classée moyenne. Son intérêt patrimonial est jugé élevé en raison de son historique.
M. Ostiguy se désole toutefois de ne pas avoir pu assister à la démolition. « Pendant la démolition, on apprend beaucoup sur la construction », dit-il. Selon la propriétaire, il s’agit d’un problème de communication. Elle affirme avoir tenté de le joindre et avoir avisé la Ville. « Je pensais qu’il serait présent », assure-t-elle.
Mme Brodeur affirme que son voisin a tout filmé du début à la fin, précisant que la démolition s’est déroulée très vite. La vidéo pourra être visionnée.
« Je m’attendais à trouver des trucs que j’aurais pu réutiliser comme déco, mais on n’a rien trouvé. » – Sacha Brodeur
Artefacts
Selon les dires de la propriétaire, aucun vestige n’a été trouvé lors de la démolition et lorsque la fondation a été creusée. « Il n’y avait pas de fondation (sur l’ancienne maison), donc, ce n’était pas creux. À l’endroit où l’on a creusé, la terre n’a jamais été remaniée. Il n’y a jamais eu d’excavation. Les sites d’intérêt sont plus au fond, où l’on ne touche pas », affirme Mme Brodeur. Elle ajoute qu’il y a également des frais reliés à effectuer des fouilles.
M. Ostiguy rappelle que lorsque des objets sont trouvés, les personnes doivent en aviser le ministère de la Culture.
Selon lui, puisque le bâtiment a déjà appartenu à la municipalité, la Ville aurait dû faire certaines démarches pour effectuer des fouilles archéologiques. À la Ville, on soutient qu’« avec la réglementation municipale actuelle, la Ville n’a pas le pouvoir de faire des fouilles archéologiques sur un terrain privé ».
Rapport des archéologues
M. Ostiguy déplore également que la Ville a exigé un rapport d’archéologues pour délivrer le permis de démolition, mais qu’aucun suivi n’a été fait. Cet aspect a été soulevé également à quelques reprises lors de séances du conseil municipal. La Ville a informé les propriétaires, qui ont payé pour ce rapport, de cette volonté et afin de connaître leur avis.
Pour le moment, il n’est toujours pas public. Mme Brodeur affirme qu’il le sera « éventuellement ». Certains commentaires évoqués publiquement par des citoyens les ont découragés de le faire avant la construction. « On se fait détruire sur les réseaux sociaux », affirme-t-elle.
Le processus pour effectuer la démolition de ce bâtiment, dont la fondation était en piètre état, a pris plus d’un an et demi.
« On ne veut juste plus avoir de bâtons dans les roues. On veut se construire, déménager et ensuite on publiera le rapport », indique Mme Brodeur.
Le rapport de l’ingénieur en bâtiment, fourni pour la demande de démolition, a révélé entre autres une pourriture des solives, l’érosion de la fondation, une infiltration d’eau et une importante corrosion de la tuyauterie.
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