La relève assurée dans la communauté anglophone de Chambly
PORTRAIT. Les anglophones ne représentent plus que 5% de la population chamblyenne, alors qu’ils en formait le quart il y a 40 ans. Néanmoins, leur communauté tissée serrée reste dynamique et bien visible grâce à l’arrivée de jeunes familles.
«Dans les écoles anglophones, il y a un grand sens de la communauté», affirme Nancy Turriff, enseignante à l’école secondaire régionale Heritage, située dans l’arrondissement de Saint-Hubert, et résidente de Chambly.
La directrice de l’école primaire William-Latter à Chambly, Isabelle Lessard, renchérit en mentionnant que plusieurs activités sont organisées et qu’autant les anglophones que les francophones y participent.
La même dynamique se retrouve à l’église Saint-Stephen puisque de nombreux événements se déroulent à la salle Randell Hall, qui appartient à la paroisse anglicane.
Nouvelle génération
Le retour des jeunes familles bilingues grâce au développement de la banlieue est un des facteurs qui a permis à la communauté anglophone de demeurer vivante.
Le boom immobilier qui a pris place au début des années 2000 a affecté directement le nombre d’inscriptions dans les écoles anglophones environnantes.
«Quand je suis arrivée en 2012, il y a avait 300 élèves et là il y en a 385», indique Mme Lessard.
«C’est sûr que dans n’importe quel territoire de notre commission scolaire où il y a eu des développements immobiliers récemment, il y a eu une augmentation des inscriptions», ajoute le directeur par intérim de l’école secondaire régionale Heritage, Frederic Noirfalise.
Par exemple, la famille de Deirdre Wilson, qui fait partie du comité de parents de William-Latter, s’est installée à Chambly il y a 10 ans, pour se rapprocher de son travail.
Dans les dernières années, Mme Wilson a constaté une augmentation du nombre d’anglophones.
«Quand je suis arrivée, j’étais la seule anglophone, mais maintenant quand je vais à l’épicerie, à la banque ou dans les restaurants j’entends parler anglais», mentionne-t-elle.
Des prédécesseurs
Quelques aînés assurent aussi la pérennité de la communauté, mais, comme l’indique le marguillier de l’église Saint-Stephen, Claude Dubois, leur nombre a diminué de façon considérable en raison du vieillissement de la population.
«Il y en a beaucoup qui sont décédés. Quand je suis arrivé en 1990, il y en avait déjà qui avait 75 ans et plus», mentionne-t-il.
Le paroissien Ken Moquin, qui a été conseiller municipal de 1987 à 2009, se rappelle que plusieurs citoyens venaient poser des questions aux élus en anglais.
L’exode des anglophones dans les années 1970 avait aussi été éprouvant pour la communauté.
Danielle Bird, une francophone mariée à un anglophone, Bill Bird, vivait à Chambly à l’époque et elle vu des anglophones de son entourage quitter le Québec, notamment en raison du travail.
«Certains ont dû déménager parce que les compagnies pour lesquelles ils travaillaient ont quitté Montréal», raconte-t-elle.
L’élan du mouvement souverainiste faisait aussi peur aux anglophones. «Tu perds ton pays. Oui, tu es Québécois, mais tu es Canadien avant tout, affirme Mme Bird. Si le Québec se sépare, probablement qu’on va déménager en Ontario.»
Statisitiques sur les anglophones de Chambly
23,02%
Pourcentage de résidents de Chambly ayant l’anglais comme langue maternelle en 1971.
13,29%
Pourcentage de résidents de Chambly ayant l’anglais comme langue maternelle en 1981. La population anglophone de la Ville a chuté de plus de 40% en 10 ans, passant de 2640 à 1580.
4,78%
Pourcentage de résidents de Chambly ayant l’anglais comme langue maternelle lors du dernier recensement en 2011. La forte croissance démographique chez les francophones a fait diminuer la proportion d’anglophones.
273
Élèves de l’école primaire William-Latter lors de l’année 2015-2016 qui habitent Chambly. Il y a trois ans, ce nombre s’élevait à 214.
À lire aussi: Les anglophones, une présence historique à Chambly