La passion du dessin

Marie-Pier Bouchard, illustratrice chamblyenne, a su construire sa place dans un univers où la créativité est reine.

Plus jeune, la dessinatrice prenait divers cours de musique. « Chaque fois que je devais pratiquer, je n’aimais pas ça et j’allais toujours dessiner. Je m’évadais. Pour moi, je ne réfléchis pas quand je dessine, je ne me casse pas la tête, ça vient tout seul », illustre la Chamblyenne.

Vers 16 ans, elle s’y est mise « plus sérieusement ». Elle a peaufiné son style. Des expositions ont suivi, entre autres dans le cadre de spectacles en plein air de la série Sur l’air de Chambly!. Ses illustrations se sont vendues en ligne. Au fil du temps, elle s’est fait connaître. « Il faut trouver son propre style. C’est facile de copier des styles. Mais j’ai mon style, que j’ai personnalisé et avec lequel je me suis démarquée », établit l’artiste du crayon. Son style, certains le reconnaissent lorsqu’ils tombent par hasard sur l’une de ses œuvres. Parmi ce qu’elle aime dessiner, Marie-Pier Bouchard nomme sans hésitation « des monstres! ».

Se sentir impostrice

Elle détient une formation de graphiste mais n’a pas de qualification scolaire d’illustratrice. « À cause de ça, je me sens toujours imposteure », avance Mme Bouchard. Pour résoudre cet état d’esprit, elle a postulé auprès des illustrateurs du Québec afin d’obtenir son titre professionnel. Alors que les boîtes de graphisme font parfois appel à des illustrateurs externes pour divers mandats, elle se trouve à être notamment la source à l’interne de sa boîte.

Clients locaux

Parmi les clients de Marie-Pier Bouchard, la Chambre de commerce de la Vallée-du-Richelieu et la Ville de Chambly sont du nombre. L’agence KOOVE, qu’elle a cofondée avec Karine Toussaint, a créé les logos de la campagne d’été Destination Vieux-Chambly.

Avant de se lancer dans une démarche de création lorsque l’agence est mandatée, elles doivent recueillir un maximum d’informations sur le client et saisir ses attentes. « Certains clients savent ce qu’ils veulent. D’autres nous donnent plus carte blanche », met en perspective Mme Bouchard.

Convaincre le client

« Quand tu dessines, tu dessines tes émotions. C’est très personnel. C’est challengeant quand tu le présentes à un client », exprime l’artiste. Pour Marie-Pier, un logo gagnant découle d’une bonne communication entre le client et le graphiste. « Le logo que l’on présente doit presque être approuvé tel quel. Quand le client demande beaucoup de corrections, c’est là que l’on se perd », estime-t-elle. 

Des clients sont plus tatillons que d’autres. « On tente d’éduquer le client, mais au final, c’est lui qui compte », fait valoir la Chamblyenne. Elle confie aimer travailler avec les organismes ainsi qu’avec sa ville. 

En raison d’un « prix trop élevé », il arrive que des clients potentiels refusent ses services. « Il faut payer le loyer, les employés, les licences, les ordinateurs, etc. Des clients se disent que ce n’est qu’un logo que l’on fait », mentionne-t-elle. Pour ce faire, il aura fallu auparavant plusieurs heures de recherches et de travail.

Problème avec les éditions

Illustré par Marie-Pier Bouchard, le livre pour enfants Petites graines de cœur a vu le jour en juin 2020. Par l’entremise de la plume du musicien chamblyen Noé Talbot, qui en a fait naître les mots, elle a mis le livre en images.

Après une « épopée » avec sa maison d’édition, qui a « retenu nos droits d’auteurs pour ne rien en faire », le duo a enfin récupéré ses droits et a pu réimprimer le livre. « Ils nous vendaient ça gros en nous disant que ce serait dans toutes les librairies et que nous serions au Salon du livre. Mais ils nous ont comme oubliés. Ils nous ont finalement dit, au bout de deux ans, qu’ils n’avaient pas eu de subvention et qu’ils nous redonnaient nos droits. Ça finit là », explique celle qui ne pouvait pas réimprimer le livre, qui s’était pourtant bien écoulé après une première vague d’impression.

Pause nécessaire

Marie-Pier Bouchard n’a pas pris de contrats d’illustration pendant deux mois cet été, car elle disait avoir besoin d’illustrer pour le plaisir et de se retrouver dans son art. « J’ai eu beaucoup de mandats, dernièrement. C’est comme une batterie : soit que je n’ai plus le jus pour dessiner ou l’intérêt, car je me suis tellement fait dire quoi faire. Il faut parfois se mettre à off, sinon j’ai l’impression que mon travail est de moindre qualité. Ne faire des illustrations que pour produire, ça, je n’aime pas ça. Quand ta passion devient ton métier, tu n’as plus de passion », termine la mère de famille.